Repo Men est un film sorti en 2010 et qui n’a pas fait grand bruit. C’est le premier film de Miguel Sapochnik, qui a surtout travaillé sur des séries (story-board et réalisation) comme Dr House, True Détective, et devrait intervenir sur Games of Thrones saison 6.
« Dans un futur proche, les hommes sont parvenus à prolonger et améliorer la vie de leurs semblables à l'aide d'organes artificiels extrêmement sophistiqués et coûteux, élaborés par une société connue sous le nom de L'Union. Le sombre pendant de cette percée scientifique : lorsque les "greffés" ne sont plus à même d'honorer les échéances de leur crédit, L'Union envoie alors ses agents spécialisés, les Repo Men, pour reprendre la marchandise, sans se préoccuper du confort ou de la survie de leurs clients insolvables.
Rémy, un des meilleurs Repo Men sur le marché, est victime d'un arrêt cardiaque et se réveille avec le dernier modèle de cœur artificiel implanté dans le thorax, et la note salée qui l'accompagne. Cette intervention forcée produit cependant un effet indésirable : Rémy n'a plus le cœur à l'ouvrage. Quand il se retrouve dans l'incapacité de payer ses traites, L'Union assigne alors son agent le plus coriace, Jake, l'ex-coéquipier de Rémy, pour le retrouver et récupérer son bien.
Le chasseur est devenu la proie... »
Au casting, de acteurs de renommée internationale, Jude Law et Forest Whitaker ; mais aussi Liev Schreiber (Hurricane Carter, X-Men, Spotlight…).Le scénario interroge notre futur proche, mais pas que. Il fouille aussi les rapports d’amitié quand ils sont soumis au cynisme et à l’argent. Il pose la question de la moralité d’un travail qui ne l’est pas. Et donc cette grande question éternelle : la fin justifie t’elle les moyens ? Si en plus l’amour et la culpabilité viennent s’en mêler… Alors ? Pourquoi ce film n’a pas vraiment fonctionné ?
Repo Men n’a pas trouvé son public en fait. Présenté sous un format de film d’action (il y a une scène clairement reprise à Old Boy), sa réflexion intellectuelle cède trop facilement devant une caméra électrisée par les chorégraphies bien menées des affrontements, et surtout devant le choc que l’histoire nous impose. L’imagination se fait peut-être alors déborder par le côté incroyablement cruel de ce que Rémy fait pour gagner sa vie. « Mais un boulot reste un boulot »… De fait, le personnage n’est pas très sympathique et cette société non plus. Hors, sans empathie, difficile de rentrer en profondeur dans une histoire. D’autant qu’à un moment on se demande si le réalisateur ne nous prend pas pour des cons, l’histoire prenant des raccourcis vers le milieu du film. Alors qu’en fait il se fout de notre gueule, car tout cela fait partie du scénario qui bascule habilement à la fin…
Repo Men n’est pas un grand film, mais n’est certainement pas un film raté. Il mérite selon moi une deuxième lecture, qui fait froid dans le dos. Il prend le contrepied de Blade Runner dans sa vision de la cité urbaine, qui ici n’est pas sombre, mais illuminée par les néons de la marchandisation permanente et ou seules les zones de relégation semblent humainement vivantes. Ici pas d’humanoïdes qui rêvent de moutons électriques, mais des humains qui deviennent artificiels pour survivre et s’enfoncent alors dans la spirale du surendettement qui dans cette histoire n’a qu’une issue : fatale. La société de demain ?