Avec ce premier film, Jérôme Le Gris suit les traces de Hitchcock qu'il considère comme "un maître absolu". Il choisit Mélanie Laurent qu'il a remarqué dans "Je vais bien, ne t'en fais pas" et préfère des acteurs de théâtre comme Xavier Gallais, le directeur, Johan Leysen, le révérend, Frédérique Tirmont, la colonel ou Michel Fau, le chef d’orchestre pour les seconds rôles.
En 2015, il signera son second long métrage "Premiers Crus" sous le nom de Jérome Le Maire.


Pour Mélanie Laurent, le mélange des genres est un des points forts du film : "Jérôme joue avec les codes du thriller, mais le facteur humain va surgir et changer la donne. (...) Chacun se retrouve dans la ligne de mire de l’autre et rien ne se passe comme prévu. Ce ne sont plus des machines implacables. On se retrouve du coup avec des scènes très humaines, un peu à la Sautet, dans un univers de thriller et de polar. Le film est un mélange original, avec de l’émotion, de l’humour et un vrai rythme."
Le tournage s'est déroulé sur neuf semaines et dans plusieurs lieu différents (notamment le château de Voisins, près de Rambouillet, le théâtre à l’Athénée à Paris et les Alpes)..


SOURCE ALLOCINE A MODIFIER
Mélanie Laurent parle de son personnage : "C’est une tueuse à gages d’un genre particulier. Sa spécialité consiste à ne laisser aucune trace, à faire passer la mort de sa cible pour naturelle. (...) C’est un personnage qui ne parle pas beaucoup. Lucrèce a un côté introverti, presque timide qui contraste avec ce qu’elle fait. C’est une jeune femme discrète. (...) Le chant, qui est sans doute l’activité la plus personnelle et la plus vraie de sa vie, fait surgir le facteur humain là où il ne devrait pas avoir sa place. (...) Lucrèce est coincée dans une vie qui la met de plus en plus mal à l’aise. Elle souffre de ce rapport avec sa petite fille, difficilement assumé, parce qu’elle ne supporte plus d’être si souvent éloignée pour ses contrats. (...) Lucrèce en est là au début du film, et cet état d’esprit va sans doute contribuer à lui faire baisser sa garde."


Très différente de son personnage, Mélanie Laurent retrace la préparation de son rôle : "Ce qui la définit, c’est une ligne, une image dont elle ne s’éloigne jamais. C’était très intéressant à construire. Je n’avais jamais joué de personnage sur ce registre. (...) C’est aussi un rôle plus mature que ce que j’ai eu l’occasion de jouer jusque-là. C’est la première fois que j’assume un côté femme, et Jérôme Le Gris le souhaitait aussi. Nous avons aussi beaucoup travaillé la façon dont Lucrèce observe et réagit. Quand elle regarde quelque part, elle le fait directement, sans hésiter, jamais au hasard. Même chose pour ses gestes. Elle ne papillonne pas, elle se comporte un peu comme un oiseau de proie, elle cible tout. Dès qu’elle pose son regard sur quelque chose, on sait qu’elle réfléchit. C’était très précis et très agréable à jouer. Je trouve que du coup, face à des personnages plus extravertis comme le directeur, joué par Xavier Gallais ou les autres participants du festival, Lucrèce devient encore plus énigmatique."


Pour le personnage de Lucrèce, Mélanie Laurent et l'équipe du film ont créé "une allure années cinquante, une silhouette très dessinée, avec quelque chose de félin qui correspond bien au jeu de chat et de souris qui se déroule. Nous avons d’abord travaillé l’apparence, la coiffure et le maintien. Je me tiens très droite, j’ai une coupe au carré et Jérôme a beaucoup travaillé la lumière. Sur ce film, pour la première fois, j’avais mon maquilleur et mon coiffeur avec qui d’habitude, je fais plutôt des photos de mode. Ils ont amené autre chose à mon look. (...) Toutes mes tenues, mes robes ont été choisies chez Balenciaga. Le personnage avait aussi quelques scènes où il était possible de jouer une apparence, une allure assez rare dans le cinéma français et que je n’avais jamais eu l’occasion d’explorer avant."


Même si Mélanie Laurent n'interprète pas elle-même les chants lyriques du film, elle a tout de même dû se former à cet art: "il m’a fallu travailler une facette que je ne maîtrisais pas du tout. Le chant est quelque chose qui implique tout le corps, le visage et la gorge en particulier. Il est impossible de se contenter de bouger les lèvres. Pour la crédibilité physique des scènes, je devais chanter réellement, même si ce n’est pas ma voix que l’on entend. J’ai donc pris des cours et je m’y suis consacrée d’autant plus intensément qu’à la même époque, je préparais mon propre album de chansons. Deux aspects de mon travail se rejoignaient sur cette préparation. Pour le film, j’ai surtout fait des exercices, travaillé la respiration et la tenue du souffle. Dans le Messie de Haendel, il y a des notes qui durent longtemps et même si je ne chante pas comme un contralto, les reprises de souffle et la tenue sont authentiques. Un vrai travail d’apnée !"


Mélanie Laurent est particulièrement enthousiaste lorsqu'elle évoque sa relation de travail avec Jérôme Le Gris : "Jérôme est quelqu’un qui respecte et qui aime ses comédiens. Il a fait une lecture avec chaque personnage séparément, pour mettre tous les détails au point. On a réfléchi ensemble. Il a une vraie écoute et il fait confiance. Jérôme a choisi une équipe qui lui ressemble, jeune, douée, motivée par la volonté de tout faire au mieux. En bon chef de troupe, il a installé une atmosphère assez familiale sur le tournage. Le travail était là mais dans une ambiance joyeuse. (...) Il a tenu son rôle et nous a protégés. Même les techniciens qui ont fait énormément de films retrouvaient une envie et un plaisir de travail à son contact."


En plus de faire l'actrice, Mélanie Laurent a profité du tournage de Requiem pour une tueuse pour se familiariser avec ce qui se passe derrière la caméra : "Sachant que j’allais moi-même passer à la réalisation, j’observais le processus de fabrication avec encore plus d’attention que d’habitude. J’ai même fait des mini stages avec tous les chefs de poste. J’ai travaillé le son, fait des changements de filtres à la caméra, le clap et j’ai même tourné un plan avec le steadicam qui doit faire mon poids !"

Noelle8
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Policier thriller et Vive les Hauts de France

Créée

le 22 nov. 2014

Modifiée

le 22 nov. 2014

Critique lue 824 fois

Noelle8

Écrit par

Critique lue 824 fois

D'autres avis sur Requiem pour une tueuse

Requiem pour une tueuse
Coyote
2

Cluedo chez OSS 117

[Pas aussi mauvais que "l'autre monde", c'est pour ça que je mets 2] Quand même l'un des protagonistes s'exclame que "c'était un vrai baltringue", on sait où met les pieds. Bon, l'avertissement est à...

le 27 févr. 2011

4 j'aime

Requiem pour une tueuse
emporor13
2

Critique de Requiem pour une tueuse par emporor13

Ce film est un désastre, un abime d'ennuis. En effet, niveau réalisation c'est plus que moyen, voire nul. Pas de réels bons plans, c'est mal tourné et les décors sont très peu variés. Bref sur se...

le 26 août 2011

3 j'aime

2

Du même critique

La Règle du jeu
Noelle8
8

Critique de La Règle du jeu par Noelle8

Tourné quelques semaines avant la 2e guerre mondiale, Renoir (1894-1979) dresse le portrait d'une société marquée par les rapports de classe. Comme l'écrira le biographe du cinéaste et critique de...

le 12 mai 2017

10 j'aime

3

Evan tout-puissant
Noelle8
7

L'arche de Noévan

On change le monde en faisant une BA à la fois. Quoi de plus juste et quel beau message à passer aux jeunes à qui le film s'adresse plus largement. C'est drôle de voir Goodman en méchant. Les effets...

le 15 avr. 2014

9 j'aime

Princesse Mononoké
Noelle8
9

Critique de Princesse Mononoké par Noelle8

ce n’est pas spécialement un anime sur les loups, mais son héroïne vengeresse (luttant contre les hommes ayant détruit la nature), San, alias Princesse Mononoke, est élevée par une déesse louve...

le 9 janv. 2017

8 j'aime

4