1976, année du bicentenaire de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis, voit la naissance jumelée d’un futur géant d’Hollywood et d’un boxeur de fiction intemporel, je veux parler bien sûr de Sylvester Stallone et de Rocky Balboa.
Le premier est un jeune acteur de 30 ans, il rêve d’une carrière hollywoodienne mais peine pour le moment à joindre les deux bouts. Il se contente de petits rôles, dont celui de “ l’Etalon Italien ” dans une production érotique. Un surnom qui deviendra pour l’anecdote celui du personnage qui fera décoller sa carrière : ROCKY BALBOA.
Ce dernier a dans ce premier film 29 ans. Il vit seul dans les bas-fonds de Philadelphie et travaille pour un usurier en s’assurant du bon remboursement de dettes. Il s’entraîne en parallèle à la salle de boxe de son quartier et effectue occasionnellement quelques combats pour arrondir ses fins de mois.
Deux hommes d’âge similaire avec des origines italiennes qui connaissent la vrai galère, pour ne pas dire la pauvreté. Deux hommes qui ont déjà pris des coups et qui continueront d’en prendre mais qui se sont jurés de toujours se relever.
Pour créer le scénario de Rocky, Stallone s’est inspiré du combat du 24 mars 1975 opposant Mohamed Ali (boxeur professionnel d’élite) à Chuck Wepner (boxeur amateur quasi inconnu). Un match qui semblait être une formalité pour Ali mais qui fut un âpre combat de 15 rounds. Wepner tint la distance et envoya même Ali au tapis, avant de finalement être déclaré perdant par K.O technique.
Présent dans les tribunes, Stallone fut fasciné par le courage et la résistance du jeune boxeur. Ce combat lui donna ainsi toute l’inspiration pour ce premier film. Wepner devint Rocky Balboa, Ali devint Apollo Creed. L’amateur inconnu contre la superstar championne du monde. Un combat, une quête : celle de TENIR LA DISTANCE.
Le film nous plonge dans la vie quotidienne de Rocky à travers une approche psychologique et intimiste, ce qui crée un attachement instantané au personnage. Solitaire, un peu neuneu mais en même temps passionné, opiniâtre et doté d’un grand cœur, on découvre un Homme authentique et VRAI qui ne lâche rien.
Dans une ambiance plutôt sombre et des décors qui le sont tout autant, l’œuvre nous transporte avec une émotion sincère vers la destinée de son héros, celle qui lui ouvrira les portes du grand Amour et d’une carrière XXL.
Mais l’un des éléments qui contribuent à rendre le personnage emblématique est bien sa vision à la 3e personne que l’on peut observer au fil du film au contact des autres personnages : Adrian, Paulie, Mickey, Apollo... Amour, ami, mentor, adversaire... tous sont marqués par l’aura saisissante de l’Homme et du Champion, au point d’en voir leur existence bouleversée. Cette vision tierce de Balboa se combine intelligemment à celle auto-centrée, ce qui donne une grande profondeur au personnage.
Les autres personnages sont également bien construits dans une approche tout aussi intimiste, sans jamais tomber dans le piège du faire-valoir du héros. Un piège pas toujours simple à éviter dans un film centré sur un personnage aussi fort.
Avec un budget minimaliste (1 075 000 dollars), le film pose un cadre parfait où l’on se laisse porter vers la double quête du héros : celle qui lui fera conquérir le cœur de la timide Adrian et celle qui l’enverra combattre le Champion du monde en personne.
De l’appartement miteux de Rocky à la fameuse patinoire en passant par le magasin d’animalerie d’Adrian, tous deux construisent ensemble leurs premiers souvenirs. Le prélude d’une belle histoire...
Venons-en maintenant à la quête ultime du héros : celle de la BOXE. Celle-ci commence avec Mickey, ancien boxeur des années 1920, qui après avoir dans un premier temps refusé, va prendre Balboa sous son aile. Une relation forte et entière, presque paternelle, nait entre les 2 hommes. Une relation qui hissera Rocky vers les sommets.
Porté par la musique culte Gonna Fly Now de Bill Conti, indissociable de toute la saga Rocky, l’entraînement de notre héros trouve son apogée au sommet des marches du Museum Philadelphia of Art dans une scène qui restera gravée dans les esprits. A noter que cette scène est l’une des premières du cinéma à utiliser la technique du steadicam, sytème stabilisateur de prises de vue portatif inventé par l’américain Garrett Brown, ce qui lui offre un caractère encore plus immersif, comme si l’on était aux côtés de notre héros.
Le combat tant attendu entre Rocky et Apollo est superbe par son réalisme et son intensité. 15 rounds de folie où Rocky va morfler mais tenir la distance en faisant presque jeu égal avec son adversaire. L’implication des deux acteurs est authentique et donne au combat une empreinte indélébile pour l’éternité. Défaite, victoire, peu importe, Rocky a prouvé sa valeur et s’est construit un nom. Un nom qui résonne encore dans les esprits 44 ans après...