The Changeling
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le 26 mai 2017
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Adaptation du comics éponyme de Walter Hill, Matz, et Jef, lui-même adapté d'un scénario de Denis Hamill retravaillé par Walter Hill. Vous me suivez ? Nous pourrions penser que le comics et le long-métrage ne sont jamais que les deux facettes d'une même pièce, mais Walter Hill a une étrange façon de citer la bande-dessinée - à travers des illustrations apparaissant à l'écran - qui rend impossible de ne pas y voir une transposition d'un média vers l'autre. Illustrations qui servent ici de transitions, et il s'agit là d'une des particularités de cette production : la multiplication des effets de transition - fondus au noir, fermetures à l'iris, illustrations, passages au noir et blanc - balancés à un rythme soutenu, et qui ne servent pas à grand chose sinon à tenter de donner une identité visuelle à The Assignment.
Mais je vais trop vite en besogne. Le film raconte l'histoire de Frank Kitchen, tueur à gages ayant ajouté à la liste de ses victimes le frère du Docteur, génie du scalpel et sociopathe notoire. Et le Docteur va rapidement trouver un moyen pour exercer ses talents sur l'assassin de son frère, et à avec eux sa vengeance. Frank va ainsi se réveiller avec le corps de Michelle Rodriguez.
A la réalisation, nous trouvons donc Walter Hill, vétéran du cinéma responsable de quelques classiques comme Driver, Streets of Fire, Double Heat, 48 Hrs, ou encore The Warriors. Et pour l'occasion, il s'est entouré notamment de Sigourney Weaver, Tony Shalhoub, et Michelle Rodriguez dans un rôle de composition : celui d'une flingueuse sévèrement burnée.
Le problème, c'est que les succès du réalisateur que je viens de citer datent tous des années 70/80, les dernières décennies s'étant montrées moins fastes pour le cinéaste (qui continue de se faire des couilles en or avec sa franchise Alien). Cela se sent, il ne s'agit pas du Walter Hill de la grande époque. Il manque au film une nervosité, une tension propre au genre qu'il essaye de travailler : le polar hardboiled. En même temps, transsexualité de son héros mise à part, le film lui-même parait anachronique, et aurait gagné à être tourné au plus tard dans les années 90, à une époque où il aurait pu traiter la sexualité et la violence de manière plus frontale.
Outre mon attachement au cinéaste, la raison pour laquelle j'ai souhaité regarder The Assignment malgré une réputation peu flatteuse (même si je la crois surtout due à son idée de départ), c'est que j'ai lu et apprécié le comics. Cela ne gâche pas la découverte de l'intrigue, celle-ci s'avérant linéaire. Par contre, ce média permet bien plus de choses, que ce soit d'un point de vue technique ou dans sa liberté de ton. De fait, il surpasse le long-métrage sur tous les points. Déjà, je comprends l'idée de faire jouer le héros par Michelle Rodriguez dès le départ, et si j'admets avoir été parfois bluffé par les effets spéciaux permettant de la transformer en personnage masculin, il n'empêche que nous tombons fréquemment dans la vallée dérangeante. Forcément, le comics ne souffre pas de ce genre de problème. Surtout, le comics propose de suivre le héros pendant plus d'étapes de sa nouvelle vie - permettant de le faire évoluer de manière plus subtil - le confronte à plus de difficultés liées à son corps et à son statut de femme, lui donne plus d'opportunités d'explorer ce corps féminin (et évidemment le saphisme), et se montre au final beaucoup plus violent, beaucoup plus sanglant, beaucoup plus cru, et beaucoup plus cruel. Utilisant exactement la même trame scénaristique, le comics souligne tous ce que le film aurait dû être.
Moralité : lisez le comics. Et après, regardez le film par curiosité.
Créée
le 28 mai 2017
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