Les jambes de Milla Jovovich, ou la cohérence dans Resident Evil

Note : il sera ici question des cinq premiers films Resident Evil (Resident Evil, Resident Evil: Apocalypse, Resident Evil: Extinction, Resident Evil: After Life et Resident Evil: Retribution), qui seront désignés par leur numéros de sortie. Les personnages évoqués seront identifiés par le nom de l'actrice qui les interprète pour des raisons pratiques, étant entendu que les choix de réalisation et de scénario sont imputables au scénariste, aux réalisateurs et aux producteurs, et non aux actrices. Et ça va spoiler.


Je n'ai jamais joué aux jeux Resident Evil. Je ne les connais même pas. Et ça n'a pas d'importance.
Un film doit être jugé en tant que tel. S'il est bon, il est bon, quand bien même il n'aurait d'autre rapport avec l’œuvre adaptée que son titre. À l'inverse, s'il est mauvais, être fidèle à l’œuvre d'origine ne le rendra pas bon.
Les critères pour juger de la qualité d'une œuvre sont, d'une part, souvent subjectifs, et d'autre part, dépendent pour beaucoup du medium utilisé. Les critères permettant de qualifier un livre de bon, de mauvais, ou tout simplement de moyen, ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui sont applicables à un film, ou à un jeu-vidéo. Une qualité dans un medium donné peut même être un défaut dans un autre. Et une fois que ces critères sont à peu près établis, tout le monde ne va pas leur accorder la même importance.
Néanmoins, et sauf exception, la première qualité d'une œuvre, quelle qu'elle soit, est son immersivité, c'est à dire sa capacité à embarquer son destinataire (lecteur, spectateur ou joueur) à l'intérieur d'elle-même, sans qu'il n'en ressorte.


Plus que par la crédibilité de l'histoire, cela passe, à mon sens, surtout par la cohérence de l’œuvre, ici un film.
En effet, le terme « crédibilité » renvoie à ce qu'il est possible de croire vrai. Or, un film n'est pas vrai, puisque c'est une fiction. Et quand bien même ce ne serait pas une fiction, tout n'est pas montré, et c'est au contraire une bonne chose : si pour raconter une histoire qui se déroule sur huit heures, il fallait projeter huit heures de film en temps réel, incluant les temps de trajet durant lesquels il ne se passe rien et, au hasard, les passages aux toilettes, le spectateur sortirait de l’œuvre par ennui, et l'immersion serait rompue. Enfin, matériellement, un film est faux par nature : on ne voit pas quelqu'un faire quelque chose, mais de la lumière projetée sur un drap blanc, représentant un acteur qui fait semblait d'être quelqu'un qui fait quelque chose.
Pour autant, le spectateur accepte de croire ce qu'on lui présente en vertu d'un contrat tacite entre lui et l’œuvre, la suspension consentie de l'incrédulité.
Dès lors, même si un virus capable de créer des zombies n'est pas crédible, le spectateur accepte que cela soit vrai au sein de la réalité de l’œuvre, de son univers, de sa diégèse.
Mais cette suspension consentie de l'incrédulité n'est pas absolue. En effet, si elle permet de faire accepter des choses que l'on sait parfaitement impossibles, elle peut facilement être mise à mal par de petites dissonances, qui vont amener le spectateur à s'interroger sur des détails sans importance, le sortant de l’œuvre.
Attention, l’œuvre peut tout à faire amener le spectateur à s'interroger sur ce qu'il voit, et sur ce qu'il estime être diégétiquement vrai, mais la dissonance qui amène cette réflexion doit être volontaire, et doit soit se résoudre, soit, si elle ne constitue pas un des enjeux majeurs du film, être à leur service. Dès lors, une dissonance accidentelle est un risque de perdre le spectateur.
Le maître mot est donc la cohérence.


Alors, la cohérence, oui, mais avec quoi ?
Avec le seul référentiel possible : l’œuvre elle-même.


Resident Evil 1 :
Milla Jovovich se réveille, nue, allongée sur le sol de sa douche. Jusque là, pas de problème, elle prenait une douche et est tombée pour une raison ou pour une autre, s'assommant au passage. Elle se relève, et la mise en scène fait comprendre qu'elle a perdu la mémoire. Elle passe donc le premier vêtement qu'elle trouve, un peignoir. Logique. Elle explore l'endroit, et trouve une robe, très jolie, très rouge, et très courte. Et, après avoir fouillé la chambre, enfile la robe.
Là, ça commence à coincer. Une personne se réveille amnésique. Elle est donc dans un environnement inconnu, et l'on peut raisonnablement penser qu'elle a peur ou, a minima, qu'elle est inquiète. Si elle prend le temps d'explorer son environnement et de s'habiller, la cohérence veut, dans notre réalité, qu'elle se dirige vers des vêtements usuels, et pas une robe qui couvre moins de la moitié de son corps. C'est d'ailleurs ce que fait Milla Jovovich pour ses chaussures : elle enfile des bottes plates.
En effet, la robe était posée sur le lit. Le spectateur en déduit donc que Milla Jovovich se préparait pour une occasion particulière quelconque, et avait sorti les vêtements qu'elle comptait passer après sa douche. Or, la logique du monde réel veut que cette robe soit très probablement portée avec des chaussures à talons hauts, qui ne devraient pas se trouver très loin de la robe. Pourtant, Milla Jovovich préfère une paire de bottes plates.
Ce choix de tenue est donc, dans notre réalité, forcément incohérent. Si elle se sent suffisamment en sécurité pour porter une robe de soirée, il n'y a aucune raison pour qu'elle ne mette pas les chaussures assorties. Et si elle préfère porter des chaussures plus confortables et pratiques, elle n'aurait pas opté pour la robe de soirée. Enfin, son attitude ne peut pas être expliquée par l'urgence de la situation, puisqu'elle a d'abord exploré une partie de la maison.
Elle a donc fait un choix cohérent avec notre réalité en mettant des bottes plates, mais pas en privilégiant une robe de soirée à un jean et un T-shirt, ce qui crée une incohérence interne et au moins une incohérence avec notre réalité.
Mais, l’œuvre ne se doit pas d'être cohérente avec notre réalité. Elle pourrait tout à fait se dérouler dans un univers où la tenue de tous les jours est une robe de soirée très courte à bretelles, qui se porte avec des bottes plates. En effet, les tenues des personnages de Kaamelott ne sont pas cohérentes avec notre réalité, mais sont adaptées à la diégèse de la série et, dans ce cadre, une tenue moderne serait, au contraire, incohérente. Mais, en l'absence d'informations à ce sujet, le spectateur, en vertu du contrat tacite de suspension consentie de l'incrédulité, doit accepter cette action comme cohérente.
Sauf que cette scène n'est pas la première scène du film. Et dans la scène précédente, nous avons vu des femmes dans un environnement professionnel porter des tailleurs classiques, qui indiquent que l'histoire se déroule dans notre monde, à notre époque. La première scène du film a posé un cadre diégétique qui n'est pas respecté par la deuxième scène. Il y a donc incohérence.


Et cette incohérence est d'autant plus problématique que, dans Resident Evil 3, Milla Jovovich adopte le même comportement au moins cinquante fois (oui, j'ai compté les cadavres de clones).


Après, il reste toujours possible de trouver une ou deux explications : Milla Jovovich n'agit pas de manière cohérente en raison de son amnésie (même si elle a la présence d'esprit de comparer son écriture avec celle sur le papier ce qui démontre, outre l'amnésie, qu'elle agit de manière plutôt réfléchie), ou plus simplement que tous ses jeans sont dans la corbeille à linge sale. Pas de bol.
Admettons.


Resident Evil 2 :
Sienna Guillory rentre chez elle. Elle porte un bustier, une jupe aussi courte que la robe de Milla Jovovich dans le premier film et des talons hauts. Jusque là, pas de problème, il peut y avoir mille raisons logiques pour qu'elle ait cette tenue, et en l'absence d'incohérence manifeste avec la diégèse connue du film, il n'est pas nécessaire d'apporter une justification. Elle enlève ses chaussures et entend un appel radio qui réquisitionne tous les policiers de la ville. Comme elle est policière, elle y répond. Logique.
Scène suivante, elle a pris la peine de mettre des chaussures, ce qui est logique, et a choisi non pas de remettre les talons qu'elle venait de quitter, mais une paire de bottes plates. Cohérent : il y a des zombies, il va falloir se battre, des chaussures plates sont tout à fait indiquées. Par contre, elle a gardé son bustier et sa mini-jupe. Pour se battre. Au cours d'une apocalypse zombie. Et alors qu'elle est présentée comme une super flic ultra efficace. Il y a donc incohérence.


Alors, était-il possible de conserver la tenue de Sienna Guillory sans créer d'incohérence ?
Oui, et facilement. Il suffisait que la scène ait lieu quelques minutes plus tôt : Sienna Guillory est habillée pour sortir pour une raison ou pour une autre. Elle rentre chez elle en voiture quand elle reçoit l'appel radio de réquisition. Elle n'a pas le temps de passer à son appartement pour se changer, puisque c'est la fin du monde, et se rend directement au poste de police, où elle se contente, vu l'urgence, d'échanger ses talons contre une paire de bottes qu'elle avait, au choix, laissée dans voiture par hasard, ou prévue de rechange si elle avait trop mal aux pieds en fin de soirée. Simple, cohérent, efficace.


Exemple de tenue diégétiquement justifiée :
Dans Resident Evil 5, l'un des clones de Milla Jovovich est une mère de famille qui finit son petit déjeuner avant de partir vaquer à ses occupations quotidiennes. Elle porte donc une chemise, un jean et des chaussures à talons. C'est une tenue adaptée à l'univers de l'oeuvre, et à la situation du personnage. Pas d'incohérence.
Idem pour le clone de Michelle Rodriguez qui est juste une personne normale qui vit sa vie.


Mais, est-il possible de justifier une incohérence par l'objectif de l’œuvre, ici adapter un jeu-vidéo en film ?
Alors, oui, il s'agit de l'adaptation d'un jeu-vidéo dans lequel le personnage porte cette tenue. Sauf qu'il s'agit d'un film, et non d'un jeu-vidéo. Et qu'il faut donc en juger la qualité en fonction des critères applicables à un film, et non à ceux applicables à un jeu-vidéo.
Les contraintes d'un jeu-vidéo et celles d'un film ne sont pas les mêmes. Dans une œuvre vidéo-ludique, la suspension consentie de l'incrédulité va forcément plus loin que dans un film parce que les graphismes, surtout à l'époque, sont moins réalistes. En outre, le fait que le joueur soit acteur, et non simplement spectateur, va permettre de compenser d'autres incohérences, qui sont ensuite devenues des codes, c'est à dire des éléments communément acceptés comme possibles dans le contexte d'un jeu-vidéo. Or, les personnages féminins ultra-sexys et très peu vêtus sont, à tort ou à raison, l'un de ces codes, tout comme le fait de pouvoir porter une quantité astronomique d'objets sur soi sans difficulté.
Donc, s'il y a des éléments qui n'ont pas besoin d'être diégétiquement justifiés pour être acceptés, c'est à condition qu'ils répondent à un code du medium utilisé. Et le personnage féminin qui, en toute connaissance de cause, va botter des culs de zombies en mini-jupe et bustier est un code vidéo-ludique, mais pas cinématographique. Et, en tout état de cause, même si un élément est justifié grâce à un code, y apporter une explication diégétique ne fait généralement pas de mal.
Mais, dans les codes de films d'horreur, il y a la jeune femme sexy en jupe, et les Resident Evil sont des films à tendance horrifique. Certes. Sauf que, soit le film justifie diégétiquement cette tenue, par exemple en posant comme cadre un weekend entre amis au cours duquel il n'est pas incohérent de porter une jupe, soit le film souffre tout simplement d'un défaut de cohérence qui vient affaiblir sa qualité. Sur ces deux derniers points, voir The Cabin in the Woods (La Cabane dans les Bois, de Drew Goddard), qui prend le temps de justifier certains comportements relevant des codes des films d'horreurs.
Enfin, dans J*umanji: Welcome to the Jungle* et Jumanji Next Level, Karen Gillan porte un mini-short, et ça ne pose pas de problème de cohérence. Parce que, diégétiquement, il s'agit d'un personnage de jeu-vidéo. Sa tenue répond donc aux codes du jeu-vidéo. Dans Resident Evil, Milla Jovovich et Sienna Guillory sont de vraies personnes, et non des personnages de jeu-vidéo.
L'incohérence des tenues de Sienna Guillory dans Resident Evil 2 et de Milla Jovovichdans Resident Evil 1 (puisqu'elle a trouvé un pantalon dans le 2) n'est pas diégétiquement justifiée, ni par le scénario, ni par l'univers, et ne répond pas à un code généralement accepté. Elle est donc néfaste.


Alors, bon, est-ce que, au moins, ces tenues servent à quelque chose ?
Non.
Elles pourraient apporter un avantage au personnage, par exemple en détournant l'attention d'un ennemi. Ce serait cohérent, puisque tant Milla Jovovich que Sienna Guillory les portent particulièrement bien. Leurs tenues pourraient aussi amener un ennemi à sous-estimer le danger représenté par ces personnages au motif que leurs habits ne sont pas adaptés à la situation. Or, à aucun moment, la tenue des personnages ne leur apporte un quelconque avantage.
Alors, ces vêtements pourraient servir à mettre les personnages en difficulté ?
Et là, non seulement la réponse est non, aucune n'étant jamais handicapée par sa tenue, mais c'est même pire que ça.


Resident Evil 3 :
Milla Jovovich est en fuite depuis plusieurs années dans le désert, et a donc pu choisir les vêtements les plus adaptés à sa situation. Elle porte d'ailleurs un par-dessus de cow-boy tout à fait raccord. Jusque là, pas de problème. À l'intérieur du par-dessus, il y a une femme. Et cette femme porte… un mini-short et des bas.
Bon, passons.
Elle porte aussi des santiags. Pour fuir dans le désert, ce n'est pas l'idéal. Rappelons quand même que si les bottes conçues pour monter à cheval ont toutes des talons, c'est pour éviter que le pied ne passe à travers l'étrier et que le cavalier ne fasse traîner par sa monture en cas de chute. Pour faire de la moto, l'intérêt est bien moindre, puisqu'il y a des repose-pieds, et non des étriers. Pour courir, se battre et évoluer dans du sable, des chaussures plates sont quand même beaucoup plus pratiques. La preuve : dans certaines scènes, Milla Jovovich porte des chaussures de randonnées classiques.
Notons que Ali Larter ne doit pas avoir de jolies jambes, puisqu'elle est en pantalon. Tout comme Michelle Rodriguez d'ailleurs.


Resident Evil 4 :
Milla Jovovich, en plusieurs exemplaires, attaque un complexe plutôt bien gardé, en portant des bottes à talons très hauts (sans parler du plastron à la Batman and Robin, on n'est plus à ça près). Enfin, dans les scènes où elle est immobile (et dans une scène où elle essaye péniblement de marcher sans se tordre une cheville). Dans toutes les scènes de cascade, et dans les scènes où elle ne doit ne serait-ce que courir, elle porte clairement des bottes plates.


Et l'on touche le fonds avec Resident Evil 5 :
Évacuons rapidement Sienna Guillory qui porte des bottes plates tout le long du film, sauf dans la dernière scène, où elle a des bottes à talons hauts.
Milla Jovovitch commence le film vêtue d'une blouse d'hôpital. Rapidement, elle trouve (on va dire ça comme ça, histoire de ne pas trop enfoncer le film) des habits, comportant des bottes avec à nouveau de très hauts talons. Progrès, elle arrive à marcher avec. Alors, oui, il y a une justification diégétique : c'est la seule tenue à sa disposition. Sauf qu'il n'est pas logique que cette tenue soit composée comme elle l'est. Mais nous n'en sommes plus à chercher la cohérence, nous regardons si à défaut d'être cohérent, ces éléments du film sont pertinents.
Comme dans le 4, les scènes un peu plus sportives sont réalisées avec d'autres bottes. Notons néanmoins qu'il y a eu un effort pour que la différence entre les deux paires soit moins visible : le design des bottes la rend moins perceptible, et les bottes des scènes de cascades ont quand même des talons de quelques centimètres, mais beaucoup moins hauts que ceux des bottes de départ.
Par contre, il y a un superbe plan où, pour montrer que Sienna Guillory soulève Milla Jovovich du sol, on montre clairement les pieds de cette dernière, chaussés de bottes avec des talons qui sont au moins deux fois moins hauts que les autres. À ce niveau, ce n'est plus un faux raccord, c'est, au mieux, de l'amateurisme.
Mais il y a encore pire :
Li Bingbinbg attaque un complexe sécurisé, en pleine Sibérie, seule. Elle porte donc pour l'occasion une robe de soirée rouge vif touchant presque le sol, fendue jusqu'à la hanche et des escarpins ouverts à talons. Admettons qu'elle ait voulu se fondre dans la masse tokyoïte de la scène précédente. Sauf que cette masse est composée de clones potentiellement infectés par le virus T, et représentant donc un danger mortel. Et elle porte un holster sur la cuisse découverte par sa robe. Incohérence.
Mais cela va encore plus loin. En effet, pour des bottes noires, il est relativement facile de supprimer les talons sans que cela ne soit trop visible. Pour des escarpins ouverts, il faudrait lui faire porter des sandales. C'est tout de suite plus visible. Donc, Li Bingbing, après être entrée seule dans le centre de commande d'un complexe hautement sécurisé en plein milieu de la Sibérie, devient complètement passive, se contentant d'observer et de fuir mollement.


Donc les tenues des personnages féminins centraux sont presque toutes incohérentes, et inutiles.


Pourtant, il y a une scène ou une femme porte une jupe et des talons, et où sa tenue est, d'une part, diégétiquement justifiée, et utilisée scénaristiquement :
Dans Resident Evil 2, une femme habillée d'un chemisier, d'une jupe et de chaussures à talons fuit un groupe de zombies dans des escaliers. Sa tenue est diégétiquement justifiée en ce qu'elle est cohérente avec la situation : une femme normale peut tout à fait être habillée comme ça au cours d'une journée normale. Et sa tenue est utilisée scénaristiquement en ce qu'en courant, elle va briser l'un de ses talons, se trouvant donc dans une situation de danger plus grande. Cohérent, efficace.


Bon, est-ce que ces incohérences, que seule une poignée de fétichistes aura été compter et analyser, font des films Resident Evil de mauvais films ?
En elles-mêmes, non. Même si elles peuvent être problématiques au niveau de la cohérence, et donc de l'immersion, elles auraient pu être récupérées par d'autres qualités qui les auraient fait oublier. Mais force est de constater que les qualités de ces films (si, quand même, il y en a) sont loin de rattraper l'ensemble des incohérences monstrueuses qui les compose, et au sein desquelles celles portant sur les tenues des personnages féminins sont peut-être les plus légères.


Mais, dans ce cas, pourquoi affubler les personnages féminins de jupes ultra-courtes et de talons hauts ?
Pour un motif en réalité assez peu glorieux : compenser les incohérences et les faiblesses scénaristiques par l'excitation sexuelle. Les actrices sont habillées, ou plutôt déshabillées, pour jouer sur les fantasmes des spectateurs.


Sauf que cela pose de nombreux problèmes, à commencer par la représentation des femmes, dépeintes comme forcément minces, sportives, sexy, portant toujours des tenues courtes ou moulantes, le plus souvent avec des talons hauts, épilées, répondant parfaitement aux canons de beauté, etc... Ce qui est loin de la réalité, et provoque des complexes injustifiés. Vient ensuite la problématique de la réification de la femme qui, constamment sexualisée, n'est plus représentée comme un sujet, mais comme un objet. Et c'est quand même dommage dans une série de films qui a pour elle de présenter des personnages féminins forts, compétents et indépendants. À noter que, sauf dans des cas où une tenue moins aguichante serait incohérente, ces problématiques se posent même lorsque les vêtements portés sont cohérents ou diégétiquement justifiés.


Et le pire, c'est que cela ne sert à rien.
D'une part, rendre les personnages sexuellement attrayants ne rend pas un film bon. Resident Evil en fait la preuve puisque les films 2, 4 et 5 sont mauvais, que le premier est au mieux passable, et que seul le 3 est « pas mal » (alors que c'est celui qui joue le moins la carte de la tenue inutilement sexy).
D'autre part, cela ne pourrait fonctionner que sur les hommes hétérosexuels et les lesbiennes, et encore, pas tout.e.s. Et mêmes elleux sont capables de se rendre compte qu'un film est mauvais au-delà du caractère sexuellement attirant des protagonistes, ou d'apprécier un bon film qui ne joue pas sur leur libido.


Et la preuve que, globalement, cette sexualisation des protagonistes féminins pose problème est là : je viens de passer cinq pages à vous parler de l'importance de la cohérence en prenant comme illustration, dans une série de films bourrée d'incohérences, celles qui portent sur les jambes de Milla Jovovich.

FdrcTrbn
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le 20 avr. 2020

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Fdrc Trbn

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