Le petit milieu du cinéma parisien, des acteurs qui jouent leur propre rôle, de l’absurde…

Que signifie être Rock’n Roll aujourd’hui ? Est-ce un code vestimentaire alliant perfecto en cuir et Doc Martens ? Est-ce une attitude, être un rebelle de la société ? Ou bien sont-ce ces soirées alcoolisées et de défonce à écouter en boucle les regrettés Hendrix, Morrison ou Cobain ?


Il est difficile de penser que le Rock est mort, il a juste… muté. Tout comme Guillaume Canet a changé. Il n’est plus le gamin de La Plage, ni l’adulescent de Jeux d’enfants, ni le trentenaire d’Ensemble c’est tout. Il a vieilli et a visiblement beaucoup réfléchi sur ce passage à l’âge mûr. Tellement, qu’il a choisi pour son cinquième long-métrage de se mettre en scène dans la peau de son propre corps.


Partant de ce postulat un brin mégalo, Canet se décrit dans un premier temps comme un acteur sympathique qui tourne dans le film d’auteur de son ami Philippe Lefebvre. Sa partenaire qui joue sa fille, la jeune et séduisante Camille Rowe, lui fait le constat qu’il a perdu son sex appeal. C’est à partir de ce moment-là que débute sa crise de la quarantaine.


Entre visite chez le médecin pour un examen de la prostate et biture cocaïnée, Canet pète une durite. L’acteur-réalisateur se livre dans une farce pleine de dérision, avec plusieurs délires vraiment drôle. Il nous invite au sein de son couple plan-plan où Marion Cotillard est réduite avec humour à une diva excentrique en quête de rôles à récompense. Tournée en caricature, elle répète à la maison son prochain rôle avec Xavier Dolan, en travaillant sans cesse son accent québécois. Aussi, la présence des producteurs, Yvan et Alain Attal permet une mise en abyme ingénieuse. Le caméo de Johnny Hallyday et de sa femme Laeticia fonctionne très bien. Ces quelques instants assez réussis permettent d’exercer les zygomatiques.


Oui mais voilà, si la première partie est assez efficace, le film s’enlise par la suite, dans une farce grossière. Canet va transformer sa vie conjugale et professionnelle en champ de ruines jusqu’à atteindre un point de non-retour. Un changement physique opéré par un effet visuel remarquable, mais surexploité. En s’enfonçant longuement dans l’absurde, il crée un malaise profond chez le spectateur qui ne s’en remettra pas.


En terme de réalisation, l’aspect docu-fiction via des mouvements constants de caméra ne renforce par le ressort comique. On sent que Canet est en roue libre, gesticule et se noie dans ses mimiques, en contraste avec Marion Cotillard qui nous démontre son potentiel de comédie. La bande sonore plaisante amortira cette descente forcée.


Verdict


Vous l’avez certainement vu, le célèbre couple a astucieusement fait la promo de Rock’n Roll en s’amusant à poster des photos compromettantes sur chacun d’eux. Fortement relayé par les médias, cette comédie n’aura aucun mal à réunir les spectateurs dans les salles.


Si le film fait état de nombreux défauts, notamment scénaristiques, on ne peut que saluer le courage de Guillaume Canet à rire de lui-même et proposer des situations outrancières assumées. En sous-lecture, une réflexion critique de la société nombriliste et de l’image glamour que certains se font des stars.


Les fictions faussement autobiographiques de célébrités sont nombreuses. On aimera revoir Dans la peau de John Malkovich, Looking for Eric, JCVD, Les Garçons et Guillaume à table ou encore Grosse Fatigue.

Kevin_Robert
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le 17 nov. 2019

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Kevin Robert

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