On est loin du conte spielbergien

Le cinéma russe suscite énormément d'engouement chez les critiques et autre cinéphiles, plus particulièrement celui de la première moitié du 20ème siècle. Après? On n'en entend plus trop parler. Sans doute à cause de la censure exigée par les dirigeants. Il y a pourtant de bons films qui se tournent par là bas mais rares sont ceux qui nous parviennent. Heureusement, Requiem pour un massacre fait partie des heureux élus à traverser les frontières.

S'il est une chose qu'on pourrait reprocher à ce film, c'est sa longueur (donc, un conseil, si vous vous attaquez à ce monument du cinéma, soyez bien reposé); et pourtant que pourrait-on enlever? Rien! même le générique est hyper court. il n'y a que des scènes denses sans doute déjà réduites au strict minimum pour pouvoir provoquer l'effet escompté chez le spectateur. Bien sûr on aurait pu charcuter pour obtenir un film pop corn d'1h30 à l'américaine... mais ici il ne s'agit pas de s'amuser ni de prendre son pied (sauf peut-être pour certains pervers), mais bien de se rendre compte de l'horreur de la guerre.

Pour le reste, le film est parfait. Les images sont d'une beauté rarement égalée, des plans décalés mais qui fonctionnent, des plans séquences en steady cam à faire bander le réalisateur de street trash, une mise en scène ingénieuse au milieu d'un nombre important de figurants, des idées glauques à souhait, des explosions réalistes, des séquences de massacre impressionnantes (le pré, la forêt, la grange). Le son n'est pas pour autant négligé, détournant ainsi la sonorité majestueuse d'un certain mozart pour en faire un écho des plus sordide et glauque jamais fait; certaines superpositions de son qui semblent provenir de gare sur des attroupement de gens dans une forêt sont du plus bel effet, les cris, les larcens, tout participe de cette répulsion de la guerre.Dernier atout: l'interprétation d'un jeune comédien qui arrive à faire basculer son personnage dans l'horreur, de ses rires enfantins du début jusqu'aux larmes de colère de fin. Il est dommage que cet acteur n'ait pu s'exporter puisqu'il ne tournera plus que dans des navets russes.

Bref un film impressionnant, qui restera gravé dans les mémoires, pas seulement pour son sujet ou la violence mais également pour l'aspect technique impeccable.