Robot Holocaust
3.1
Robot Holocaust

Film de Tim Kincaid (1986)

Je suis persuadé que vous ne connaissez pas le réalisateur Tim Kincaid. Pourtant, ce dernier a pas moins de 79 films en tant que réalisateur à son actif, s’étalant de 1973 à 2017. Oui, rien que ça ! 79 films dont 71 pornos gays qu’il a signés sous le pseudonyme Joe Gage. Red Ball Express, Le Secret des Routiers, Dad goes to College ou bien la saga des Joe Gage Sex Files volume 1 à 24 ne sont que quelques-uns des titres qu’on peut y trouver. Mais après 13 films, sans doute las de mettre en scène la nature qui a horreur du vide, il se dit qu’il irait bien faire un tour chez Charles Band se retient de faire un jeu de mots foireux, et ses divers studios, pour voir s’il n’avait pas du boulot pour lui. Ce bon vieux Charlie ne se posa pas plus de questions que ça, et signa avec Tim Kincaid un contrat pour trois films. C’est ainsi que ce dernier rejoignit la bande à Band et accoucha sur pellicule Bad Girls Dormitory (1986), Breeders (1986) et le Robot Holocaust qui va nous intéresser aujourd’hui. Une bonne grosse bouse sans le sou qui m’aura bien fait marrer.


Bon, tout ne s’est pas passé exactement comme ça. C’est suite à son mariage avec la productrice Cynthia De Paula que sa carrière va complètement changer. Il abandonne donc sa carrière dans le porno et va se consacrer au cinéma bis sur les souhaits de sa femme. Si Charles Band a aussi vite dit oui à Tim Kincaid, c’est parce que son expérience dans le porno lui a appris à tourner extrêmement vite et avec trois bouts de ficelle et ça, c’est très important pour Band qui ne donnait pas beaucoup de temps et de blé à ses réalisateurs. Bad Girls Dormitory, Breeders et Robots Holocaust ont tous trois été tournés la même année, tous avec un budget plus ridicule les uns que les autres. Après son passage chez Band, Tim Kincaid enchaina avec le drame Riot on 42nd St (1987), le film fantastique The Occultist (1988), et la comédie Morte mais pas Trop (1989) pour lequel Carrie Fischer affirme ne même pas se souvenir du tournage tellement elle était shootée à la cocaïne. Après cela, c’est la disparition totale de Tim Kincaid. Déçu de sa carrière (tu m’étonnes), il laisse tomber la réalisation et devient tour à tour producteur, écrivain, ou encore directeur de casting. Mais suite à son divorce en 2001, l’envie de filmer en gros plan des anus se faire pénétrer par des chibres calibre 45 est trop forte, il fait son grand retour dans le porno gay. Et comme il faut rattraper ce retard qu’il a accumulé à cause de son mariage, il va pondre pas moins de 58 films en 16 ans, devenant dans le milieu un des réalisateurs les plus prisés par le public homosexuel masculin.
Oui, je sais, ce paragraphe n’a dans l’absolu pas grand-chose à voir avec le film Robot Holocaust, mais il était nécessaire de connaitre un peu le réalisateur afin de comprendre certains aspects du film.


Les robots se sont rebellés et ont fait des ravages sur Terre, encore plus que les guerres nucléaires. Le monde a été obligé de s’agenouiller devant l’holocauste des robots. Les derniers survivants sont appelés Les Esclaves de l’Air. Un être malfaisant, appelé Dark One, contrôle leur atmosphère. Mais une race légendaire se serait acclimatée à l’air empoisonné. C’est du moins ce que nous raconte une voix off en préambule. Et Robot Holocaust, c’est de la bonne grosse chiasse. Mais ça, je ne le savais pas avant de me lancer dans le film. Bon, j’avoue, avec son 2.3/10 sur IMDB et son 16/100 sur Rotten Tomatoes, je me doutais bien que je n’allais pas découvrir un chef d’œuvre du 7ème art, ni même juste un bon film d’ailleurs. Et vous savez quoi ? Figurez-vous qu’il paraitrait que c’est le moins mauvais du réalisateur. Je n’ose imaginer les purges que doivent être les autres. Enfin bref, revenons à nos moutons, enfin, à notre étron. Faut dire que sa jaquette promettait quelque chose de grandiose, avec un héros bodybuildé arborant fièrement une épée, aux côtés d’un cyborg équipé d’une mitraillette, protégeant une demoiselle très légèrement vêtue à ses pieds d’une horde de robots tueurs, de vers géants aux dents acérées, le tout sous le regard en fond du grand méchant aux yeux rouges. Ça m’a tout de suite rappelé quelque chose… Oui, voilà, la jaquette du premier Star Wars à laquelle on aurait rajouté les vers des sables de Dune. Voilà, du pur Charles Band, bien racoleur, qui bouffe à tous les râteliers, qui n’en a rien à carrer.


L’histoire, c’est donc du Star Wars. Entre les êtres « supérieurs » qui font référence aux Jedis, le sidekick robot du héros qui ressemble à s’y méprendre à un C3-PO qui aurait pris un 33 tonnes de plein fouet, un méchant qui s’appelle Dark V… euh Dark One, la rébellion qui s’organise, des mutants surgissant de nulle part en guise d’hommes des sables, ou encore la réplique « Ils sont notre seul espoir », on n’est pas loin du plagiat. Mais comme on n’a pas froid aux oreilles, on rajoute une créature qui sort par le ventre façon Alien, un barbare en petite tenue semblant sortir de Conan, et donc les fameux vers géants façon Dune, mais surtout façon j’ai pas une thune donc j’improvise un truc avec des marionnettes en latex toutes petites sortant des murs. Oui, tous ces films sont d’actualité, donc on va les pomper sans vergogne. Bon, paraitrait que le film a été vendu en surfant sur la vague Terminator, mais c’est sans doute le seul film de la fin des années 70/début 80 dont il ne s’inspire pas. Mystère, mystère… Mais avant de continuer, attardons-nous sur ledit barbare. Déjà, on ne sait pas réellement ce qu’il fout là. Il ne parle pas parce qu’une tribu d’amazones féministes extrémistes lui a coupé la langue pour pouvoir abuser de lui ; il semble avoir fait un passage chez Franck Provost avant le tournage si on s’en réfère à sa permanente parfaite ; et il se balade tout le long en slip barbare moule-burnes. Bon, pour ce dernier point, il suffit de jeter un œil à la carrière du réalisateur pour comprendre qu’il a juste voulu se rincer l’œil devant ce beau mâle bien bâti. D’ailleurs, je me rends compte en écrivant ces lignes qu’une bonne majorité des personnages masculins sont assez dénudés du haut du corps. Ah là là, quel coquin ce Tim Kincaid, il n’en rate pas une pour se faire frétiller la quéquette. Enfin bref.


Le film commence par un duel entre deux guerriers dans une sorte d’entrepôt. Ils veulent savoir qui est le plus fort, et le public est on fire devant ce spectacle. Déjà, dès cette première scène, on sent que le spectacle va tendre vers le Z le plus total. Le combat est d’une mollesse affligeante et surtout interminable, le public représente à lui tout seul le manque flagrant de budget du film, avec ses bouts d’étoffes et de filets en guise de costumes. Apparait un des méchants qui dénote vachement avec le reste car lui, sincèrement, il a la classe. Mais vraiment la classe hein, aucune ironie là-dedans. Puis tour à tour vont nous être présentés les différents protagonistes de l’histoire. Notre fameux C3-PO bas de gamme, qui fait les poches des gens ; le héros monolithique avec son pote qui regarde ça de loin ; l’héroïne et son papounet trainent également dans le coin. Soudain, ça se rebelle et le grand méchant Dark One, ou plutôt la voix de Dark One, coupe l’atmosphère à tout le monde (oui oui, l’atmosphère). Là, ça se met à mal jouer. On a l’impression qu’ils font comme s’ils avaient du mal à respirer. Ah oui voilà, c’est ça. Attendez, c’est dur à capter les émotions quand on a un jeu à faire pâlir les acteurs de chez AB Production. Mais ni le héros et son pote, ni l’héroïne et son papa ne semblent touchés par cela. Sont-ils de cette race légendaire dont nous parlait la voix-off ? Ah oui, j’oubliais la méchante, se baladant en tenue moulante sans culotte, laissant deviner ses tétons (il faisait froid sur le plateau ?) et dont on est persuadé qu’elle montrera très vite ses seins car Charles Band oblige, il faut du plan boobs. Bref, c’est le moment de lancer l’histoire ! Ça chie dans les chaumières, le papa de la belle héroïne est capturé, nos héros sont obligés de fuir. Ils s’échappent de l’entrepôt et, comme on n’a pas un rond, eh bien notre petite troupe part à l’aventure dans des terrains vagues. Avec en fond un New York impeccable. C’est fou cette apocalypse qui ne détruit pas les bâtiments.


Alors qu’ils errent à la recherche de la station dans laquelle papounet a été enfermé, ils croisent notre fameuse tribu d’amazones maquillées à la truelle et vont se faire refourguer Connard le Barbant. Leurs aventures les amènent dans une caverne sombre, étroite, humide (mmmmh…), quand soudain ils se font attaquer par les fameux vers de l’affiche du film, qui ressemblent plus à des phallus avec trois dents collées au bout. Bon, en fait c’est des mains dans des trucs façon marionnettes en latex. Ah ben on n’a pas de sous, on fait comme on peut ! Entre temps, la méchante est allée faire un tour dans la machine à plaisir de la base des méchants. Oui, ce n’est pas parce qu’on a envie de détruire le monde qu’on n’a pas le droit de se faire un petit plaisir solitaire. Eh ben le voilà notre plan nichon, stylisé et tout, avec des lumières multicolores et de la fumée. Il aura fallu attendre 20 minutes pour l’avoir. Et il faut en profiter, car ça sera le seul ! Oui oui, le seul ! Robot Holocaust est très avare en attributs mammaires, n’oubliez pas qui est à la barre ! Notre brochette de héros avariés continue ses péripéties dans des décors tous plus pauvres les uns que les autres, rencontrent une araignée géante, ou tout du moins une patte d’araignée géante car on n’avait pas le budget pour fabriquer le reste, échangent des dialogues beaucoup trop longs pour le peu qu’ils veulent dire. Pendant ce temps, l’armée de Dark One s’agite parce que nos héros se rapprochent. Enfin, l’armée… deux robots, oui, deux, faits de bric et de broc hein. Et pendant ce temps, notre méchante parle avec Dark One à travers une sphère en plastique accrochée à un mur (certains diront que ça ressemble à un boobs). Puis comme elle est quand même d’une efficacité proche du néant, elle se fait cramer la gueule par Dark One. Ouais, il est comme ça, sans pitié. Mais en fait elle n’est pas morte ah ah, et la grande scène finale arrive, même si elle n’aura de grand que… euh… bah rien du tout en fait. Ça se tabasse vaguement à l’épée, ça balance de la réplique sans entrain, quelques personnages meurent et on s’en cague éperdument et même que les héros gagnent à la fin ! Ouais, c’était génial ! (là oui c’est ironique).


Alors ce Robot Holocaust, nanar ou navet ? Cette question est malgré tout assez subjective. Mais moi, je me suis bien marré ! C’est sûr, tout est complètement à chier. Si on exclut le personnage de Torque qui, comme je le disais plus haut, est étonnement réussi, les costumes sont d’une pauvreté hallucinante. On n’est pas chez du Wynorski ou du Fred Olen Ray, mais que c’est moche. Sans parler des décors où le boulot de l’accessoiriste a, la plupart du temps, été de prendre un peu tout ce qu’il trouvait dans une décharge et de poser ça là, viteuf, en tas. Chaque scène transpire le manque de pognon. La mise en scène est inexistante. Des plans fixes, des gros plans, re des plans fixes, … Oui, Tim Kincaid filme du post-apo comme du porno. Les scènes d’action sont molles, mais moooooooooooolles… Aucune intensité, on frôle carrément l’anémie. Le film n’explique absolument rien. D’où sort réellement le grand méchant ? OSEF. Pourquoi certains sont immunisés aux coupures d’oxygène ? OSEF. Qu’est-ce que viennent faire ce barbare et cette tribu d’amazone ? OSEF. En même temps, pourquoi je me pose ces questions moi aussi. C’est vrai quoi, pourquoi… Et puis, est-ce que les acteurs se rendaient vraiment compte dans quoi ils étaient en train de tourner ? A tous les coups, à la cantine, on leur mettait de la drogue dans la nourriture. Ils jouent tous comme des pipes. Mais attention, des pipes de compétition hein, pas la pipe bas de gamme de chez Gifi. Oui, et on a trouvé presque pire que la mort de Cotillard dans Batman : The Dark Knight. Si si, je vous jure, c’est dire le niveau ! Je ne vous parle même pas du doublage français où l’intégralité des intervenants semble sous Lexomil. Et puis, quel charisme ! Le héros du film en manque tellement qu’on se demande si c’est bien lui le héros. Vraiment j’aurais passé un bon moment devant cette zèderie qui m’aura mis le sourire durant 1h17 en plus de me faire prendre des crises de rire devant la nullité abyssale du bousin.


Robot Holocaust est un film tellement nul qu’il en devient épique. Voilà c’est ça, Robot Holocaust est un film épiquement nul, c’est la formule qui lui convient le mieux. C’était bien gratiné comme il faut.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

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le 26 oct. 2020

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