Roma
7.1
Roma

Film de Alfonso Cuarón (2018)

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Alfonso Cuarón, tout comme son homologue Alejandro González Iñárritu, est un virtuose de la caméra, il peut passer d'une commande comme Harry potter et le prisonnier d'Azkaban, au demeurant l'épisode le plus sensible de la saga, à des films bien plus personnels ou hyper techniques comme Gravity. Avec Roma, une production Netflix et une œuvre d'auteur empruntant à son enfance, il opte pour de longs plans-séquences nous immergeant dans la vie d'une famille aisée et leur servante au Mexique.


Le travail photographique et le souci du détail sont remarquables, il ne semble pas filmer des acteurs, mais capturer des lieux et des instants sur le vif. Sa caméra HD (Arri Alexa 65mm) saisit l'espace et la lumière du patio d'une villa, qui voit s'écouler la vie paisible de ses occupants, alternant les plans fixes et les travellings. Son œil ne nous épargne rien, y compris quelques shoots perdus sur des déjections canines que cette pauvre servante devra nettoyer, contrastant avec une scène symbolique où le maître des lieux gare son auto rutilante. Celle-ci le sera moins par la suite, se dégradant peu à peu contre les murs d'un garage trop étroit, à l'image de la ville, ne pouvant contenir plus tard des manifestations violentes...


Avec sa caméra crue, Il dénonce ainsi deux catégories sociales, celle des nantis vivant dans l'insouciance et l'immoralité, exposant des têtes de chiens empaillés en trophées, et leurs serviteurs attentionnés, aux valeurs humaines finalement plus saines. Si les uns vivent dans l'oisiveté, usant d'armes à feu pour leurs loisirs, les autres sont au bord d'une révolte culturelle et idéologique et pourrait en faire un tout autre usage. Néanmoins, il réconciliera les deux au bord d'une plage, où la mer sera le lien maternel et fraternel, terminant son film là où il avait commencé, des vagues que l'on aperçoit subtilement dans une flaque d'eau de lessivage à celles de l'océan. Cela nous rappelle que les plus belles photographies sont souvent celles des moments simples, le cadrage, la lumière et l'usage du noir et blanc magnifiant des scènes authentiques de la vie quotidienne.


PS: Un petit clin d'œil à Gravity vient ponctuer le film, sa pertinence n'est pas des plus évidentes, comme si le réalisateur s'amusait à contempler son œuvre depuis l'espace...

RedDragon
8
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le 10 sept. 2019

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RedDragon

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