Tout d'abord, précisons qu'il ne s'agit pas là d'un Robin "des bois" au sens classique du terme, car des "bois" dont il est réellement question (j'entends là les bois de la forêt de Sherwood) on n'en voit pas une branche : ils n'apparaissent qu'à la toute fin du film pour dévoiler une suite assez inattendue. Et parce que Robin ne se cache que dans les ruines de sa demeure, vous conviendrez qu'il y a donc d'emblée un décalage qui s'opère avec le Walt Disney de 1973 et surtout l'obligatoire "Robin des bois, prince des voleurs" de 1991 qui tout à coup me manque cruellement par sa (je n'osai imaginer dire ça) justesse de ton. Pour commencer mal, le titre du film n'est donc pas en phase avec ce qu'il indique géographiquement, avec l'emplacement qu'il précise comme une évidence. Plus sobrement, "Robin" aurait plus été en adéquation avec le contenu du film.
Pas complètement raté non plus, le film accumule des ingrédients qui, même s'ils sont osés et peuvent faire montre d'une certaine audace pour créer un ensemble plutôt moderne, flirtent souvent avec le mauvais goût. Ainsi, il est possible de voir que certains costumes, à commencer par le long manteau en cuir du Shériff, peuvent tantôt nous faire sourire, tantôt nous convaincre, amenant une forme d'élégance sans que l'on sache si celle-ci est raffinée, avant-gardiste ou grossière. Au delà de l'aspect des vêtements, qui par leur étrange propreté (l'histoire se déroule quand même au Moyen-Âge) renvoient paradoxalement à la dégueulasserie de ceux des personnages du film de 1991, les acteurs campant des personnages jamais hirsutes, toujours bien habillés, coiffés, peignés, sentant le parfum jusque dans la salle de projection ne sont pas, dès le début, dans la possibilité de nous convaincre et d'essayer de nous "faire croire" à quelque chose de probant. Là aussi, comme avec le titre, il y a un décalage pénible qui m'a longuement fait faire la moue durant la séance.
Autre pénibilité, le scénario, qui plonge dans une histoire politique, intéressante au départ, de financement de la guerre des croisades mais qui part de manière redondante dans une enquête longuette et manquant clairement d'adrénaline. Dommage. L'histoire avait un curieux écho avec la guerre en Irak au début du film, lorsque Robin se retrouve archer dans l'armée d'Angleterre. Expérience traumatisante de la guerre montrant des archers en position de snipers, scènes de tortures renvoyant au tristement célèbre camp de Guantanamo, soldat épuisés, visages éprouvés couverts de poussière et de sable. Pertes terribles. Réalisme. Il s'agissait là des meilleures scènes du film. Ce cadre de guerre en Arabie était le meilleur atout du film, là où l'histoire trouvait un souffle, mais qui hélas ne dure qu'un temps puisque dès le retour en Angleterre du héros, le souffle retombe comme un soufflé.
Même si Ben Mendelsohn (qui interprète le shériff) s'amuse comme un petit fou et convainc par son jeu et son charisme, et même s'il y a F.Murray Abraham, on ne peut que déplorer le fait que les producteurs préfèrent souvent mettre en valeur ces acteurs interchangeables, ternes et sans grands reliefs, aux visages (pâles), sans expressions ni émotions. A l'instar d'un Sam Worthington ou d'un Chris Hemsworth, Taron Egerton semble effectivement être le parfait reflet de son époque, ...et du film.
3,5/10.