Un savant sceptique découvre les forces du mal

Jacques Tourneur était absolument convaincu que notre monde était le théâtre de lieux "magiques" et de forces surnaturelles, aussi son film illustre-t-il cette approche du fantastique quotidien telle que la ressentait le réalisateur, il plonge ses racines dans l'Angleterre des landes et des fantômes et nous montre la face cachée du monde en affirmant sa certitude en la croyance de forces démoniaques qui peuvent nous anéantir à tout moment pour peu qu'on les provoque. Un savant américain venu à Londres pour un congrès de parapsychologie, va découvrir brusquement la puissance de ces forces, en étant fortement ébranlé dans ses convictions rationalistes.
On est donc loin ici du cinéma fantastique bric à brac avec des monstres velus et hideux, l'inquiétude qui monte jusqu'à atteindre une terreur panique, provient d'une véritable frayeur, et elle n'en est que plus terrifiante. L'apparition du monstre, car il y en a quand même un, est la matérialisation visuelle d'une peur intérieure ; et d'ailleurs, Tourneur ne souhaitait pas montrer le démon (justifié par son titre original, et distribué aux Etats-Unis sous le titre Curse of the demon), mais la Columbia en a décidé autrement en insérant contre sa volonté 2 plans de la créature, des plans très réussis, auréolés d'un brouillard putride en accord avec les canons de la diablerie, et dont on ne se plaint pas. Mais comme dans la Maison du diable de Robert Wise, le réalisateur voulait tout suggérer en indiquant clairement l'existence de forces démoniaques, prêtes à frapper dès qu'elles sont libérées.
Dans le cas présent, ces 2 plans ne gâchent rien mais affaiblissent sans doute le propos de Tourneur. Il faut dire que des démons, on en a vu pas mal dans le cinéma fantastique, mais le diable en personne, pratiquement jamais, sans doute parce qu'on ne sait trop quelle apparence lui donner, toujours est-il que ce film a gardé sa force par son aspect documentaire et la profonde conviction de son réalisateur qui a eu l'autorisation de tourner sur le site "magique" de Stonehenge, c'est une expérience unique dans l'histoire du genre fantastique.

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le 1 nov. 2017

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