RoboCop 3
3.6
RoboCop 3

Film de Fred Dekker (1993)

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La production n’aura pas attendu longtemps pour lancer RoboCop 3 : quelques mois après la sortie du 2, c’est pour dire ! Et comme si cela ne suffisait pas, le tournage s’est bouclé rapidement en 1991. Le film devra pourtant attendre 1993 pour sortir dans les salles, en raison de problèmes financiers de la compagnie Orion Pictures. Affichant déjà cette ombre au tableau, RoboCop 3 avait de quoi faire douter ! Et à la vue du résultat final, on aurait bien aimé se tromper…

Encore une fois, le scénario de base est signé Frank Miller, comme pour le 2. Mais là aussi, sa version ne semble pas avoir entièrement plu aux producteurs, qui ont une nouvelle fois remanié le tout. Et pas qu’un peu ! Car, en choisissant un réalisateur inconnu au bataillon (Fred Dekker, scénariste de la série Les Contes de la Crypte), ils ont pu avoir la main mise sur le projet à 200 %. N’ayant ainsi aucun mal à imposer leur vision et surtout leurs conditions. À savoir faire un film de plus, histoire de renouer avec le succès des épisodes précédents. Seulement voilà, au bout d’un moment, l’arnaque ne prend plus ! Surtout quand l’histoire qui nous est présentée ici ne s’intéresse qu’à une banale résistance menée par les habitants d’un quartier face à l’OCP (la société ayant créé RoboCop). À laquelle notre célèbre cyborg prendra part, bien évidemment ! Juste ça et rien d’autre ! Ôtant toute complexité du personnage (un être robotique qui s’humanise) et quelques critiques sociétales lancées par le premier film. Bref, là aussi tout semble avoir été vulgarisé par la production pour que RoboCop 3 soit un produit divertissant, rien de plus !

Mais ce qui choque le plus avec cet opus plutôt que le précédent, c’est la disparition totale des codes de la saga. Et cela, c’est tout simplement impardonnable ! Les producteurs, dans leur quête de viser avec ce long-métrage un plus large public, ont carrément démoli l’univers de RoboCop. Rien qu’en diminuant la limite d’âge ! RoboCop 3 est l’opus le moins violent de la saga (surtout au fait d’avoir introduit au récit une gamine qui rend l’ensemble plutôt enfantin) et le moins drôle, n’usant quasiment pas de l’humour noir propre à la série (sauf pour une séquence de suicide). Et n’oublions pas les fameuses scènes de journaux télévisés, qui ne se sont jamais montrées aussi inutiles qu’ici !

Sans compter que Fred Dekker n’a rien d’un réalisateur talentueux. Qui ne fait que filmer plan par plan chaque séquence sans aucune imagination, n’insufflant que du ridicule (en même temps, la BO bien trop poussée aide à ce désastre) au lieu d’un panache qui aurait été bienvenu (les scènes de courses-poursuites sont d’une mollesse exécrable !). Parfois, il s’essaye à quelques effets de style (comme un zoom sur le visage d’un personnage, ou bien un plan éloigné) qui ne font qu’empirer l’allure grotesque du long-métrage. De plus, RoboCop 3 donne l’impression d’avoir été mis en boîte rapidement, le réalisateur et son monteur n’ayant pas pris la peine de cacher quelques éléments du plateau de tournage (cascade avec une voiture sans pilote alors qu’il devrait y en avoir un, rampe visible permettant le saut d’une voiture…).

Qui, d’ailleurs, n’est nullement aidé par un budget à ras les pâquerettes. Quoiqu’en se penchant sur le coût de ce troisième opus, il reste pourtant bien plus cher que le film de Paul Verhoeven (22 millions de dollars contre 13 millions). Ce qui n’empêche pas d’avoir un produit qui ne cache malheureusement pas son statut de « petit long-métrage ». Que ce soit au niveau du costume de RoboCop (le côté plastique de ce dernier ressort un peu trop, certaines parties au niveau du bassin se pliant comme du papier) que les scènes d’action. Ennuyeuses à mourir et non pas seulement à cause de la mollesse de la mise en scène. Mais aussi de la chorégraphie et du montage brouillons des séquences de combat (où notre RoboCop affronte un simili Terminator asiatique sorti de nulle part…) et de courses-poursuites (on sent bien que la plupart des véhicules roulent au ralenti). En passant par des effets spéciaux (incrustations à l’écran, animation en stop-motion) qui semblent littéralement venir d’un autre âge !

Et enfin, au niveau du casting, cela ne vole pas bien haut non plus ! Les acteurs habituels de la saga se retrouvant dans ce troisième opus avec des rôles vraiment secondaires et peu étoffés (dont Anne Lewis jouée par Nancy Allen ; en même temps, c’était le choix de l’actrice) et le remplacement de Peter Weller par Robert John Burke qui ne passe pas inaperçu. Le comédien se montrant bien trop expressif alors que son personnage exige le contraire.

RoboCop 3 est vraiment ce que nous pouvons appeler l’épisode de trop. L’opus le plus hollywoodien de la trilogie et, de ce fait, le plus mauvais ! Certes, il peut divertir quelques instants. Mais après avoir vu les deux premiers films (oui, même le second se révèle être bon à côté de celui-ci !), on ne peut que rester de marbre face à tant de bêtises. En même temps, les années 80 sont finies. Cette période où Hollywood se permettait de prendre des risques. Celle qui a vu naître une bonne tripotée de succès devenus cultes. RoboCop 3 étant « né » après, ce n’est finalement pas si étonnant de voir le célèbre cyborg de Verhoeven déchoir de la sorte !
sebastiendecocq
2
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le 8 févr. 2014

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