Disney a prévu de nous gâter pour les Noël à venir. Tous les deux ans un épisode canonique de Star Wars et entre chaque les Stars Wars Stories, sortes de stand alone qui viennent s’insérer entre les épisodes historiques. Premier de la série-même-si-c’est-pas-une-série-c’est-des-stands-alone, Rogue One nous narre les aventures du commando qui parvient à voler les plans de l’étoile noire non sans avoir tout fait péter au passage.


Ne souriez pas sur la photo


Tout vient du père dans Star Wars, qu’on doive le remplacer, le sauver ou même le tuer. Ici, le père n’est pas Dark Vador (changeons un peu que diable) mais Galen Erso, ancien ingénieur de l’Empire forcé de revenir travailler sur une super arme secrète après la mort de sa femme. Sa fille Jyn parvient à s’échapper mais est capturée quinze ans plus tard par les rebelles qui veulent l’utiliser pour obtenir des informations sur son père. Commence alors une aventure de planètes en planètes pour récupérer les plans de l’Etoile Noire. Avant cela, les héros ont bien entendu le temps de se poser des questions sur leurs actions. L’Alliance rebelle ment-elle à Jyn ? A qui faire confiance quand on n’a connu que le combat toute sa vie ? Peut-on tuer pour faire le bien ?


Autant de questions auxquelles le film ne répond pas, trop occupé à mettre des explosions partout et à empêcher ses personnages d’avoir une profondeur derrière leur air renfrogné et la saleté un peu cosmétique des mondes qu’ils traversent. Le film se veut sombre mais a du mal à faire passer la noirceur de son propos autrement que par des mises en scène grossières, comme cette pluie diluvienne qui noie les cœurs et fait pleurer les yeux. La première heure de l’histoire baigne dans un premier degré qui est toujours casse-gueule dans un film car elle transforme les personnages en blocs et toute logique de questionnement semble factice. Leurs moments de doute ne sont pas plus subtils que les fusillades.


Le film par certains moments n’arrive pas à dépasser le simple clin d’œil putassier avec du fan service facile, notamment concernant les apparitions de figures iconiques de la série dans des moments qui desservent la légende plus qu’ils ne l’entretiennent.


C’était pas leur guerre


Le film opère cependant dans sa dernière partie un virage spectaculaire qui amène sa réussite sur tous les points qui étaient des défauts auparavant. Le commando infiltre le centre des archives de l’Empire sur une planète bunker. Au fur et à mesure que le commando (et les spectateurs) se rend compte de la réalité de la mission, toute la lourdeur qui peut être reprochée au film se trouve comme excusée derrière l’enjeu final. Alors même que nous spectateurs connaissons la suite et la victoire des rebelles, le film se permet la dramatisation à outrance et donne du sens à des enjeux qui n’étaient qu’effleurés auparavant.


Niveau explosions (ça reste un blockbuster donc la raison pour laquelle on va le voir, soyons honnêtes), ce final se surpasse en créant plusieurs points de combats. Sur terre, dans une jungle qui rappelle le Vietnam du cinéma où ce sont les gentils qui se retrouvent à appliquer des stratégies de guerilla. Idem dans l’espace où le commandant rebelle et sa flotte doivent ruser pour vaincre les immenses destroyers impériaux. Il emprunte aux codes des films de guerre dans la mise en scène : travelling pour la chevauchée fantastique, plans séquences et ralentis pour la chute des géants, contre plongée des petits soldats face aux machines de guerre ennemies… Même le fan service prend du sens à la fin.


Paradoxalement, le film en fait des tonnes mais il a maintenant expliqué pourquoi. Cela fait toute la différence.


P.S : même si je me suis plus attardé sur les défauts, ils ne doivent pas masquer la réussite de la fin du film, difficile à développer sans spoiler.

Julien_Mazars
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le 18 déc. 2016

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Julien Mazars

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