N'ayant pas revu depuis très (trop) longtemps le classique de Michael Curtiz et William Keighley, je me passerai de comparaisons, ou alors avec celle d'Otto Bathurst, mais d'une telle médiocrité que je n'ai pas envie d'y revenir. Bref, « Robin des Bois, prince des voleurs », c'est sympa. Kevin Reynolds connaît son métier, il y a des moyens, un récit légendaire connu de tous, du panache, de l'action, des grands sentiments, un casting souvent fort en charisme : de quoi passer un bon moment, ayant le mérite de ne pas se prendre trop au sérieux, assumant même un côté légèrement délirant, foufou de temps à autre.
C'est peut-être aussi son principal défaut : à force d'être généreux, il a un peu tendance à s'éparpiller, à garder une vraie ligne conductrice. Il aurait presque fallu plus de gravité, plus de rigueur dans la façon de mener un scénario divertissant mais prenant beaucoup avec la vérité historique, donnant presque l'impression d'avoir deux films en un, notamment avec cette intrigue autour de la sorcellerie. Je trouve également que certaines scènes d'action manquent de grandeur, comme si Reynolds n'arrivait pas à élargir l'écran pour leur donner plus de place.
Mais j'ai presque envie d'écrire que tout ça est un détail face à LA grande attraction de l'œuvre : j'ai bien évidemment nommé la prestation d'Alan Rickman en shérif de Notthingham. En roue libre totale et complète du début à la fin, l'anglais fait rentrer le cabotinage dans une nouvelle dimension, semblant constamment sous drogue et réécrivant visiblement de temps à autre ses dialogues pour un résultat irréel : on est au-delà de bien ou mal jouer, c'est... autre.
Face à lui, Kevin Costner en impose dans le rôle-titre, secondé comme il se doit par un Morgan Freeman de la grande époque. Déception, en revanche, pour une fade Mary Elisabeth Mastrantonio en Marianne. Une grosse production s'affirmant comme telle, dynamique et faisant souvent le boulot, sans offrir plus ou à nous marquer au-delà du plaisant divertissement que l'on était venu chercher, si ce n'est pour l'anachronique et pour le coup vraiment inoubliable (libre à vous d'en choisir le sens!) « Everything I Do » de Bryan Adams.