And he's still standin'

Dans le genre Biopic d’un chanteur « Bohemian Rhapsody » avait mis la barre très haute il y a quelques mois. Et si je n’irai pas plus loin dans les comparaisons, ce « Rocketman» ne chante pas sur la même scène, la faute notamment à un parti pris qui ne m’a pas emballé.

Ce parti pris, c’est de faire de « Rocketman » d’avantage une comédie musicale qu’un biopic classique. Oui ça change, ça surprend et c’est totalement assumé, mais je n’ai pas adhéré. Pourquoi ? Parce que le film perd quasi toute sa dimension émotionnelle et dramatique (et il y a pas mal de drame dans la vie d’Elton John). En fait chaque chanson jalonne le film et les passages non chantés ne servent qu’à relier 2 titres du Rocketman. Du coup à chaque fois que point un enjeu, une dimension dramatique, une chanson déboule, si bien que ça nous fait sortir de ce côté émotionnel qui a à peine le temps de voir le jour. Tant et si bien que l’on sort trop souvent de l’aspect biographique pour se retrouver en pleine comédie musicale. On a plus l’impression d’être devant un best-of que devant une biographie. Alors oui c’est un choix totalement assumé, mais je n’y ai pas adhéré. Ça chante trop, il n’y a du coup pas assez de place pour le côté sombre de la vie du chanteur (on nous le montre quasi qu’en chansons).

Après ne nous y trompons pas, « Rocketman » reste un bon film. Taaron Egerton donne de sa personne et s’avère convainquant. Les chansons sont bien amenées, et de qualité (normal c’est du Elton John) et il y a de vraies bonnes idées niveau scénario comme par exemple, le groupe de parole dont on ne comprend l’utilité qu’à la fin. La symbolique de l’enfant, qui représente en quelque sorte le véritable Elton John et la lutte qui l’oppose avec son lui adulte est aussi réussie. Tout comme ce fil rouge qu’est le morceau « Goodbye Yellow Bricks Road », repris discrètement à plusieurs reprises au cours du film, et qui va nous amener à la fin à l’une des autres chansons majeures du chanteur, car représentant un instant décisif de sa vie. En ça la fin est particulièrement bien amenée et réussie. Elle donne sens à tout le chemin parcouru par Elton John durant le film. Assez émouvante et puissante, elle fait regretter que le reste du film n’ait pas été du même acabit.

En prenant le parti pris de ce qui s’apparente à une comédie musicale, « Rocketman », qui au demeurant reste un bon film, rate le coche de l’excellence en sacrifiant sur l’autel de la musique la dimension émotionnelle. Dommage, mais je sûr que certains adhéreront totalement. Et au final toute personne appréciant la musique du Sir britannique y trouvera son compte et ça reste le principal.