En allant voir ce film, une femme travaillant au cinéma me disait « J’ai bien envie de voir ce film mais lors de l’avant première il y avait des profs, ça me fait peur si c’est un film ennuyeux ».Ceux qui vont voir ce film sont forcément des initiés du nom de famille Renoir. Ces gens savent que Jean Renoir était un grand cinéaste français et que son père Auguste était un célèbre peintre. Mais qui pouvait s’attendre à voir une histoire d’amour au sein de vie d’artistes ? Je pense que vous connaissez la réponse autant que moi.

Ceux qui n’aiment pas l’actrice française Christa Theret, fuyez ! Car on en bouffe dans ce film de presque deux heures. Mince, j’ai oublié de compter le nombre de fois où sa poitrine apparaît à l’écran. De toute façon, je n’aurais pas eu assez de mes deux mains pour toutes les compter. Ajoutez à cela une Christa Theret complètement niaise et insignifiante. De plus, si vous aimez les personnages du style papy grincheux (Michel Serrault en Dominici ou Clin Eastwood dans Gran Torino), vous serez alors servi. Je ne savais pas que le père Renoir était quelqu’un de si désagréable. En même temps, dans le films, c’est soit il crie soit il râle. Seulement si on fait abstraction des citations intégrées au scénario.

Non, c’est impossible de passer à côté. Gilles Bourdos s’est bien amusé à insérer dans son film de nombreuses citations (que les initiés reconnaîtront). Certaines plus ou moins philosophiques, mais dans l’ensemble toutes barbantes de lourdeur d’un papy qui veut faire la leçon à ses fils et ses servantes. Mais le pire, c’est qu’elles ne servent qu’à compléter la panne de créativité de l’artiste. Comme Gille Bourdos ne sait comment gérer l’artiste qui n’arrive plus à créer, il met des citations pour dire donner une dimension plus élogieuse et mémorable à ses personnages. Un dessèchement aussi bien artistique que physique, en ce qui concerne Auguste Renoir.

De plus, on a le droit à beaucoup de paysages en plan d’ensemble. On ne pourra pas nier leur beauté et le soin que le réalisateur français a mis à cadrer les éléments parfaits pour ne pas cacher l’essentiel. Ca ajoute un peu de poésie à l’art suggéré dans le film. Mais ces paysages servent aussi à une autre chose dans la mise en scène de Gilles Bourdos. Soit pour mettre un fond lors d’une conversation (Auguste Renoir qui se remet à marcher et part sur la terrasse) ou pour combler quelques trous dans le scénario car on ne sait pas quoi dire entre deux situations (la cascade avec l’animal mort et le petit Claude). Et oui, le réalisateur n’a tellement pas grand chose à dire qu’il est obligé de bourrer son film de trucs jolis mais inutiles.

Et quand on repense à la promesse d’un film « passage de flambeau chez les Renoir », on se dit que le buzz fait bien les choses. Ou alors qu’on s’est bien moqué de nous. En effet, on ne voit qu’un drame romantique (et passionnel à la fois) associé à la créativité de l’artiste. On peut donc officiellement crier à l’indigence des propos. Même si on ne pourras pas nier cette tentative de montrer la vie qui combat contre la mort, tous les concepts utilisés sont enfermés dans une image picturale, certes bien jolie et poétique, mais qui ne prend jamais vie car elle a le défaut d’être privée d’âme et totalement vaine.

Finalement, Renoir est un film comme un livre d’images. Les photos sont jolies et remplies de poésie mais le propos ne prend jamais son envol. On a du mal à savoir où le cinéaste nous emmène car lui-même ne sait pas comment aborder son récit. On fait une overdose de Christa Theret plus insignifiante que jamais, de papy grincheux en panne de créativité, de paysages somptueux mais inutiles et de citations comblant le manque de choses à dire.

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Auteur : Teddy
LeBlogDuCinéma
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le 21 mars 2013

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