Après le décevant Star Wars 7, suite bien pauvre n’apportant aucune innovation, « Rogue One » apparaît comme étant l’opus qui allait réconcilier les déçus avec la franchise et prouver que le rachat par Disney peut apporter quelque chose de positif, et que même si le studio aux grandes oreilles semble vouloir exploiter à outrance la poule aux œufs d’or, il peut en sortir de bons produits. Après tout le genre d’histoire qui est racontée n’est qu’un exemple parmi tant d’autres pouvant être porté à l’écran dans cet univers aussi riche.


Avec cette histoire, on s’éloigne de la tragédie familiale, de tentation du côté obscur, d’initiation et de récit d’aventure qui se trouvaient au cœur des films précédents. « Rogue one » traite de la guerre, celle que mène les troupes des rebelles de l’Alliance contre les forces écrasantes de l’Empire. Une guerre salle et usante, des rebelles aux méthodes discutables, des combattants à la gâchette facile quand ils ne deviennent pas complètement paranos. Un aspect particulièrement intéressant pas vraiment abordé dans les autres films.
On retrouve certes quelques clichés du genre, comme la rencontre avec des compagnons à l’aide précieuse, dont certains un peu exubérants, et une confrontation finale avec l’ennemi. Mais globalement l’histoire est plutôt innovante.


Le sacrifice des héros, piégés sur une planète protégée par un bouclier magnétique, est à ce titre notoire. Ni sauvetage dernière minute, ni happy end forcé, c’est assez rare pour le souligner.


« Rogue one » se situe juste avant l’épisode 4, et raconte l’histoire de ces héros inconnus, jamais mentionnés dans les films, qui n’ont pas eu le droit aux mêmes honneurs que Luke, Han Solo ou Leia, mais dont les actes héroïques ont été déterminants dans la victoire contre l’Empire.
Jyn est devenue orpheline à cause de la trahison de son père envers l’Empire. Depuis elle adopte un comportement solitaire et hostile à l’autorité, mais son passé finit par la rattraper. Alors qu’elle aurait préféré tourner le dos à la rébellion qui l’a déjà tant fait souffrir, son histoire personnelle l’amène finalement à embrasser la cause. Elle est la seule à croire en l’innocence de son père et de ses plans pour nuire à l’Empire, mais sans preuves les dirigeants sont réticents à la croire.
Cassian est un soldat dédié à la cause, qui n’hésite pas à tuer s’il le faut, y compris des gens innocents. En présence de Jyn, il est écartelé entre sa mission et sa conscience. Dans un premier temps il n’apprécie guère cette femme qui refuse de rejoindre le combat alors que lui se bat depuis son enfance. La confiance sera dure mais finira par s’installer.
« Rogue one » a l’intelligence d’éviter, ou plutôt de contourner la traditionnelle histoire d’amour. Si un rapprochement se produit effectivement, il n’y a ni déclaration ni échanges de baisers passionnés. Il faut dire que le temps est à la guerre et les deux ont d’autres préoccupations.


Quelques bémols toutefois. Même s’ils sont intéressants, il faut avouer que les personnages manquent quelque peu de charisme, la faute peut-être à un jeu d’acteur sans éclats (Jyn n’est pas Kylo Ren), mais également à un rythme un peu trop rapide. Le couple formé par l’aspirant Jedi et son bourrin de compagnon possède un fort capital sympathie, à défaut d’un véritable développement, mais ils ne sont après tout que les compagnons des protagonistes. Au final, même si certains manquent de développement, « Rogue one » a le mérite de proposer de nouvelles têtes, en plus de têtes déjà bien connus, qui ne sont pas une copie ressemblant à des personnages déjà existants.


Gareth Edwards l’avait déjà montré avec « Monster », mais également avec « Godzilla », malgré des maladresses dans l’enchaînement des scènes, c’est un réalisateur qui se soucie d’une approche artistique. Toujours avec le désir de s’éloigner de la surenchère numérique de la prélogie, il créé de belles images de mondes extraterrestres ou de paysages cosmiques. Une maîtrise visuelle que l’on retrouve également dans les combats, parmi les meilleurs de la franchise. A ce titre le combat final est particulièrement réussi, qu’il soit dans le vide spatial, dans les airs ou sur Terre, le spectacle est agréable pour les rétines tout en étant lisible. Preuve que le réalisateur importe beaucoup plus que la maison de production, si toutefois cette dernière leur laisse le champ libre…


Quelques inquiétudes étaient venues à l’annonce du tournage de nouvelles scènes incorporées au montage initial. Je n’ai pas l’œil pour les repérer mais il ne me semble pas que ces modifications nuisent au rythme ou s’insèrent mal en trahissant deux styles différents. Aucune inquiétude non plus à avoir au niveau de l’humour, ce dernier élément est très léger, les quelques blagues font mouche, et ne tombent pas dans le comique familial typique de Marvel studio qui avait également fortement dépeint sur SW7. « Rogue one » est bel et bien un film plutôt sombre et véritablement épique dans sa dernière partie.


Bien que l’idée de ce spin-off en marge des films principaux pouvait paraître curieux, « Rogue one » apparaît finalement bien plus novateur et satisfaisant à plusieurs niveaux qu’un SW7 pourtant très attendu. Si les autres films dérivés sont du même niveau, cela s’annonce très prometteur.

Enlak
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le 28 déc. 2016

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