Un polar classique estampillé John Frankenheimer avec Jean Reno, Robert De Niro et Michael Lonsdale

"Ronin". Synopsis : quatres vétérans de la guerre froide sont recrutés pour prendre une certaine valise. Sans être le film de l'année, "Ronin" est efficace et prenant et s'affranchit des blockbusters américains car le réalisateur prend le temps de poser le décor. Décor naturel, et tourné en pleine France. On prend un malin plaisir à reconnaître le Vieux-Nice, Paris, son périph', les arènes d'Arles, grâce au talent de John Frankheimer qui prend le temps d'imprégner "Ronin" de l'ambiance vieille France, qui n'a rien perdu de son patrimoine. On sent bien que Frankenheimer s'est appliqué dans son montage final pour nous montrer une France décomplexée, naturelle. On s'aperçoit finalement que ce n'est pas du premier film tourné en France (ce n'est pas "French connection 2" qui va nous prouver le contraire, bien que je ne l'ai pas encore vu). Si nous accrochons nos ceintures, les courses-poursuites sont bien réglées, de même que les fusillades-explosions. Toutes mes félicitations pour avoir tourner LA scène sur le périph' parisien avec cette voiture en contre-sens, John. Tu inscris là une bien belle performance (à plus de 160 km/h !). Pour les besoins de "Ronin", Frankenheimer engage un quatuor de choc : Robert De Niro - Jean Reno - Sean Bean - Stellan Skarsgard. Dans le film, il reste le tandem Reno/De Niro qu'on apprécie énormément (comment ne pas l'apprécier ??) malgré un Bob peu investit dans son rôle (à l'image du casting d'ailleurs) en raison de son arrestation pendant le tournage en France, sans aucun doute. Sean Bean ("Goldeneye", "Le seigneur des anneaux"), Skarsgard (vu dans la trilogie "Pirate des Caraïbes", "Will hunting"), Jonathan Pryce ("Brazil") et Natascha McElhone (rencontrée sur "The Truman show" et "Ennemis rapprochés" (avec Brad Pitt)) assurent le strict minimum, et c'est tant mieux, car sans cela, "Ronin" se serait attribué le label navet. Notons la présence de Michael Lonsdale qui a l'art non seulement d'apaiser, mais aussi de nous prendre sur le fait. Bingo !!, John. Je soulève un dernier point, celui de la mise en scène. Dans "Ronin", je sens un John Frankenheimer investi mais qui aurait pu donner plus. Je donne le seul exemple de De Niro qui n'a pas son charisme habituel. John a envie de donner envie mais l'on reste sur notre c*** car les scènes de parlottes n'ont rien à envier à celles de John Wayne (dans ses westerns), et en plus, Frankenheimer fait un film classique. Déjà au départ il est classique (choper une valise, ç'est pas balèze, on a compris), mais il n'apporte pas d'énergie à niaquer "Ronin" avec un style, une qualité propre. Ici, le spectacle n'est pas racé, il est lisse, coule de source et manque de consistance. C'est ce que j'appellerai une réalisation routinière (c'est le cas de le dire !) de par un vétéran du genre, soulignons-le. John a réalisé le non-moins connu "Le train" (avec Jeanne Moreau et Burt Lancaster), "Le prisonnier d'Alcatraz" (toujours avec Burt), "Grand prix" (qui paraît-il est racé à 200 à l'heure !). Il a fait aussi "Les cavaliers" (et d'engager Jack Palance et Omar Sharif) et "French connection 2" (avec encore Gene Hackman !). C'est dire !!! Pour conclure, "Ronin" est de facture classique mitonné par le regretté Frankenheimer qui assure le minimum syndical. Dommage, car on aurait pu avoir le film de l'année. Voulez-vous du Lonsdale pour un soir spectateurs ?

brunodinah
6
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le 2 avr. 2019

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