La force de ce biopic: remettre en perspective la carrière musicale avec la vie d’Elton John

Quand j’ai vu Elton John accompagner Rocketman à la projection officielle du film au festival de Cannes, j’ai pensé que le soutien de l’artiste n’était pas qu’anecdotique et m’a décidé à le voir. J’ai été surpris par la scène d’exposition dont la teneur à priori dingue prend son sens dans la dernière partie de Rocketman. Ce qui m’a plu,c’est que le storytelling inspiré et malin du réalisateur décidant qu’Elton John est un homme comme les autres ( avec ses galères privées, ses failles, sa solitude aussi) avant d’être un grand musicien/chanteur.Ainsi,la force de ce biopic est de remettre en perspective l’oeuvre musicale directement reliée à la vie privée d’Elton John. Chacune de ses chansons s’inscrit avec un moment précis de sa vie ( relation amoureuse déçue,rapport au music-hall et même addictions entre autres). Lire ses textes avec le recul nécessaire suggère aussi l’échange d’Elton John avec son parolier Bernie Taupin ayant pu lui écrire des chansons aussi proches de l’état profond de son âme face à la vie.L’alchimie se faisant ensuite grâce au talent de compositeur du chanteur.Ni trop bavard, ni trop musical, Rocketman percute aussi grâce au dosage idéal entre scènes de dialogues et chantées. Ce timing millimétré fait que le spectateur ne s’ennuie pas une seconde et s’accroche à l’histoire très empathique sur John l’entertainer faisant passer le show avant ses états d’âme ( ce qui le fit logiquement sombrer).L’industrie musicale ainsi que les proches d’Elton John ont aussi contribué à ses moments de mal-être tellement leurs toxicités respectives étaient grandes. Une donnée déterminante ne pouvant mener l’artiste qu’à des sorties de route ponctuelles et prévisibles. En ayant ce regard acéré, le réalisateur et son scénariste trouvent le ton juste en ne rendant surtout pas hagiographique le parcours de sir Elton John. Les contributions personnelles du chanteur n’apparaissant qu’au générique de fin pour ne pas rentrer en dissonance avec ses raisons artistiques ( de loin l’angle le plus essentiel). Au niveau interprétation, le duo formé par Taron Egerton (Elton John) et Jamie Bell ( Bernie Taupin) porte le film à lui tout seul avec une mention spéciale à Bryce Dallas Howard bouffie pour camper la mère odieuse du chanteur.Pour finir, ce film a été aussi conçu pour qu’une personne ne connaissant pas forcément Elton John puisse s’approprier sa vie, ses chansons clés et y trouver des moments de compréhension.C’est une qualité indéniable de ne pas s’adresser uniquement à un public de fans.

Specliseur
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le 30 mai 2019

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