La grande Catherine
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Le début sonne très "Nouvelle Vague". Curieusement le film se déroule en Angleterre mais il possède une aura très française. On pense parfois au Feu Follet de Louis Malle dans les déambulations de Catherine Deneuve dans les rues londoniennes. Et la musique, flûte sur fond jazzy, rappelle inévitablement ce côté "pop" francophone des sixties. On se dit alors que Polanski, pour son second long-métrage, va suivre la voie des Rohmer et autre Truffaut. Mais voilà que des éléments étranges font irruption. Le comportement de Carol se dégrade, son rapport aux autres se fait de plus en plus difficile et elle commence même à halluciner. Polanski dynamite tranquillement son contexte. La schizophrénie entre en scène et croît de manière fulgurante. L'ambiance devient extrêmement pesante. Elle plombe ce côté "pop" de début de métrage et instaure une tension glaciale qui ne retombera jamais. L'appartement dans lequel se déroule le film devient l'antichambre de l'enfer (chose ratée dans Rosemary's Baby). Et il y a Catherine Deneuve, d'un calme terrifiant, aux actions inattendues, d'une beauté diabolique qui embrase la pellicule. Ses explosions de comportement constituent les pics d'intensité du métrage. C'est rare mais d'une puissance sidérante. D'autant qu'au niveau sonore, ce sont les sons environnants qui l'accompagnent. Ainsi dans une scène de viol quelque peu dérangeante, qui participe à lever le voile sur le passé tortueux du personnage, c'est le "tic-tac" du réveil. De même, chaque fois que le téléphone sonne c'est un coup donné au spectateur. Et il y a les mouches, les jouissances de la soeur, les rires des nonnes voisines, l’ascenseur... Polanski distille une ambiance hors du commun, exponentielle, qui rend son oeuvre exigeante pour le spectateur. Impossible de trouver Répulsion confortable. Le scénario a beau être simple c'est d'une maîtrise formelle extraordinaire. Le meilleur film de Roman Polanski.
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le 27 mars 2015
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