N’ayant pas pu voir Roger Waters The Wall au cinéma en 2015, j’étais plus qu’excité à l’idée d’aller voir cet Us + Them dans une salle de ciné avec un son de malade. J’avais raté le concert l’année dernière, donc franchement, j’avais vraiment hâte. D’autant plus que Waters était encore une fois accompagné par Sean Evans à la réalisation, dont la photographie m’avait juste éclaté à la gueule dans The Wall 2015. C’était donc très confiant que je suis entré dans la salle de cinéma. Merde quoi, j’allais assister à un concert à la Pink Floyd dans une salle de cinéma, ça allait être trop cool.
Et puis surtout, c’est Roger Waters, pas n’importe qui. C’est un mec qui travaille sa scénographie et qui l’utilise pour exposer ses convictions qui me touchent personnellement. C’était déjà le cas avec The Wall, donc je me disais que ça allait être aussi le cas avec Us + Them.
Enfin voilà, j’étais totalement ouvert à la proposition de Us + Them, j’étais content d’y être, et j’étais tout excité quand le film a démarré.
Et oui… visuellement, c’est juste sublime. Sean Evans ne se contente pas seulement de filmer bêtement le concert, il réfléchi à la meilleure façon de créer ses cadres, sa photographie. Il utilise des extraits d’images projetées pendant le concert, bref, il réfléchi aux symboles que Waters expose dans son concert, et il fait ça remarquablement bien. D’un point de vue cinématographique, Us + Them est visuellement époustouflant, que ce soit par le cadre, les couleurs ou les symboles, Evans est un merveilleux réalisateur qui offrait déjà un excellent travail dans The Wall. Et du coup, j’étais content.
Quant au concert, je rejoins l’avis général, il est spectaculaire. L’arrivé de l’usine d’Animals est grandiose, la représentation du prisme de Dark Side of the Moon incroyable, les jeux de lumières sont fantastiques, les images projetées lors du concert sont percutantes, riches en message (Waters et sa troupe déguisés en cochons pour finalement les jeter par terre), etc… Enfin bref, là encore, le concert est une incroyable expérience musicale qui fera plaisir aux fans de Pink Floyd. On y retrouve les grands morceaux du groupe, Wish You Were Here, Pigs (Three Different Ones), Another Brick In The Wall, One of These Days, ainsi que l’ensemble de Dark Side of The Moon à l’exception de On the Run et Any Colour You Like.
Donc voilà, c’est un grand film concert…Mais j’ai deux soucis.
Déjà, Us + Them souffre de la comparaison avec The Wall. Roger Waters The Wall sorti en 2015 est à mon sens, bien supérieur. Premièrement parce que la proposition cinématographique est plus forte. Car non seulement, The Wall est un album bien plus personnel pour Waters que Dark Side (le leitmotiv de Us + Them), et surtout parce qu’il proposait une nouvelle couche de lecture à l’album. The Wall 2015 incorporait au concert, des extraits de vie de Waters qui racontaient en quoi, son album faisait écho à ses expériences personnelles. Ça avait l’inconvénient d’interrompre le concert à certains moments, mais j’ai toujours trouvé que ça enrichissait le propos du film, et lui donnait une subtilité indéniable. Ainsi, tout le message de The Wall était amené avec beaucoup d’ingéniosité, puisque les thématiques entraient en relation avec le vécu de Waters, et du coup, rendait le tout beaucoup plus personnel, intimiste, et du coup touchant. Ce qui n’est pas le cas de Us + Them.
Déjà parce que comme je le disais, Dark Side of the Moon est un album bien moins personnel pour Waters, et surtout parce que ses textes n’entrent pas vraiment en écho avec le propos global que veux transmettre Waters dans son spectacle. C’est quoi le message de Waters ? Que si nous faisions tous abstraction de nos différents, que si nous étions capables de cohabiter malgré nos différences ethniques, religieuses, nous serions capables de créer un monde meilleur (et de renverser le pouvoir de porcs tel que Trump et Le Pen, et c’est pas moi qui le dit, c’est Waters). Du coup, les textes de Dark Side n’entrent pas vraiment en cohésion avec ce message. Alors, on a bien Us and Them, puisqu’à la fin, l’idée c’est qu’il n’y a pas de « Them », que du « Us », donc là ça passe. Et à la limite, Money, puisqu’il fait suite à Dogs et Pigs et garde cette idée de corruption des riches. On a aussi les morceaux du dernier album de Waters, des morceaux comme Picture That, Déjà Vu, qui ont évidemment une portée idéologique bien plus significative donc qui rentrent plus en accord avec le message global du concert. Mais ce n’est pas le cas des autres morceaux du concert.
Du coup, étant donné que l’ensemble des morceaux parait un peu incohérent avec le message que veut transmettre Waters, il se sent obligé de faire des discours à rallonge où il enfonce son message à coup de marteau, et je trouve ça assez malvenu. Il nous dit qu’il faut qu’on cohabite tous, que tout le monde devrait vivre équitablement, etc… Et le souci, c’est que le film est suivi d’un making off sur la tournée, et on voit Waters au quotidien, et on le voit…franchement pas cool. Le gars se montre assez tyrannique avec son groupe, gueule pour avoir sa boisson, gueule quand il voit pas son portrait sur les murs et critique avec beaucoup de vulgarité un chanteur de The Voice. A un moment, il refuse même de serrer la main à un fan. Alors, il a pour excuse rigolote qu’il veut pas lui transmettre ses microbes. Mais moi, ça me fait surtout voir un Waters mégalomane qui refuse de toucher les pauvres, alors que justement, le message de son concert, c’est qu’on soit tous égaux. Donc voilà, je trouve que son message de paix et d’amour est amené avec beaucoup moins de subtilité que dans Roger Waters The Wall, et que surtout, son message est anéanti par son making off où il se montre juste insupportable.
Donc c’est une critique que j’ai à faire concernant la fin du show. C’est ce discours assez poussif, un making off carrément mal venu… et l’absence de Comfortably Numb. Ils ont retiré le rappel du film. Le film se termine sur Brain Damage / Eclipse puis le discours de Waters. Sauf que moi, j’avais déjà vu des extraits de son concert sur Youtube, et tout ce que j’attendais, c’est Comfortably Numb. J’ai l’air d’un fanboy pas content, mais un concert de Pink Floyd sans Comfortably Numb, qui est, un peu ma chanson préférée de tout les temps, ça me fout un peu en rogne. Merde, dans l’ensemble, le concert était grandiose, à quelques défauts près (je trouve que le mec qui chante les parties de Gilmour a pas une voix très intéressante), mais juste, vous pouviez pas intégrer Comfortably Numb au film ? Fallait vraiment finir le film par le discours de Waters qui tire sa p’tite larme ? L’absence du morceau en fin de film, pour moi ça s’apparente à une glace italienne délicieuse, une glace avec tes parfums préférés, et que quand tu atteins la fin de la glace, que tu arrive à la dernière bouchée, la plus délicieuse, quelqu’un vient te renverser ta glace et t’empêche donc de jouir de cette dernière bouchée. Je voulais mon Comfortably Numb, je le voulais avec les enceintes du ciné avec la photographie de Sean Evans. Et du coup, je suis sorti de la salle sur ma faim. J’en suis même ressorti agacé. Alors, j’avoue que je ressemble à un fan pas content du genre « bouhouhou, il est où mon morceau préféré », mais là, j’assume totalement.
Donc voilà, pour moi, Roger Waters Us + Them, c’est un concert incroyable, une photographie exemplaire et juste spectaculaire, mais une fin carrément manquée à cause d’un morceau absent, d’un discours de fin malvenu et d’un making off vraiment dispensable. Alors, évidemment, je le conseil, et je regrette pas d’être allé le voir. On a quand même droit à des interprétations excellentes de morceaux sublimes comme Time et Wish You Were Here, mais on reste à des années lumières de la virtuosité qu’était Roger Waters The Wall. A voir, mais c’est pas le meilleur concert de Waters.

James-Betaman
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le 5 oct. 2019

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