Jonathan Cross,espoir du foot américain ou du hockey,on sait pas trop,est un casse-cou contraint de s'enfuir des Etats-Unis après avoir participé à une course sur planche à roulettes dans les rues de San Francisco qui a provoqué de multiples accidents automobiles.Il rejoint son vieux pote Ridley,qui participe en Asie au championnat de Rollerball,un sport ultra-violent au croisement du foot et du hockey,ce qui tombe bien pour Cross,qui devient vite une star de la discipline.Mais les organisateurs des compétitions s'aperçoivent que l'audience médiatique des matches grimpe en flèche dès que ça devient sanglant.Par appât du gain,ils truquent les parties afin que des "accidents" graves surviennent,le fin du fin étant atteint en cas de mort d'homme.Mais Jonathan ne mange pas de ce pain-là et rue dans les brancards,se mettant en danger.Ce remake du grand "Rollerball" de 75,réalisé par Norman Jewison,n'arrive pas à la cheville de son modèle.Il est vrai que John McTiernan,ici réalisateur et producteur,filait un mauvais coton à l'époque.Son dernier bon film,"Last action hero",remontait quand même à 93,et ce "Rollerball" allait être un échec cuisant doublé d'ennuis judiciaires.Accusé d'avoir fait espionner son coproducteur Charles Roven par un détective privé,le cinéaste se tapera un an de taule dans la foulée et ne se remettra jamais de tout ça.Il y a peu de points communs entre l'original et le remake,en dehors des parties de rollerball et du côté dystopique de la chose.Sauf qu'ici il n'y a plus d'anticipation,contrairement à ce qui était le cas en 75,vu qu'en ce début des années 2000 on était déjà en plein dans ce que prédisait l'oeuvre de Jewison,à savoir l'avènement de la société du spectacle poussée à l'extrême avec le retour aux Jeux du Cirque de la Rome antique.Tout était en place depuis un moment,les dérives de la télé-réalité,le dopage intensif et la violence débridée par le biais du free fight,ce qu'on appelle maintenant MMA,le côté spectaculaire de ces pratiques exacerbé par l'hystérie du public et des commentateurs,la masse physique démentielle des participants pour la plupart drogués,le gros son hard rock en accompagnement ou les déguisements grotesques genre Mad Max-Mad masques.Autre point commun,le héros qui se dresse seul ou presque face au Système.Pour le reste,ce sinistre ratage se situe très loin de sa source d'inspiration.Premièrement,le héros cherche à se barrer et ses employeurs l'en empêchent,alors que c'était le contraire en 75,les patrons voulant éjecter leur joueur vedette.Ceci dit,c'est plutôt une erreur du "Rollerball" primitif car la starisation est justement devenue un élément essentiel du sport en général,car les stars font vendre.Là où la différence est la plus patente,c'est dans la représentation géopolitique du Monde.En effet,dans le Jewison l'action se déroulait entièrement aux USA et le rollerball était un sport typiquement ricain.Pas de ça ici.Il y a bien des joueurs yankees mais ce sont les plus lucides et les plus moraux,ceux qui portent le flambeau de la révolte car ils n'admettent pas les méthodes affreuses de leurs boss dont le principal n'est autre que devinez qui?Un russe évidemment,et tant qu'à faire un ancien apparatchik du bon vieux temps de l'URSS.Et le championnat se déroule en Asie,dans des zones frontalières de la Russie,pas sur la glorieuse terre américaine où on ne tolèrerait jamais de telles horreurs!Vade retro Stalinas!D'ailleurs l'immonde Petrovich enrage de ne pouvoir vendre son spectacle aux média US,le marché si convoité par tout un chacun.Sinon,les équipes sont formées de joueurs venant de tous les pays,ce qui est mis en exergue par les organisateurs car ça aide à diffuser le sport partout,à la manière de que fait le football.Signe des temps,les formations comptent presque autant de filles que de mecs dans leurs rangs,ce qui est totalement absurde dans le contexte d'un jeu aussi violent.Si on plongeait vraiment des nanas au milieu de ce massacre,même des gonzesses musclées et surentraînées,elles se feraient éclater direct vu le gabarit des types alignés dans l'arène.Au début,on se demande si on n'est pas chez Luc Besson.On voit apparaître Jean Reno,la musique est signée Eric Serra et on voit fugitivement un italien nommé Enzo Molinari,le nom du personnage de Reno dans "Le grand bleu".Mais non,Lucho n'est pas dans le coin et c'est bien McTiernan qui est aux commandes de ce désastre.Et il se plante royalement,le bougre!Même les matches de rollerball,pourtant la base de l'oeuvre,sont mal filmés.C'est monté trop cut,c'est trop sombre,il y a trop de gros plans,du coup le jeu n'est pas très lisible et on ne comprend à peu près rien aux règles.Le cinéaste se complait dans la frime et l'hystérie afin de compenser,croit-il,le vide de l'entreprise.C'est clinquant à souhait et on assiste à une débauche de costumes ridicules,de corps bodybuildés,de musique assourdissante,de bastons mal gérées,et ça gigote dans tous les sens pour pas grand-chose.Les personnages sont des caricatures dépourvues de profondeur et vu l'ambiance les acteurs doivent surjouer comme des bêtes.Ils ne s'en tirent pas si mal et le casting,vu d'aujourd'hui,parait assez pauvre alors qu'il avait une certaine gueule à l'époque.Chris Klein avait explosé avec les deux premiers "American Pie" et faisait partie du peloton des jeunes acteurs montants à Hollywood.LL Cool J était un rappeur très connu en train de se tailler une place dans le milieu du cinéma,tandis que la sculpturale Rebecca Romijn,après une carrière de mannequin,avait été révélée dans "X-Men" de Bryan Singer avant de tenir le premier rôle du "Femme fatale" de De Palma.Quant à Naveen Andrews,sa prestation dans "Le patient anglais" avait été remarquable et remarquée.Et puis il y a notre Jean Reno national,plus excité ici qu'un cocaïnomane en plein sevrage,qui était consacré mégastar en France après ses triomphes chez Besson ou dans "Les visiteurs" et entamait sa carrière parallèle de second couteau pour blockbusters ricains avec ce rôle de psychopathe cauteleux dissimulant mal une extraordinaire férocité.Beaucoup de monde passe devant la caméra,notamment un bataillon impressionnant de cascadeurs,et on aperçoit la chanteuse Pink ou le costaud Mike Dopud,qui deviendra ultérieurement une demie-vedette de séries B de baston.La production semble tout aussi canadienne qu'américaine si l'on en juge au nombre impressionnant d'acteurs et de techniciens du pays de Charlebois crédités au générique.

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le 7 avr. 2020

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