C’est la première fois que l’Américain Hank Dussard (Dean Jones) met les pieds à Saint-Prioust-en-Pégoustan, un village perdu au fin fond du Midi, en France. Il vient en effet y toucher son héritage, laissé par un vieil oncle : une propriété possédant plus de 400 oliviers. Ne pouvant effectuer seul la récolte, il décide d’apprendre à 4 singes dont il s'est chargé de l'élevage à ramasser les olives. Seulement, ça n’est pas du goût des syndicalistes de Saint-Prioust (Bernard Woringer et Clément Harari), qui refusent de voir les ouvriers remplacés par des bêtes.


Walt Disney a toujours été capable de tous les miracles, et l'un de ses derniers ne fut pas le moindre : faire sortir Maurice Chevalier de sa retraite pour venir jouer dans un de ses films. Et on ne peut que l’en remercier, car Maurice Chevalier est pour beaucoup dans la réussite du film d’Andrew McLaglen, qui constitue donc son dernier film. Il y trouve en effet un rôle mémorable en la personne de cet aimable curé de paroisse rusé et gentiment manipulateur, aidé par un casting de choix, mené par les attachants Dean Jones et Yvette Mimieux.
Il faut dire que le scénario de Maurice Tombragel, adapté d’un roman G. K. Wilkinson, s’avère judicieux et intelligent, évitant brillamment le piège dans lequel basculeront allègrement de trop nombreuses productions Disney dès les années 1970, à savoir se reposer entièrement sur son concept de départ. Là où, 10 ans après, dans les mains d’autres scénaristes, le film n’aurait plus été qu’un enchaînement de scènes sans cohérence narrative mettant en scène les singes dans toutes sortes de situations plus ou moins drôles, le film de McLaglen témoigne, lui, non seulement d’un fil directeur et d'une vraie rigueur narrative, s’appuyant plus sur la force de ses personnages humains qu’animaliers, mais également d’une imprévisibilité qui permet d’apprécier en proportion l’inventivité du scénario et de ses péripéties. Ainsi, on s’attache d’autant plus aux singes qu’ils n’envahissent jamais l’écran et ne constituent pas la seule ressource du film, qui, par un constant et tout-à-fait louable souci du détail, réussit à bannir tout temps morts de son intrigue, en soignant son humour, notamment au travers de dialogues merveilleusement écrits, mais aussi les relations entre ses personnages, très étoffées et jamais gratuites.
Encore rehaussé par une musique comme toujours juste de Robert Brunner (dont une chanson éminemment sympathique des frères Sherman) et de très beaux décors signés Emile Kuri (tourné intégralement en Californie, le film parvient à rendre son village français incroyablement authentique), Rentrez chez vous, les singes ! s’avère donc, outre une pépite singulièrement oubliée, un des meilleurs représentants des films live Disney de cette grande époque que furent les années 1960. La preuve, en tous cas, qu’on n’aura jamais fait le tour des innombrables ressources des studios Disney de cette époque.

Tonto
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le 17 mai 2018

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