Après un premier film moyen par Anderson et un second mauvais par un réalisateur qui ne réalisera plus jamais rien, le réalisateur d’Highlander avait beaucoup à faire pour redresser la barre et faire un film potable, mais à cœur vaillant rien d’impossible, les bases sont bancales vu que résultant des deux premiers films je ne demande pas un chef d’œuvre moi, là je demande un truc correct, et on en est pas si loin figurez-vous.
La scène d’intro est excellente : le test d’aptitudes pour les clones tel qu’il nous est présenté, excellente pour plusieurs raisons. On est habitué à savoir Alice invincible donc, quand on la voit à l’écran en situation de danger, on a pas peur pour elle et là elle crève ! Alors ce n’est pas elle, c’est une clone mais le film ne l’a pas encore expliqué, ce qu’il fera d’une excellente manière avec ce travelling / dézoom sur le tas d’Alice mortes. C’est une excellente mise en scène et en plus un très bon clin d’œil au jeu vidéo en général où notre avatar meurt encore et encore dans le but d’aller toujours un peu plus loin, de passer le danger suivant.
Par contre, dès qu’Alice prend la parole c’est pour rappeler que les films Resident Evil sont respectueux de la plupart des jeux Resident Evil sur un point : c’est qu’ils arborent un scénario faiblard. Une ellipse trop importante est faite entre les moments d’Apocalypse et ceux d’Extinction, pour moi un film aurait dû s’attarder sur l’extension du virus-T entre les deux parce que le deuxième film mettait un point définitif sur Racoon City et ses chances de répandre l’infection. Là ça fait un peu comme si le film n’avait servi à rien du tout comme le premier n’avait servi également à rien puisque l’infection s’est échappé du Hive de façon stupide, ça commence à faire beaucoup.
Et je ne vois pas pourquoi le désert aurait tout recouvert sur la Terre, ça donne une ambiance à la Mad Max sur laquelle je reviendrai mais je pense qu’ils auraient simplement dû situer l’action dans le désert et ne donner aucune explication puisqu’on sait que Vegas est entouré par le désert. Comme d’habitude ce dernier point permet d’évoquer une thématique intéressante sur la nature qui reprend ses droits face à l’Homme impuissant alors qu’il croyait la dominer, sauf que comme pour les premiers films la thématique intelligente est à peine évoquée au détour d’un dialogue et c’est tout.
La première scène avec la vraie Alice (quoi qu’à bien y réfléchir c’est peut-être une clone elle-même et la vraie est morte à la fin d’Apocalypse mais on va l’appeler la vraie) n’est pas trop mauvaise puisqu’elle révèle l’ambiance post-apocalyptique avec ces pillards qui se font passer pour des survivants à protéger et mettent en difficulté Alice qui contrairement à ses clones est increvable même sans arme. Concernant ses pouvoirs, bien que ce soit toujours aussi stupide dans le fond, (quand on repose sur des bases bancales, en voilà la conséquence) au moins là ses scènes sont beaucoup moins grotesques en terme de mise en scène et surtout ça sert enfin à donner un minimum de profondeur au personnage principal de la saga, c’est pas trop tôt.
Ses grands pouvoirs sont difficiles à maîtriser comme quand elle pulvérise sa moto dans son sommeil, elle a des limites perceptibles puisqu’elle s’évanouit après avoir un peu trop tirer sur la corde, elle se questionne sur sa place aux côtés d’humains normaux mais sans arriver à pleinement s’en détacher puisqu’elle reste avec eux malgré le danger qu’elle génère, sa relation avec Carlos dépasse le stade du flirt idiot d’Apocalypse sans tomber dans une niaiserie à deux balles et un happy end hors-sujet...
J’ai beaucoup aimé également le personnage de Claire joué par Ali Larter qui tient un rôle relativement cohérent avec sa personnalité, sachant se battre sans être Terminator, étant plutôt protectrice sans se laisser aveugler par ses émotions... et tout ça sans copier-coller des événements des jeux. Les personnages secondaires sont plus attachants que par le passé, on sent que la petite bande de Claire est vraiment un groupe avec des personnes qui se connaissent, s’apprécient et j’ai développé le minimum d’empathie envers eux qu’il fallait quand les morts arrivent, morts qui n’arrivent pas trop souvent de façon stupide comme c’était le cas si souvent avant.
J’ai apprécié l’esthétisme post-apocalyptique inédit dans la saga au ciné, surtout grâce aux costumes qui rendent beaucoup de personnages très classes, même les plus secondaires comme K-Mart (le placement de produit est un peu trop abusé tout de même). Le film joue un peu mieux sur la tension qu’il créé en gérant l’ombre et la lumière, le silence perturbé par quelques bruits d’ambiance, le reflet dans un miroir, le zombi pouvant en cacher un autre... C’est pas du grand art mais je pense que c’est ce que la saga proposera de mieux sur grand écran, à l’image du film.
Là où le film déconne sévère pour moi c’est avec Umbrella, le deuxième film se terminait avec le docteur Isaacs (interprété par Iain Glen, Jorah Mormont dans la série TV Game of Thrones) qui laissait Alice s’échapper en ayant la possibilité de voir à travers ses yeux à tout moment, et là le problème majeur du Docteur Isaacs c’est de ne pas avoir Alice sous la main et aucun moyen de la localiser, le film essaye de justifier ça mais c’est franchement incohérent au possible. Le côté positif c’est que ça amène une scène sympa où ils voient au dernier moment Alice s’amener vers eux, un autre effet de mise en scène efficace et recherché.
Albert Wesker n’a aucun charisme, il est à peine méchant (en fait rien n’en fait un méchant dans le film à y réfléchir), il est naïf et se fait trahir (d’habitude c’est le trait des personnages qui l’entourent), il prend une décision irrationnelle et stupide (il a besoin d’Alice mais refuse de prendre le moindre risque alors que normalement il commet des erreurs par excès de confiance...) tout le contraire du personnage original. Avoir donné un visage aux dirigeants d’Umbrella est également une mauvaise idée selon moi et de toute façon ils répondent à tous les clichés possibles des mecs en costard qui dirigent dans l’ombre.
La reine blanche est un clin d’œil beaucoup trop forcé et sans intérêt tellement son rôle est réduit et fait vaguement écho au premier film. La fin en elle-même est trop expédiée et de faire d’Issacs un gros monstre comme boss final est un peu naze. J’aurais bien vu la reine blanche se retourner contre Umbrella (considérant à raison qu’ils sont incapables de changer les choses) et aidant Alice à prendre sa revanche avec une mise en scène bien soignée pour qu’Alice décime chaque membre d’Umbrella, diabolisé à l’extrême depuis le début. Le cliffhanger final est vraiment trop forcé aussi et c’est dommage, je pense qu’il y avait mieux à faire.
A peine meilleur qu’Apocalypse si on se fie à la moyenne SC du film, je trouve personnellement que nous tenons là le meilleur film Resident Evil (je fais abstraction des films d’animation), ou en tout cas le moins pire vu le contexte, c’est peut-être les faibles qualités des autres qui mettent en valeur ce film mais je trouve que s’il avait mieux géré la partie avec Umbrella il aurait été un bon film malgré les deux films qui le précèdent et rien que pour ça, bien joué Monsieur Russell Mulcahy vous avez presque réussi à faire un truc correct avec des bases très moyennes.