Atterrissage en catastrophe

Au décollage

Rock N Roll, ça m'a vendu du rêve. J'ai toujours un gros béguin pour ce duo d'acteurs que j'ai découvert dans jeux d'enfants et qui sont devenus derrière la caméra ce qu'ils étaient devant.
Le pitch de départ était prometteur, un film auto-critique qui romançait tout en ne cachant rien d'une réalité, d'une authenticité entre les deux acteurs.
Je ne sais pas à quoi je m'attendais au final ... plus à des tranches de vie à la "Un gars, une fille" qui auraient suinté la réalité tout en étant saupoudré de la difficile célébrité à vivre.
Le pire dans tout ça ? C'est que le début du film s'y tient. On comprend vite que Guillaume n'est plus au sommet, mais tient le coup, éclipsé publiquement par l'ombre de sa moitié mais une certaine complicité dans le privé.

Mais alors, le vol se passe bien ?
Bah ... oui, un peu, au cours du premier tiers, je découvre un peu cette équipage. L'actrice "qui donne tout", l'acteur "qui en veut encore". Il n'y a pas vraiment d'humour, mais du vrai. Du moins j'y croyais.
Au bout de 30 minutes, les turbulences apparaissent. Guillaume entend et voit ce qu'il est devenu à travers les yeux de la jeune génération ... et oui ... ça fait mal.

Quelque part, le sujet m'intéressait et me touchait, j'ai vieilli, j'ai un enfant, je suis désormais sédentaire. Nous ne sommes plus les grands fous que nous étions avant. Mais pour ces acteurs dont bien souvent la jeunesse est un élément primordial, comment opérer ce tournant ? Surtout quand on voit sur le bas-côté tous ceux que l'âge a fait sortir de la route sans aucun espoir de retour.

J'étais intéressé, je me disais que le coeur du film serait intéressant.

Et là c'est le drame, ma ceinture n'était pas attachée, les turbulences augmentent, j'ai mal, j'ai honte ... j'aime bien Guillaume et il me fait de la peine. Je déteste le monde et la société qui lui font ça. Je lui en veux de le vivre comme ça. Il me déçoit. L'ennui de la docu-fiction, c'est qu'on se dit qu'on veut nous montrer du vrai. Et dans cette vérité, sa réponse au problème me déçoit. Je voulais mieux, du film, de lui, d'elle.

Puis il essaye de se poser
Trop de turbulences, finalement, on va atterrir. Mais l'avion est abîmé, je me demande comment il va attérir sans moteurs, sans ailes, en chute libre. Je me dis que "merde quoi, Guillaume et Marion, ils vont sortir un joker de leur manche" et non ... ils se plantent. Y a pas de morale ... y a qu'une Marion fatiguée qui abandonne. Un Guillaume méconnaissable. Du je m'en foutisme total pour leur enfant qui n'a qu'à suivre le flow.

Je me relève de la carcasse écrasée de l'avion, la larme à l'oeil ... Guillaume est tombé.
Puis je réfléchis, pourquoi je faisais ce voyage encore ? Pour avoir une vision de la réalité. Une réalité dépeinte comme des gens parfois prêt à tout pour ne pas passer has-been. Mais ce film, ce voyage, n'est-ce-pas justement ça ? Un gros coup de pub ? Quand on a rien à raconter, on se montre en se basant sur sa notoriété ?

J'espère que c'était plus que ça. Qu'ils voulaient tous les deux en faire plus que ça.
J'espère sincèrement que je suis passé à côté du film.