Room 237
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Room 237

Documentaire de Rodney Ascher (2012)

Fan de Kubrick, et des théories à la con, j'étais le public tout désigné pour me délecter de ce documentaire les pieds en éventail sur le canapé. Room 237 est une référence au numéro de chambre d'hôtel emblématique du film Shining de Stanley Kubrick. Il donne la parole à des nolifes qui exposent en voix off les trames secrètes, ésotériques, les messages subliminaux qui jalonnent le film, visibles uniquement par des yeux avertis.


Room 237 est globalement décevant, un peu à cause du contenu, pas toujours au niveau, mais surtout par sa réalisation catastrophique. Nous sommes en droit d'attendre autre chose d'un documentaire diffusé dans les salles de cinéma qu'une suite d'extraits des films de Kubrick, avec des commentaires systématiquement en voix off. J'aurais aimé voir les intervenants, car le propos concerne aussi cette population d'obsessionnels attachants qui décortiquent avec passion un film image par image. Sur la forme, tout repose sur le montage, qui n'a absolument rien de transcendant.


A mes yeux endoloris, deux points sauvent le compendium de l'oubli définitif. Une des voix précise que ce n'est pas important si Kubrick n'a pas camouflé intentionnellement des messages, que cela n'enlève en rien l'intérêt de leur herméneutique, de leur lecture. Ô combien il a raison de le clamer. J'entends parfois dire que les commentaires des œuvres, les intentions prêtées de tel artiste dépassent le propos originel, et que ces surinterprétations sont nulles et non avenues. Pourtant une œuvre est lâchée par son auteur une fois publiée, diffusée, et ensuite, elle trace sa route, tout seule comme une grande. Nous n'avons pas la même vision par exemple de la guerre de Troie de nos jours qu'à l'époque hellénistique, et c'est tant mieux. La vision change avec l'époque, les enjeux, et c'est cette capacité à s'adapter aux nouveaux regards qui fait la durée de vie d'une œuvre.


Seconde bouée de sauvetage, à la fin du documentaire, un des autistes fait l'expérience de passer le film à l'envers, en surimpression du film passé à l'endroit. Ce qui crée des collisions impromptues, qui génèrent elle-même d'autres analogies, d'autres perspectives. Le procédé confine à l'expérimentation artistique, quasi-mystique, et on termine la bouche bée, les pieds en éventail sur le canapé.

Llywel
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le 29 avr. 2014

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