Trois ans après le succès public phénoménal de Bienvenue chez les Ch'tis, Dany Boon revient avec son nouveau film Rien à déclarer. Certain d'avoir trouvé la recette du succès, Dany Boon reprend le même concept de la confrontation pluriculturelle qui a fait les beaux jours de son précédent film. Mais cette fois-ci, il internationalise son récit en prenant pour protagonistes les douaniers de la frontière franco-belge de Courquain à la veille de l'ouverture de l'Union européenne en 1993.

Autant dire que si vous avez aimé l'humour un peu vieillot et franchouillard de Bienvenue chez les Ch'tis, ce film comblera amplement vos attentes.

Mais pour le cinéphile un peu plus exigeant, force est de constater que Rien à déclarer est un énorme gâchis. Partant d'un scénario plutôt drôle et original, Dany Boon délivre un film balourd et frustrant. Le propos de l'histoire et les thèmes développés sont toutefois méritoires. Dany Boon aborde par exemple la xénophobie et le racisme avec humour bien sûr mais aussi avec un fond de réflexion sur les origines de celles-ci. La scène du repas familial chez les Vandervoorde en est une illustration frappante. Malheureusement, le traitement choisi par Dany Boon alourdit le propos et manque immanquablement de finesse.

Après tout, n'est pas Gérard Oury ou Patrice Leconte qui veut. Réaliser une bonne comédie demande, en plus de dialogues exquis, un sens du timing et de la chorégraphie irréprochables de la part du réalisateur. Ces atouts font défauts à Danny Boon qui persiste à vouloir réaliser lui-même ce qu'il écrit. Cet entêtement se fait ainsi au détriment de l'oeuvre qui gagnerait à avoir un réalisateur plus inspiré qui sache orchestrer son petit monde. Dany Boon, très dirigiste par crainte de voir son récit lui échapper, laisse peu de place à ses acteurs pour improviser et injecter ce petit grain de folie qui rendent les films cultes. Pourquoi engager le génial Benoît Poelvoorde si c'est pour le museler sur le plateau? La pauvreté des insultes que son personnage Ruben lance à l'encontre des Français reflète cette volonté de Dany Boon de vouloir maîtriser son récit de bout en bout. Là où les Frères Farrelly permettent à Jim Carrey d'inventer de nouvelles insultes à chaque prise, Dany Boon, lui, oblige Poelvoorde à n'utiliser que les mots camemberts et frouzes pour faire rire le public. C'est maigre. De plus, il s'entoure de gueules du cinéma franco-belge (François Damiens, Bouli Lanners ou Bruno Lochet pour ne citer qu'eux) sans en tirer tout le potentiel qu'on est en droit d'attendre de cette distribution en or. En voulant garder le contrôle sur tout, de l'écriture à l'interprétation, Dany Boon bride involontairement son film à notre plus grand regret.

Néanmoins, même si Rien à déclarer n'est pas un parangon de comédie réussie, son humour suranné plaira certainement au spectateur bon public qui n'a pas honte de rire à gorge déployée au énième «freeeeeeze» meuglé par Benoît Poelvoorde.
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le 29 janv. 2011

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