George Romero … Et oui, George Romero, artiste du 7ème art à l’origine des déferlantes de zombies s’abattant sur le cinéma contemporain, était en lice pour réaliser le premier Resident Evil. Son script fut refusé par Sony lui préférant celui de Paul W.S Anderson, un scénario grand public bien plus porté sur l’action. Dire qu’une part de moi regrettera à jamais ce projet mort dans l’oeuf est un doux euphémisme. Pour les curieux, voici le scénario/script proposé par G. Romero. Sony offrira finalement un budget de 32 millions de $ pour réaliser le film, un budget dérisoire aux Etats-Unis compte tenu du film envisagé.


Première chose et non des moindres, Resident Evil est, bien que tiré d’un jeu, un film à part entière. La communauté de fans s’attendait surement à un copié-collé singeant le rythme, les plans, la structure, l’histoire … de la première trilogie de jeux. Pour quelle finalité? Celle de revivre le jeu sur grand écran et donc de connaître tous les rebondissements, les tenants et aboutissants? Paul W.S Anderson choisit la voie de la créativité inspirée des piliers de la franchise et grand bien lui en fasse.


Resident Evil le film est une oeuvre tentant, tant bien que mal , d’être fidèle à l’atmosphère du jeu original en proposant un visuel tout en référence (environnement sous-éclairé, plans de caméra fixes, couloir sans fin, manque de vie …) ainsi qu’une peur distillée selon les schémas du jeu vidéo dont le film s’inspire ... tantôt latente, tantôt intrusive (jump scare …). Malheureusement l’effet poisseux, putréfié, lourd est totalement mis de côté au profit d’un ensemble de décors aseptisés donnant un aspect IKEA à l’ensemble. Retarder l’arrivée du groupe d’intervention d’Umbrella de quelques jours voire semaines aurait pu corriger le tir. Si seulement … Quant à la peur … ah ces scènes de peur … prises une par une ces séquences se suffisent à elles-même mais sont entrecoupées de scènes véritablement sorties de nulle part annihilant les effets de tension, de frousse … Mon flop 3:



  • La scène avec le piège laser dans le couloir menant à la Reine Rouge

  • Le High Kick rotatif d’Alice pour dégommer un Doberman zombifié

  • La scène de gunfight du début de film, archétype du film d’action décérébré


Cependant, les fondements du gameplay sont respectées et retranscrits à l’écran par des coups de feu sporadiques traduisant un manque chronique de munitions, une cargaison de portes à franchir clin d’oeil aux temps de chargement des premiers jeux … A cela vient s’ajouter un fan service efficace et plaisant présentant un panier d’ingrédients made in Resident Evil qui fait mouche. Une pincée de Lickers, une bonne louche de HIVE, quelques Doberman, une farandole de zombies, Umbrella en toile de fond et un sombre Manoir en guide de madeleine … Une recette riche sans effet de lourdeur, de fourre-tout indigeste. Seul ombre au tableau, l’absence totale de personnages cultes de la franchise, aucun Chris Redfield ou Leon Kennedy … créant un manque difficile à combler auprès des fans.


Le film s’aventure même dans la création de nouveaux personnages, en particulier celui d’Alice, afin de souffler un vent de nouveauté sur la saga invitant ainsi le fan inconditionnel de la franchise à découvrir une nouvelle chronologie Resident Evil tout en permettant aux néophytes de comprendre le film sans connaître les jeux vidéo. Malgré cette envie de bien faire, la majorité des personnages secondaires créés spécialement pour le film n’ont aucune utilité sauf celle de mourir … Un film avec moins de protagonistes, moins clichés et aux motivations plus développées auraient donné au film une profondeur qu’il ne fait qu'effleurer ...


Un film d’action à la réalisation propre, reprenant avec plus ou moins de réussite, l’essence des jeux Resident Evil tout en apportant quelques nouveautés. Une oeuvre loin d’être parfaite mais se laissant découvrir à l’orée d’un dimanche pluvieux.

Silent_JayFR
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le 14 avr. 2019

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