50/50 - Rocky (John G. Avildsen, 1977)

/!\ ATTENTION CETTE CRITIQUE CONTIENT DES SPOILS /!\


Le principe des 50/50 (concept inventé par Linksthesun https://www.youtube.com/user/LinksTheSun , consiste à noter et critiquer un film en y relevant 5 points positifs et 5 points négatifs et à les ranger par ordre d'importance afin d'en tirer une note et une critique globale tournant autour des principaux points du film, qu'ils soient positifs ou négatifs.


1. L'absence de réel entraînement de Rocky (-)


Ca peut sembler ridicule comme reproche, mais il faut bien le reconnaître: on n'assiste pas vraiment à un entraînement de boxeur, ou tout du moins à la moitié d'un entraînement. Je m'explique, dans la boxe, le principal entraînement pour se préparer à un match, c'est de se préparer à affronter son adversaire réel. Ici Rocky doit affronter le champion du monde des poids lourds, Apollo Creed. Mais le film ne montre que Rocky qui court mais jamais on ne voit Rocky affronter un adversaire, ce qui est la base d'un combat de boxe: apprendre à se tenir devant quelqu'un. C'est de cette manière que l'on apprend le mieux les bases pour tenir longtemps sur un ring. Et cette grosse lacune s'en ressent énormément dans le combat final puisque Rocky n'esquive ou bloque quasiment aucun coup d'Apollo Creed. Ce détail, qui peut sembler anodin, est pour moi une épine dans le pied du film qui oublie un des piliers du monde de la boxe: l'entraînement avec un partenaire pour apprendre les bases du combat à savoir bloquer, esquiver et contre-attaquer. Et cette lacune présente durant le match lui donne une dimension peu professionnelle et même un peu brouillonne.


2. Le revirement maladroit des alliés de Rocky et de Rocky lui-même (-)


Avant, personne ne respectait Rocky, il n'était pour eux qu'une simple brute sans cervelle. Personne ne fait rien pour lui et tout le monde le prend de haut. Pourtant, une fois que Rocky est annoncé pour combattre Creed, tous semblent se jeter au pieds de l’Etalon Italien, à l'encourager tout d'un coup comme s'ils étaient depuis toujours ses amis. Mickey lui-même qui admet avoir complétement snobé Rocky pendant des années se déclare soudain prêt à l'aider à boxer alors que quelques jours avant il avait vidé son casier pour y mettre les affaires d'un autre boxeur à la place. Et le comble en revient à Rocky lui-même qui s'emporte contre Mickey de son revirement soudain (chose que l'on peut comprendre) mais qui peu de temps après choisit d'accepter la proposition de Mickey. Ce revirement du boxeur aussi rapide n'apporte aucune explication réelle à ce changement et ne parlons pas du revirement des alliés de Rocky qui eux non plus n'expliquent pas ce soudain changement de position à l'égard du boxeur.


3. Un rythme de film assez lent (-)


Le film a un rythme, il faut bien le reconnaître, qui est assez lent. Certes, on ne s'ennuie pas tout du long, mais son rythme est malgré tout long alors que le monde de la boxe veut de la rapidité, un montage bien plus musclé. Et cet effort, on ne l'a qu'à seulement deux reprises: lors de la période d'entraînement de Rocky sous une musique amenante, et pendant le match contre Creed. A part ces deux passages, le rythme du film est lent, voir même trop lent par endroits. Encore une fois, on ne s'ennuie pas, bien au contraire, mais cette lenteur pèse parfois avec les accélérations du rythme qui arrivent vers la fin du film et qui "réveillent" un peu le spectateur qui s'était habitué au rythme principal du film.


4. La représentation de la banlieue (+)


Le film s'attarde beaucoup sur l'univers dans lequel évolue Rocky. Et cet univers, c'est la banlieue des années 70. J'aime beaucoup la façon de filmer la vie en banlieue dans ce film, sobre mais réaliste. La banlieue n'est ni idéalisée ni caricaturée, elle est présentée comme un lieu de vie avec ses qualités et ses propres défauts. Les rues se ressemblent toutes, la précarité est bien mis en avant, ça sent pas bon comme le reconnaît Rocky. Pourtant, les personnages évoluent dans ce cadre et chacun le personnalise à sa manière (mais c'est surtout l'appartement de Rocky qui est le lieu le plus personnalisé). Le film est génial dans sa façon de filmer la ville et ses lieux et en dégager une certaine atmosphère qui nous fait entrer dans l'univers de Rocky et d'y comprendre comment les gens évoluent et se positionnent dans ce cadre.


5. La façon de filmer la boxe (+)


Une des grosses qualités du film qui en ont fait un film aujourd'hui culte, c'est sa façon de filmer les matchs de boxe. En effet, l'utilisation pour la première fois de la steadicam permet au film et au spectateur de voir de toutes nouvelles façons de capturer le mouvement tout en restant fluide et sans nécessiter de matériel encombrant. Cela permet de suivre avec plus de précision les personnages qui se déplacent rapidement et ceci est particulièrement visible lors de la montée des marches de Rocky lors de son entraînement ou encore pendant le match contre Creed où les mouvements de caméra permettent de mieux ressentir l'intensité du combat et des coups. Fini les plans fixes et trop longs des combats de boxe, Rocky inaugure une nouvelle façon de filmer les combats avec plus d'intensité et de vivacité.


6. Une vision très critique du monde professionnel de la boxe (-)


Si jamais vous ne l'aviez pas deviné auparavant, je suis un grand fan de boxe. Et malheureusement, le film ne porte pas vraiment le monde professionnel de la boxe dans son coeur, ou en tout cas c'est ce qu'il laisse croire. En effet, il a tendance a ridiculiser les professionnels de boxe, les renvoyant à de simples personnes cherchant à faire uniquement du grand spectacle, et rien d'autre, comme si le combat n'était pas leur motivation dans ce métier. Appolo Creed préfère prévoir comment augmenter l'audience pour le match et ne prends pas la peine de regarder Rocky s'entraîner à la télé. De même, lorsqu'il cherche un adversaire, Creed recherche d'abord d'autres professionnels de la boxe, et là c'est un festivals de refus avec des motifs divers et variés tels que "il a pris 25 kg", "il est en vacances" ou encore "il a pris sa retraite". Cette scène apporte peu de valeur aux professionnels qui semblent avoir toujours meilleur à faire que d'exercer un métier qui devrait être leur passion: la boxe.


7. Une romance qui manque cruellement de saveur (-)


Le plus gros défaut du film est, à mon avis, la romance entre Rocky et Adrian. Il n'y a aucune saveur, aucune crédibilité dans ce couple. Rocky est follement amoureux d'elle et arrive à bien l'exprimer, mais de l'autre côté, c'est un véritable mur froid qui se dresse contre lui. Adrian est, soi-disant très timide, mais c'est cette timidité à outrance qui pose problème. Quand les deux personnages sont ensemble, il n'y a quasiment que Rocky qui parle et Adrian qui écoute. C'est limite si Rocky ne se tape pas un monologue. Sauf que du coup, l'amour d'Adrian envers Rocky n'apparaît pas dans le film. Pire, on a même l'impression que Rocky enchaîne les vents auprès d'elle quand il essaye de la draguer. Même si après s'être mis officiellement avec Rocky elle reprends un peu d'assurance en elle et montre un peu plus de vie dans son personnage, la romance ne fait pas illusion et est le principal échec du film.


8. La réflexion sur la boxe et la vie (+)


J'aime beaucoup la réflexion que pose le film sur le monde de la boxe et même sur la vie en général. Tout d'abord, j'aime beaucoup les propos de Creed par rapport au monde de la boxe et l'engouement qu'elle génère, ce à quoi Creed préfère recommander à ses fans de privilégier la culture et les livres plutôt que la boxe qui est violente. Le film intègre une réelle réflexion sur le monde de la boxe, mais aussi sur le concept de la vie en général. En effet, Rocky est un homme gentil, essayant d'aider les gens, mais ne recevant jamais rien en retour à part des critiques et des réflexions. Pourtant Rocky préfère cacher sa peine qu'il cache mais il reconnaît auprès d'Adrian qu'il est tout de même affecté d'être peu pris au sérieux. Et c'est tous ces bons gestes qui semblent amener Rocky sur la bonne voie pour devenir ce qu'il aurait toujours voulu être. C'est donc un véritable message philosophique que le film nous délivre.


9. La victoire spirituelle mais pas réelle (+)


Le fait que Rocky ne gagne pas le match contre Apollo Creed est une excellente idée pour moi. Évitant ainsi un happy end trop évident et attendu et pourtant improbable, le film préfère se contenter d'une victoire spirituelle beaucoup plus symbolique. Alors que Rocky partait perdant, sous-estimé par tous le monde, il a su perdre avec dignité en tenant tête jusqu'à la fin du combat, montrant sa vraie valeur et sa détermination. Rocky n'a donc pas gagné sur le plan physique, Creed l'a battu aux points, mais sa victoire sur le plan spirituel est avéré, le principal but de Rocky n'était pas de gagner comme lui-même le reconnais auprès d'Adrian, mais plutôt de prouver qu'il pouvait tenir tête au champion du monde, montrer de quoi il est capable, de faire ne sorte que même s'il perd contre Creed, il aura profondément marqué le combat.


10. La représentation du rêve américain à travers Rocky, un personnage auquel on s'attache (+)


Rocky est un personnage auquel on s'attache directement. C'est un homme victime du regard et du jugement des autres. Rocky est pris pour un imbécile sans valeur, or ce match contre le champion du monde devient un moyen pour Rocky de montrer aux autres sa réelle valeur. Partant du bas de l'échelle, de simple boxeur amateur jouant les gros bras pour un usurier et ne sachant bien lire et écrire, il devient d'un seul coup une personne capable d'aimer et d'être aimé en retour, et surtout il devient un boxeur professionnel capable de déchaîner les foules et affronter le champion du monde des poids lourds. Cette représentation du rêve américain est réussi dans ce film car le spectateur arrive sans grande difficulté à apprécier Rocky qui mérite son quart d'heure de gloire.


Au vu de tout ces points positifs et négatifs, j'en arrive à une note globale de 16.8/20 pour le film.

YannLaffont
8
Écrit par

Créée

le 17 janv. 2018

Critique lue 287 fois

Yann Laffont

Écrit par

Critique lue 287 fois

D'autres avis sur Rocky

Rocky
Before-Sunrise
8

Quand on veut on peut

A mon grand étonnement, j’ai beaucoup aimé Rocky. Je l’ai trouvé fort, beau et simple. C’était un culte à côté duquel j’étais toujours passée, avec l’impression de ne pas louper grand-chose. Après...

le 23 janv. 2013

114 j'aime

22

Rocky
Star-Lord09
8

L'homme de la rue

Les anciens vous le diront, le Nouvel Hollywood aura toujours cet avantage de marquer son époque plus que toute autre décennie. L'authenticité d'un cinéma qui sent sous les bras qui creuse les...

le 12 janv. 2019

80 j'aime

26

Rocky
Sergent_Pepper
7

Find the gap

Il est toujours assez surprenant de s’attaquer à un mythe sur le tard. On a beau l’avoir évité depuis des décennies, ses effluves l’ont accompagné, et son culte a laissé de lui des traces un peu...

le 10 août 2016

72 j'aime

7

Du même critique

Pirates des Caraïbes - La vengeance de Salazar
YannLaffont
3

Chrono Critique - Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar (Joachim Ronning et Espen Sandberg,

/!\ ATTENTION CETTE CRITIQUE CONTIENT DES SPOILS /!\ Six ans après le dernier opus consacré sur Barbe-Noire, la célèbre saga des pirates avec son fidèle Jack Sparrow revient au cinéma avec...

le 8 janv. 2018

1 j'aime

Parfum de printemps
YannLaffont
8

Chrono Critique - Parfum de Printemps (Férid Boughedir, 2016)

/!\ ATTENTION CETTE CRITIQUE CONTIENT DES SPOILS /!\ Férid Boughedir est un réalisateur, critique et historien du cinéma tunisien. Très attaché à son pays, son film le plus célèbre est aussi son...

le 8 janv. 2018

1 j'aime