Running on the beach.

La saga Rocky a cela de passionnant qu'elle peut-être vue comme un miroir à peine déformé de la carrière de son auteur, Sylvester Stallone. A l'instar du personnage qu'il a créé, l'acteur / réalisateur sera quasiment parti de rien pour accéder au statut de super-star avant de se rétamer et de revenir sur le devant de la scène quelques années plus tard.

Tourné en 1982, Rocky 3 a ceci de particulier qu'il semble avoir le cul entre deux époques, entre deux facettes de Stallone lui-même. D'un côté, le bonhomme a bien conscience des dangers du star-system et prône un retour aux sources, à l'authenticité des débuts (les 70's). De l'autre, la star tombe justement dans les pièges qu'elle dénonce, annonçant l'outrance du pitoyable quatrième opus et des futurs délires mégalos de Sly, incarnation de la toute puissante Amérique reaganienne des 80's.

Malgré (ou à cause) de sa nature limite schizophrène, Rocky 3 reste un épisode incommensurablement sympathique, peut-être le plus agréable à revoir. Certes caricatural et pas très bien joué (Stallone lui-même semble perdu), il n'en reste pas moins diablement efficace dans ses séquences de combats impressionnantes, bien aidé par la présence imposante d'un Mister T faisant ses débuts à l'écran.

Si la saga montre pour la première fois ses limites, Rocky 3 reste aussi et surtout un monument du cinéma gay-friendly, une gigantesque ode à l'amitié bien virile. Difficile en effet de conserver un semblant de sérieux devant ces séquences hilarantes, voyant Rocky et son copain Appolo Creed se regarder amoureusement dans le blanc des yeux tout en débitant un texte vachement profond, ou pataugeant dans l'eau comme deux jouvencelles toutes huilées. Enfin, des jouvencelles de 90 kilos, quand même.