Requiem for a Dream par Francis Janvier

Putain de oh my god. Comment j'ai pu passer à côté de ce film pendant si longtemps ? Je n'arrêtais pas de me dire que je devais le voir, c'est maintenant chose faite, et franchement je ne suis pas déçu. Dès les premières minutes j'ai été charmé, que dis-je, happé par ce style visuel ultra marqué. Je ne sais même pas comment décrire ça, c'est juste complètement dingue, Aronofsky est sacrément timbré pour avoir fait ça. J'avais déjà adoré son Black Swan qui était aussi bien pété visuellement, mais le sujet du film m'avait pas trop interpellé. Mais ici c'est encore mieux. Jamais personne n'a su filmer la prise de drogues aussi bien que lui, jamais personne n'a su filmer des hallucinations aussi bien que lui. C'est ultra punchy, on dirait presque une publicité par moment, et je ne dis pas ça péjorativement. C'est rythmé surtout, et je pense qu'effectivement, le mot "rythme" est celui qui décrit le mieux le style du film ; l'image est ultra rythmée, mais elle est aussi accompagnée d'une bande son absolument géniale, que ce soit la musique (cultissime) ou les effets sonores, ces espèces de tambours très sourds qu'on entend parfois en background, cette "musique" de folie quand Marianne s'apprête à sucer le gros black, putain mais ça m'a transcendé moi. Mais loin de moi l'idée d'encenser uniquement l'esthétique du film, parce que si elle est si parfaite, c'est surtout à cause de son rapport avec le propos. Requiem for a Dream c'est la meilleure histoire de descente aux enfers et d'autodestruction que j'ai jamais vue. En partie parce que c'est hardcore mais pas insoutenable comme toutes les chochottes de la planète laissent entendre, en partie parce que c'est super tragique sans être guimauve, en partie parce que les acteurs sont magnifiques, mais surtout, peut-être, parce que je me suis reconnu dans cette histoire. Pas moi-même, mais mon univers, le milieu d'où je viens, ma famille. Ma mère surtout. J'ai trouvé Ellen Burstyn criante de vérité dans son rôle de femme seule à la vie tellement vide qu'elle en vient à rêver de quelques minutes d'antenne comme si c'était gage de reconnaissance, à tel point que ça en devient une obsession. Et ce fils absent qui remplit sa mère de fierté rien qu'en lui annonçant qu'il a une copine, putain mais c'est moi. Vive Darren Aronofsky <3