La vérité est au fond du puis

    Sueurs froides ?  Peur bleue ? Profond malaise ? Ce qui fait de ring une référence du genre, c’es sa faculté à faire peur sans jamais se contenter de l’effet ou l’image choc. Il compte plutôt sur une habile montée de la tension nerveuse. Alors malaise il y a. C’est calme, et ça se passe comme un drame ordinaire, mais on n’est pas à l’aise. L’histoire devient vite banale comme son déroulement, alors que ça démarre fort. Une cassette vidéo maudite provoque la mort ( ?)  Une fois que vous la visionnez, vous recevez un coup de fil, et il vous reste une semaine à vivre. Compte à rebours. Il faut être nippon pour inventer un truc aussi tordu, non ?

     Et là, l’attente commence. Comment trouver la parade pour conjurer ce sort ? C’est une malédiction ? Jeu-jouet d’un esprit malin ? D’un démon ? 7 jours à vivre. 7, chiffre symbolique s’il en est. Les premières victimes sont des lycéennes trop curieuses. Mort horrible, visage figé d’effroi, comme si elles voyaient la Mort…en personne. Qui peut croire à une histoire pareille ? Personne. C’est pour ça que la force du film est de ne pas traiter le sujet de front, mais plutôt de profil. Une journaliste mène l’enquête. Et ça ressemble à une investigation tout à fait normale. Aucune force obscure en vue. Au contraire, ça devient carrément domestique. Elle est coincée entre son ex, et elle vit seule avec son petit garçon. La première vision de Ring m’avait scotchée comme beaucoup. Et je me suis demandé comment ils avaient réussis à me faire marcher à ce point.

    Et maintenant je me rends compte de l’évidence. Ring est un mélange entre un mélodrame, et un film de fantômes dans la plus pure tradition nippone. Un montage volontairement très clair, sans chausse-trappes, et un subtil travail sonore qui joue à nous endormir, pour préparer nos nerfs au pire. On est tellement détendu qu’on ne sent même pas l’horreur venir. Le rythme volontairement lent et anti spectaculaire. Le retour de l’horreur dans toute sa splendeur sur le tard, de façon implacable, alors que tout semblait être réglé.

   Le mélange entre trucages vidéos d’école, ayant la force du travail artisanal bien fait, et ancrant le film dans un passé, mythique, et mystique. Mêler drame, histoire et fantôme du passé. Mystère et modernité. L’île volcanique, la quête.  Le monstre, l’esprit malin, qui semble être une femelle. Une être maléfique insaisissable, et dont on a du mal à savoir s’elle est finalement bonne ou mauvaise. C’est bien un film japonais. Peut-être que cet être qui a souffert dans le passé, à tout simplement besoin d’aide, pour trouver le repos, et calmer sa haine du genre humain. Peut-être. Les humains qui ne sont pas épargnés dans le film, d’ailleurs. Tour à tour mauvais, égoïstes, ou crapules. Une plongée dans le subconscient collectif, avec comme fil conducteur, un fantôme maléfique coincé entre deux mondes.

    Et cerise sur le gâteau, une lecture analytique d’une relation de couple, qui n’arrive pas à faire le deuil de la séparation. Le père absent, revient pour aider son ex femme à sauver le monde. (Ceux qui ont déjà vus le film comprendront l’allusion). Et il lui donne un sérieux coup demain, à son ex. Un couple de circonstance, recomposé, qui va remuer mer et mauvais temps, lutter contre vents et marées, pour aller sur l’île et résoudre l’énigme. A savoir pourquoi ils se sont séparés, vu l’équipe qu’ils forment tous les deux, je ne sais pas. Et de nombreux indices montrent que tout n’est pas  si rose. Ce gars cache de gros défauts sous un apparent flegme viril, à toute épreuve. C’est un drame psycho, caché dans un film d’horreur conjugal. Avec les poncifs. Le volcan, la quête. Le compte à rebours. Et la longue scène du puits, où l’un et l’autre se relayent pour le vider, à l’aide d’un seau et d’une simple corde. Scène très parlante. Et quand on pensait que tout était fini…