Redheads can go to Hell

Y a du bon dans ce film, je ne me suis pas ennuyé. Mais y a aussi pas mal de mauvais ; en fait, je fus souvent frustré durant le film à cause de nombreuses maladresses. C'est donc déçu que j'en ressors, même si en soi ce n'est pas déplaisant.

Le scénario m'a semblé un peu mou. Il se passe des petites choses, mais on sent rarement les conflits et la tension. En fait, ce n'est vraiment qu'à la fin, le dernier tiers, qu'on sent les personnages lutter ; jusque là, ce ne sont que des petites scènes gentilles, presque insignifiantes. On ne s'ennuie pas parce que ça bouge, que l'on change vite de scène, qu'il y a beaucoup de numéros musicaux.

L'humour ne m'a pas totalement séduit. On trouve un peu de tout. En fait, le film souffre globalement d'être un gros fourre-tout : la narration part un peu dans tous les sens, l'humour un peu moins, mais un peu quand même. Le côté vulgaire/gras/bas du pantalon est ce qui fonctionne le moins (et heureusement qu'il y a d'autres tons humoristiques en fait), non pas que je n'aime pas ce type de blagues, juste que je trouve les gags assez pauvres ici. Je dis toujours que voir un mec péter tout simplement, ce n'est pas très drôle. Ce qui est drôle, c'est lorsqu'on joue avec le contexte, les causes, les conséquences. Imaginez ce mec qui pète alors qu'il est en train de remettre la médaille d'honneur à un soldat, devant la télé, la famille, les supérieurs, c'est déjà un peu plus marrant. Dans ce film-ci, ce n'est jamais exploité. Il y a justement une scène ou le père se met à péter. Les conséquences et causes seront un peu exploitées, mais en soi, le pet reste assez platement exploité. Il y a d'autres scènes du genre dans le film.

Il y a aussi l'impression que Turturro cherche un peu trop à nous fourguer ses blagues ; ça sent le forcé et ça déséquilibre un peu le dialogue. Autre phénomène récurrent, l'auteur ne sait pas toujours comment finir ses scènes. Alors il termine sur une petite blague sortie de nulle part. C'est dommage je trouve. Ou alors il coupe sa scène au moment où ça devient intéressant, laissant tomber alors tout l'intérêt qui venait de naître. C'est le cas pour les numéros musicaux qui sont systématiquement coupés au milieu de la chanson.

La mise en scène est correcte. Quelques jolis plans et un emballage globalement plaisant. Mais si on creuse on s'aperçoit que c'est quand même fade. Ainsi donc, malgré quelques bonnes idées visuelles, Turturro ne joue pas assez de sa caméra, et cela se remarque surtout lors de ses chorégraphies. Les chorégraphies, d'ailleurs, ne sont pas terribles. Il y a bien du mouvement devant la caméra, mais c'est couvert par une caméra elle-même en mouvement ou par la musique qui va fort ; et puis ce mouvement reste basique, peu recherché, et parfois semble venir de nulle part en faisant intervenir des figurants magiques (figurants venus de nulle part). Cela peut être drôle mais une fois de plus l'idée n'est pas assez exploitée.

Disons-le clairement, en tant que comédie musicale, c'est très pauvre. Les quelques chants d'acteur sont couverts par la musique et le chant d'origine tandis que les danses, je viens de le dire, sont pauvres. Il reste tout de même des acteurs investis, qui ont l'air de vraiment s'amuser. peut-être trop : à plusieurs reprises j'ai eu l'impression de voir un film entre copains, et non un vrai film. Je me demande si le film aurait pu être monté sans la participation d'autant de stars... Reste aussi un très grand nombre de jolies femmes, comme quoi Turturro a bon goût.

Enfin, le choix des chansons est plutôt sympas, même si certaines ne semblent pas cohérentes par rapport aux autres. Mais c'est vraiment dommage de ne pas avoir juste laissé les acteurs chanter et se réapproprier les morceaux.

Bref, "Romance and cigarettes" se regarde sans trop de problème, mais déçoit par ses trop nombreuses idées sou- exploitées. Dommage.