Le rêve américain a son film (Rocky 1/6)

Philadelphie, dans les années 1970. Dans cette ville poisseuse au bord des docks, nous suivons un certain Rocky Balboa, un paumé à la solde d’un mafieux local. Son avenir est aussi brumeux que le port dans lequel il courra, le temps d’une scène mémorable. L’univers triste s’associe malgré lui bien à sa condition. Il a une passion : la boxe. Rocky croit en lui, même lorsqu’on vide son casier du club de boxe duquel il est un habitué depuis 6 ans. Dans le même temps, il se fait sermonné par son patron mafieux pour avoir épargné un débiteur retardataire. Car derrière son gros tas de muscle se loge une humanité naïvement débordante dont fera preuve Rocky tout au long de la saga. Il se fait donc engueulé, tout tombe sur lui. Solitaire, il ne doit s’en remettre qu’à lui-même. Rocky tient justement à changer sa situation pour retrouver un sens concret à sa vie. Et quoi de mieux que porter son dévolu sur une femme qui se retrouve timide et aussi paumée ? Il l’aime déjà depuis longtemps mais n’arrive toujours pas à sortir avec elle. Adrian, qui a aussi la trentaine, est bloquée par sa timidité maladive et par le fait qu’elle soit entretenue depuis toujours par son frère Paulie qui a sacrifié sa vie sentimentale pour elle. Paulie est l’ombre de lui-même depuis qu’il est tombé dans l’alcool. Il correspond à un contre-exemple de Rocky et celui-ci n’hésite pas quelquefois à le raisonner. Ce trio de personnages paraissant caricatural, est assez pathétique et fort d’un point de vue dramatique.
Rocky a dépassé la trentaine mais ne sait pas ce qu’il doit faire de sa vie. Et plus précisément où son corps le mène. Il est gaucher et ses jambes ne tiennent plus. Pour ces raisons entre autres, il n’est pas appelé à faire autant de matchs amateurs de boxe qu’il attendraient. Alors qu’il se rapproche sentimentalement d’Adrian, intervient un coup de chance inespéré, il en faut bien, au moins un dans une vie. Grâce à son nom de scène « L’Etalon italien », un match est improvisé entre ce simple boxeur amateur et le champion mondial incontesté. Le hasard est bien de son côté.
Il ne sait pas comment réagir, tout ce qu’il voit derrière ce combat c’est les interviews superflues et le gain financier. Mickey le vieil entraîneur de club de boxe le trouve dans sa tanière et le galvanise, en lui indiquant qu’il ne faut pas s’arrêter sur le montant du chèque et qu’il faut sauter sur les dernières chances offertes par la vie. La solitude d’un boxeur doit être brisé au profit d’un accompagnement gagnant d’un vrai manager pour pouvoir devenir si ce n’est le meilleur boxeur de tous les temps, celui qui fera preuve d’honneur sur le ring. Tout au long de la saga, Rocky sera l'incarnation de l'honneur face à l'adversaire et d'une certaine Amérique progressivement triomphante, quelque soit les changements que prendront son statut, de l'underdog au champion trop sûr de lui. Mais avant cela, pour préparer son combat, l'entraînement encadré par Mickey est strict et déterminant pour ré-apprendre à tenir ses gants comme un candidat sérieux au titre et non pas comme un gars chargé de faire le spectacle.


Mais au-delà de ce combat qui n’est que le prétexte pour mettre en évidence un enfant des rues tout aussi déçu par la vie qu’acharné sur le ring, le film porte sur l’amour et le bonheur qu’il apporte quelque soit la misère dans laquelle nous sommes. 


Le scénario est très bien fait. Nous comprenons avec justesse les enjeux qui sont vitaux pour Rocky. Ce film est tout bonnement incroyable, dès que je vais vu celui-ci, j'ai tenu à découvrir la suite qui se retrouve, alors c'est bien sûr complètement subjectif, meilleur que le premier. Et quand je parle de la suite, j'entend le III, le IV (mon préféré) et le V (oui oui même le V !). J'adore l'empreinte très années 80 de ces films là. Pour en revenir à celui-ci qui est considéré avec raison comme une œuvre culte (dès son époque le film remporta l'Oscar du meilleur film), il faut dire qu'on plonge dans une ambiance, dans un univers qui plaît parce que c'est l'histoire simple mais efficace d'un petit qui devient, le temps de 13 rounds, un grand.
Mythique convient bien à cette saga et donc surtout à ce premier opus. Qu’il s’agisse de la musique entrainante de Bill Conti, ou que ce soit l’authenticité des acteurs dont Sylvester Stallone (aussi à l’origine du projet) fait preuve, la sobriété du réalisme social de ce film, tourné comme un polar urbain évoluant dans un décor miteux au plus profond de l’Amérique, offre une œuvre saisissante du 7ème Art. Le rêve américain a son film, à l’origine de scènes devenues cultes et sublimes.

Irénée_B__Markovic
8

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le 24 nov. 2015

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Ikarovic

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