Revoir Rosemary's Baby en 2020, cinquante deux ans après sa sortie en salle, donne un aperçu de l'évolution du cinéma de Polanski. Cet aperçu donne le vertige. Traverser un demi-siècle de cinéma avec autant de virtuosité, en réussissant tout ou presque, en s'arrachant si facilement à son segment de films et aux genres dont il a été fait maitre, c'est prodigieux.


J'ai eu l'idée de revoir Rosemary's Baby en regardant Once upon a time in Hollywood. Non pas seulement que le parallèle entre Rosemary et le destin tragique de Sharon Tate soit bouleversant, mais parce que DiCaprio a une réplique élogieuse à propos du film.


Ce film est une oeuvre dans laquelle Polanski y déploie tout son art de l'insaisissable, du double, de l'épaisseur trouble qui fait patauger ses personnages et ses spectateurs dans l'angoisse du point d'interrogation. On ne sait pas si c'est folie ou sorcellerie - on ne le peut pas - Rosemary ne le sait pas plus que nous, et Polanski préfère garder pour lui l'éclairage que l'on craint, il nous laisse dans son inconfortable nuit et il le fait si bien qu'on a plaisir à être mal à l'aise.


Mia Farrow est fascinante, elle produit par son jeu un trou noir d'anxiété, lequel contraste franchement avec sa peau diaphane, ses yeux clairs et son air angélique lentement flétri, finalement glauque. Tout son jeu s'accorde parfaitement au tempo du film et à cette ambiance sardonique qui, de bout en bout, nous glace.


Un sommet de Polanski.

Motherfuck
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 22 janv. 2020

Critique lue 835 fois

23 j'aime

6 commentaires

Motherfuck

Écrit par

Critique lue 835 fois

23
6

D'autres avis sur Rosemary's Baby

Rosemary's Baby
Sergent_Pepper
7

Les maux pour le dire.

Second volet de la non-officielle Trilogie de l’appartement, entre Répulsion et Le Locataire (qui en sera l’indéniable sommet), Rosemary’s Baby est de loin le plus connu : peut-être est-ce parce que...

le 15 mars 2017

83 j'aime

7

Rosemary's Baby
Vnr-Herzog
9

La quintessence du pouvoir de suggestion.

En préparant ce film Roman Polanski aurait dit "si mon travail est bien fait, les spectateurs croiront vraiment avoir vu le bébé"... Bordel.... Je l'ai vu moi ce môme.... à la fin, je me rappelle...

le 12 déc. 2010

68 j'aime

18

Rosemary's Baby
Pukhet
7

All of Them Witches ?

Messieurs-dames, ceci est une critique à spoilers. Merci de votre attention. Premier plan ; d'un hélicoptère, nous survolons New-York, ville cosmopolite et éclectique, ici ville funeste. La ville...

le 23 avr. 2012

66 j'aime

14

Du même critique

Après l'histoire
Motherfuck
5

Non

J'ai eu du mal à terminer Après l'Histoire. Ce n'est pas que le texte soit difficile d'accès, c'est plutôt que le ton contempteur, méprisant et dépréciatif de Muray a fini par me saouler, si bien que...

le 29 mars 2020

24 j'aime

15

1917
Motherfuck
10

Oui

C’est agaçant cette interminable antienne de la supposée opposition entre le cinéma et l’entertainment, anglicisme intraduisible désignant le divertissement sans l’art, le spectaculaire émotif,...

le 26 janv. 2020

24 j'aime

9

Sérotonine
Motherfuck
7

Oui

C'est bien Houellebecq, sur l'échelle de Richter c'est toujours un petit séisme, et chacun de ses livres fait toujours le même effet, c'est navrant et délicieux, je dirai 3/10 sur l'échelle de...

le 11 févr. 2020

23 j'aime

5