Rêves de jeunesse n'est pas un énième film d'apprentissage qui se déroule en été, comme il en arrive régulièrement sur les écrans, et pas seulement d'origine française d'ailleurs. Le décor du film est particulier, celui d'une déchetterie, le dernier endroit où passer un mois d'août, comme un symbole un peu évident de ce que vit son héroïne, Salomé, en quête de renaissance après s'être délestée de tout ce qui entrave son aspiration à la liberté. Loin d'être abouti sur le plan scénaristique, Rêves de jeunesse tire parti de son manque d'unité pour exhaler un certain charme, avec des personnages singuliers et hauts en couleurs parfois qui viennent croiser la trajectoire de Salomé. Alain Raoust, réalisateur marginal jusqu'alors, injecte une bonne dose de poésie dans sa déchetterie et le paysage vallonné qui l'entoure ainsi que de la mélancolie, de l'humour et de l'exaltation (via les scènes portées par la musique). Raoust n'a pas voulu ouvertement faire un film politique mais le sous-texte est très présent, vis-à-vis d'une génération entière qui n'attend plus rien des élus de la chose publique et doit se créer ses propres rêves. Cela fait beaucoup de contenu pour un film un brin anarchique dans le traitement narratif et dont la mise en scène, à de rares exceptions près, ne brille pas outre mesure. Le film distille pourtant un parfum entêtant de rage et de spleen mêlés que l'on retrouve parfaitement dans le personnage principal, incarné avec grâce et talent par Salomé Richard.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2019

Créée

le 31 juil. 2019

Critique lue 322 fois

2 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 322 fois

2

D'autres avis sur Rêves de jeunesse

Rêves de jeunesse
Mr_Purple
3

La conjuration des indécis

Bon, la dernière chose qu'on voudrait faire, c'est de s'acharner à assassiner un petit film indépendant, généreux et un peu fauché. Mais d'un autre côté, la noble mission à laquelle nous autres...

le 24 juil. 2019

7 j'aime

2

Rêves de jeunesse
DoubleRaimbault
5

Le cimetière des aspirants

Il faut le savoir, je suis une saloperie d'hipster puriste qui se tourne naturellement vers les classiques et les derniers films des grands cinéastes. Aucun risque a priori que j'aille voir un film...

le 24 juil. 2019

4 j'aime

3

Rêves de jeunesse
Eric-ROBINNE
7

Jeunesse désabusée ?

Nouvelle expérience Cinexpérience, grâce à Sens Critique. Mais cette fois, j'en sors moins enthousiaste que les expériences précédentes. Pourtant, au travers du titre, le thème traité pouvait nous...

le 24 juil. 2019

3 j'aime

2

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13