Darren Aronofsky, un réalisateur reconnu dans le milieu et qui est souvent un des réalisateurs à suivre à tout prix dans ses projets, tant les films qu’il pond au final ne laissent personne indifférents. Il n’a pas fait que des chef d’oeuvres, mais il reste quand même au sommet du métier tant sa maîtrise est parfaite, mais surtout dans sa façon de jouer avec nous les spectateurs. Et Requiem For a Dream est le meilleur exemple de cette façon qu’à Darren Aronofsky de nous saisir.

Quatre personnages, quatre destins.

Si le réalisateur arrive tant à nous captiver tout au long du film, ce n’est pas pour le scénario du film, celui-ci étant au final très simpliste, ni même pour le rythme qui est lui assez lent en général. Non c’est simplement en créant des personnages et surtout en nous montrant leur évolution. Dans Requiem For a Dream, le film se résume à 4 personnages : Harry Goldfarb, sa mère Sara Goldfarb, son meilleur ami Tyrone et sa copine Marianne. On suivra donc leur avancée avec un schéma scénaristique simple : la présentation des personnages et de leur caractère général, la situation présente et la situation qu’ils veulent atteindre. Harry voudrait simplement avoir une vie plus simple et sans soucis avec sa copine tout comme Tyrone, et Sara voudrait simplement maigrir pour passer à la télé au mieux de sa forme. C’est à partir de ce constat simple que Darren va réussir à faire quelque chose d’horrible mais pourtant fascinant quand on regarde le film, c’est qu’il va les mener à leurs buts vers le début du film et d’ensuite voir la descente aux enfers qu’ils vont tous subir.

Le principe du film est clairement ici la notion de dépendance mais surtout les conséquences de cette dépendance. En effet le trio Harry/Marianne/Tyrone est dépendant de la drogue. Ils font d’ailleurs leur business avec au début du film pour se faire de l’argent facilement et rapidement pour ensuite vivre une vie tranquille. Mais ils sont également des consommateurs et c’est ça qui va finalement détruire leur existence. Pour Sara c’est une autre forme de dépendance qui va être montrée. Pour elle, ça sera les pilules amaigrissantes qui vont devenir sa drogue car elle veut tout faire pour perdre du poids pour pouvoir entrer dans sa robe rouge, robe préférée de son mari défunt et qu’elle portait lorsque Harry a eu son diplôme.

On assiste donc à leur évolution dans le bon sens jusqu’au milieu du film environ avant d’assister à leur destruction, et c’est là le point principal qui donne de la force au film, il ne se termine pas bien.

Un cercle vicieux et inéluctable.

Ce qui choque le spectateur classique, c’est que contrairement à ce qu’on a l’habitude de voir, c’est sa situation finale. Au final, rien n’est résolu, au contraire la situation ne pouvait pas être pire. Et pourtant on a envie de voir les différents personnages avancer et réussir ce qu’ils veulent tant, mais au final ce n’est qu’un doux rêve. Rêve qui nous est clairement montré en plus lors d’une scène qui va revenir au long du film, la vision d’Harry qui voit Marianne au bout d’une corniche et qui scrute la mer dans une robe rouge, symbole du rêve que veut atteindre Sara. La scène finale du film est d’ailleurs également tout un symbole, on voit Harry qui court vers Marianne avant de reculer et de tomber dans le vide.

Au final, Darren voulait clairement nous montrer cette notion de la dépendance dans sa forme la plus pitoyable possible, avec la dégradation mentale et physique des personnages. Marianne se prostitue pour obtenir sa dose, Harry finit par avoir un bras coupé à cause d’une infection causée par la drogue, Tyrone finit en prison et Sara finit dans un hôpital psychiatrique. C’est d’ailleurs pour moi l’un des seuls points noirs (pour ma part) du film.

Des inégalités entre les différents personnages.

Même si au final, les 4 personnages nous touchent tous de part leur fragilité ou leur naïveté. Il y a quand même quelques personnages auquel on s’attache plus qu’à d’autres. C’est sûrement fait exprès, Darren créant 4 personnages bien différents pour qu’on puisse s’attacher plus à l’un d’entre eux car on s’y identifie. Mais je trouve tout de même que les personnages de Sara et Tyrone plus profonds, plus réussis et plus touchants que le couple Harry/Marianne. Alors attention, je ne dis pas qu’ils sont mauvais, d’ailleurs les 4 acteurs sont géniaux dans leur personnages (Ellen Burstyn dans le rôle de Sara en tête, une performance vraiment incroyable) mais je trouve quand même que Harry et Marianne ont un background moins développé, des raisons plus floues que celles de Tyrone et Sara.

Un film qui prend aux tripes de bout en bout.

Je chipote un peu je l’avoue sur les personnages, j’essaye de lui trouver quelques défauts et il en a puisque le scénario n’est au final pas très développé, ni le rythme qui comme je le rappelle est assez lent. Mais ce sont ces points qui font au final la force du film. Je sais, ça peut paraître très paradoxal mais ça donne un effet crescendo au film qui fait qu’on attend qu’une chose, savoir comment ça va se finir. Le rythme et l’ambiance étant de plus en plus lourdes que le film avance pour nous laisser place à un final terriblement cru mais surtout terriblement efficace. On voit les personnages au fond du gouffre chacun de leur côté et qui finissent tous en position foetale pour montrer leur fragilité, tout un symbole.

La musique aide aussi grandement au film et à son intérêt avec des thèmes juste magistrales. La perfection du genre à vrai dire, les différentes pistes du film donnent toute la profondeur aux scènes du film et augmentent la situation dramatique. Le thème est d’ailleurs un tel chef d’oeuvre qu’il est plus connu que le film. Bref un très gros travail a été fait de ce côté, comme dans tout les films de Darren Aronofsky. Un grand bravo aux compositeurs pour leur travail exemplaire.

Conclusion : Très peu de films arrivent à atteindre profondément le spectateur, peu de productions peuvent avoir une telle prétention. Mais c’est un fait : Requiem For a Dream ne peut laisser indifférent, tant le rythme et l’ambiance prennent aux tripes jusqu’au final, donnant une impression de profond malaise aux spectateurs. Et c’est là qu’on voit toute la quasi perfection du film, Darren Aronofsky a crée un film coup de poing terriblement efficace et qui marque. Un grand bravo à lui car c’est réussi, Requiem For a Dream est un film unique qui dans son genre ne peut être égalé.



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antredugreil
8
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le 16 sept. 2012

Critique lue 372 fois

antredugreil

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