Une rivière aussi indomptable que Marilyn Monroe.


-J'ai l'impression que tout le monde va s'occuper de moi, et eux aussi. Bon il faut filer d'ici. On prend le radeau, allez viens fils.
-Mais comment ça le radeau vous disiez que...
-Ce que j'ai dit avant ne compte pas. Nous n'avons pas le choix maintenant. Prenez vos affaires.
-Venez Kay!
-Dépêchons!



Le réalisateur Otto Preminger, propose avec Rivière Sans Retour un western pour le moins original et inaccoutumé pour l'époque puisqu'il met face à face non pas un shérif ou chasseur de primes contre des brigands ou Indiens mais principalement l'homme contre la nature. Ce n'est pas le meilleur des westerns, mais il est assez unique en son genre. C'est très clairement inspirée, divertissant et sacrément dynamique. Un survival aux allures de course poursuite infernale dans un tournage de l'extrême très compliqué qui ne fut pas de tout repos surtout pour la star du film Marilyn Monroe qui par deux fois manquera de se tuer dans les précipices ou elle sera sauvée in extremis par le comédien Robert Mitchum. Ajoutons à cela un tournage compliqué à cause du cadre mais surtout dû à la confrontation constante entre le réalisateur et Marilyn Monroe avec ses problèmes psychologiques. À un point ou la comédienne et le cinéaste Otto Preminger ont cessé de parler et ne communiquaient plus que par l'acteur Mitchum.


Le récit se déroule dans le nord-ouest du Canada dans la province d'Alberta, sur un territoire indien sauvage aux décors somptueux ou le silence de la nature n'est rompu que par le bruit violent des rapides au bord des chutes qui sont autant spectaculaires que dangereuses et qui seront au centre de l'action. En effet les héros de cette pièce après moult péripéties n'ont d'autre solution que de descendre les rapides en radeau pour se rendre en ville. Un scénario assez simple dans son schéma mais qui propose une aventure pleine d'énergie pourvue d'un sens profond et nuancé de maturité sur les artefacts immatures de l'honneur. L'honneur vos t'il mieux que la vie elle-même? Abattre un homme dans le dos est-ce si grave si c'est pour protéger ceux que l'on aime? C'est cette réalité de la vie que le jeune garçon Mark Calder(Tommy Rettig) va apprendre à découvrir au côté de son père Matt Calder(Robert Mitchum) et Kay Weston(Marilyn Monroe).



-Viens ici Mark, j'aurais du te le dire moi-même.
-Tu as fait ce qu'elle a dit?
-Ouai. Écoute, l'homme était un vaurien. Il allait tuer un de mes amis, alors je lui ai tiré dessus. On m'a envoyé en prison pour cela.
C'est pour cette raison que je n'étais pas avec toi. Je te l'aurais
dit plus facilement quand tu aurais été grand.
-Tu lui as tiré dans le dos c'est vrai?
-Oui je l'ai abattu! Qu'est-ce que ça fait que ce soit dans le dos ou de face! Quelle importance quand on tue un serpent peu importé de quel
côté il regarde!



En plus des décors sauvages majestueux et spectaculaires ainsi que de ses Rocheuses des montagnes, on découvre des lacs de rêve et des cours d'eau aux vagues puissantes et des rapides surprenants.
Les costumes sont également bien travaillés particulièrement autour des différentes tenues de Marilyn Monroe. Avec sa robe rouge vif et l'autre vert sombre, elle nous fait tourner de l'oeil avec un antre-ouverture saisissante où les belles cuisses de la comédienne en ressortent le temps d'une chanson. Une durée suffisante pour nous faire tomber amoureux, et puis quel jeu de jambes!
Les chansons sont vraiment bonnes, composées par Lionel Newman et Cyrill J. Mockdridge et bien entendu interprétées guitare à la main par Marilyn Monroe avec des titres comme River of no-return, One silver dollar... Une playlist de chansons apparaissant à diverses scènes du long métrage pas du tout barbante. Apparaissant comme une douceur, une petite trêve avant de retourner dans l'enfer de la descente.


Les scènes d'action sont vertigineuses le tout agrémenté d'un suspens assez constant. L'action autour de la rivière est dramatiquement puissante. Le réalisateur parvient à créer une tension constante et palpable autour des protagonistes confèrent une atmosphère menaçante à l'histoire. Parfaitement dosé, n'en faisant jamais des tonnes pour garder ce réalisme. Il est à noter un effort d'équité dans les actions délivrées où l'homme et la femme en font autant l'un que l'autre fait rare pour l'époque. Entre les séquences d'altercation les séquences de romances s'incurvent subtilement et apportent plus de douceur.


La mise en scène est impeccable pour l'époque livrant un jeu de caméra superbe qui embrasse magnifiquement la nature. Bon certains effets spéciaux ont clairement très vieilli, mais pas au point de nous rendre le visionnage indigeste. À regretter des dialogues un peu trop souvent simplistes au raisonnement rudimentaire même si la trame réussit à tempérer un minimum. Un final un brin trop expéditif même si j'ai aimé son syllogisme qui clairement va dans le sens du questionnement du jeune Mark. Et enfin un petit esprit niais qui quelquefois apparaît et vient un peu faire chuter l'ambiance instaurée.


Vient enfin la distribution en commençant par la plantureuse Marilyn Monroe qui sous les traits de Kay Weston la chanteuse de saloon à la silhouette unique en son genre s'en sort sublimement. Sa performance m'a réellement surpris, elle est charismatique, forte et possède cette nuance de douceur la rendant si mystérieuse et magnétique. Elle est très crédible autant en tant qu'aventurière qu'en figure maternelle protectrice. Robert Mitchum alias Matt Calder représente le héros par excellence fort de sa stature ainsi que de sa moralité et de sa droiture exceptionnelle cachant pourtant un personnage bien plus profond que cela. Le jeune Tommy Rettig incarne le fils de Calder, Mark, dont la vie n'a pas été tendre avec lui mais qui fait preuve de courage. Le raisonnement du film s'accentue autour de lui et de ce qu'il ressent pour son père, avec une action finale répondant clairement à la question de savoir si son père est un lâche ou non. Enfin vient l'antagoniste principal Rory Calhoun soit Harry Weston qui finalement ne présente pas comme le vilain de base, apportant un peu plus de flèche à son arc même si dans le fond il reste un pourri.


CONCLUSION:


Rivière sans retour est un film d'aventures qui entraîne ses personnages dans une course contre la montre dans les flots tumultueux du Canada dans des courants aussi puissants que menaçants. Le film en met plein les yeux à travers des décors riches et superbes ou le spectateur s'accroche à son siège comme les héros se cramponnent à leurs radeaux. Une belle surprise amenant une véritable nuance au genre du western et sans tomber dans les clichés de l'époque. Bien que la réalisation fût catastrophique il faut admettre que ce film était en avance sur son temps.



Un grand classique!


B_Jérémy
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste « WESTERN ! » : classement du meilleur au pire des films du genre

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le 16 mars 2019

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