Visconti porte à l’écran l’histoire tragique d’une famille ordinaire. Une mère et ses cinq fils adorés. L’aîné Vincenzo parti fonder sa propre famille avec la belle Ginetta(Claudia Cardinal), Simone, le méchant : égoïste, jaloux et violent, Rocco celui du milieu : champion boxeur incapable de faire mal à une mouche, Ciro : le plus équilibré du groupe qui assiste désespérément au drame qui se joue et qui prend Lucas, le cadet, sous son aile. Au milieu du quintuple, Nadia, une prostituée brillante et fière mais complètement brisée, impuissante à remonter la spirale de l’enfer, tout comme Simone qui finira par la poignarder. Le scénario en cinq chapitres mettant tour à tour le focus sur les cinq frangins est bâti avec l’intention d’en faire une saga. La matière y est. La psychologie des rôles est habilement dessinée mais le jeu inconstant et appuyé des acteurs dans l’ensemble fait en sorte qu’on croit difficilement à l’expression dramatique des personnages et aux relations qu’ils entretiennent. Cela empêche l’œuvre de Visconti d’atteindre son plein potentiel comme ce fut le cas avec Les nuits blanches sorti trois ans auparavant ou Le guépard trois ans plus tard. Lorsque le film bascule dans la tragédie avec la séquence du viol de Nadia par Simone aux yeux de son frère Rocco, le spectateur devrait être saisi et absorbé émotionnellement pour la balance du film, ce qui n’est pas le cas. Pour le reste, l’action est filmée sans artifice et nous montre la vie quotidienne milanaise comme elle est, c’est-à-dire dure et parfois sans pitié.