Pour beaucoup, la saga Resident Evil doit certainement représenter le fond du panier du cinéma d'action, ainsi que les franchises qui n'en finissent pas de ne pas finir tant que sont encaissés quelques substantiels bénéfices. Elle doit aussi être le symbole du ratage des adaptations sur grand écran de l'univers vidéoludique, source Capcomienne cependant perdue depuis très longtemps des deux côtés de la barrière. Ce chapitre final viendra donc mettre un terme à leurs souffrances.


Dans l'indifférence générale, très certainement, tant ce dernier opus s'inscrit dans la moyenne Resident Evil. Loin d'être le pire, certainement pas le meilleur, il se pose là dans la norme un peu paresseuse du spectacle qui a été présenté jusqu'ici, entre le très honnête et le (parfois) navrant. Et dans les multiples repompes des idées vues dans d'autres films qui ont l'air d'avoir tapé dans l'oeil de Paul W.S. Anderson. Il émule ainsi pour son ouverture les décors désolés et arides que son comparse Russell Mulcahy avait filmés il y a un bail dans Resident Evil Extinction, tout en lorgnant du côté de Mad Max Fury Road, avec ses chars biens carénés et assez fun. Il braconne aussi du côté du Livre d'Eli, en repompant carrément une scène d'affrontement où la belle Milla fait de la pole dance sans barre.


Pour le reste, il y a toujours autant de dérives portnawak et cet aspect grossier de gloubi boulga qui restera sur l'estomac des plus dégoûtés. Car le retour aux sources du mal se fera en passant devant des films tels 2012, dont il copie l'idée de la sauvegarde des vilains riches, Inferno, pour l'ambition de faire table rase du passé parce qu'on est trop nombreux et qu'on détruit tout. Anderson réussit même à piller l'Equalizer d'Antoine Fuqua et le Sherlock Holmes version Guy Ritchie. En effet, il a trouvé l'idée de l'arrêt sur image et de l'analyse de la situation tellement bonne qu'il a décidé de la faire sienne et de la caser à plusieurs reprises dans son final. Coquin, va. Cela lui permettra au moins de ne plus triturer outre mesure son cerveau fatigué. Car quand il le fait, c'est pour resservir la désormais habituelle foire aux clones et les twists en carton que l'on n'oserait plus tenter aujourd'hui.


Cependant, ce dernier Resident Evil se voit affligé d'une nouvelle tare au sein de la saga : sa caméra presque constamment tremblotante, au point de penser que l'ami Anderson a pris des cours de zumba pendant tout le début du tournage, en même temps qu'il filmait sa belle en train de cogner. Affectant même jusqu'à un montage parfois illisible dès lors que l'on s'échange plus de deux kicks. Dur dur.


Parallèlement à ce que certains qualifieront de désastre total, Resident Evil Chapitre Final offre quand même son lot de quelques jolies scènes, comme l'assaut de cette tour qui se termine en vagues de feu, ou ce char traînant ses victimes avec derrière elle un flot de zombies affamés. Ou d'autres, pendus sous l'arche d'un pont et qui s'animent quand un potentiel festin passe à leur portée. Cela paraîtra certainement bien mince pour beaucoup. Mais, de manière étrange, presque inexplicable, cela se laisse suivre sans gros déplaisir, comme s'il exhalait de la saga une sorte de bienveillance coupable, de tendresse irrationnelle. Et d'autant plus que Milla Jovovich, l'amour transi de Behind_the_Mask, est toujours aussi iconisée en mode bad ass et toujours aussi belle malgré le temps qui passe. Rien que pour elle, le masqué devient faible et octroie un point de plus à ce Resident Evil Chapitre Final, sans discussion possible.


Ce qui prêtera plus à discussion sera sans doute l'épithète "final" accolé à ce sous titre de Resident Evil qui, s'il ferme effectivement toutes les portes de son univers, s'empresse d'en ouvrir une autre afin qu'Alice puisse se reconvertir dans un nouveau type de chasse et surtout, assurer les arrières de la production si, encore une fois, le public répond présent à l'appel. C'est qu'il est prévoyant, ce Paul W.S. Anderson, en plus d'être coquin... Et d'avoir certainement revu Le Règne du Feu il n'y a pas longtemps.


Sait-on jamais, s'il y a encore quelques dollars à récolter...


Behind_the_Mask, Zumba-Zombie.

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le 28 janv. 2017

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