Ce qui est étonnant en visionnant "Rumble Fish" (Littéralement combattant, du nom du poisson), c'est de se rendre compte à quel point Coppola est à l'origine de ces blockbusters pour Teenagers réalisés à la pelle dans les années 80 (par exemple Top Gun ; 1986) mais également à quel point il fait référence au cinéma des années 50, cinéma dont le scénario est souvent tiré d'une pièce de Théâtre dont il reprend la structure littéraire (voir "Un tramway nommé désir" d'Elia KAZAN ou "Jules César" de Joseph MANKIEVICK)...
Car "Rumble Fish" est avant tout un film dans lequel l'image fait partie intégrante de la narration, à contrario des Blockbusters eighties dans lesquels le travail sur l'image sert davantage à magnifier une superstar en devenir plutôt que de servir l'histoire.
En effet, comment ne pas remarquer ces séquences en time laps d'un ciel nuageux, référence appuyée au temps qui file...le temps qui est d'ailleurs le fil rouge du récit encore une fois imagé par ces plans désaxés dans lesquels l'horloge celle du Snack Bar ou celle, sans aiguille posée sur le camion de réparation lors du dialogue entre Motorcycle boy, Rusty James et l'officier de police. Un temps vaporeux sous forme de brume dans la séquence où Patty descendant du bus se refuse à Rusty James car elle aura été mise au courant d'une sauterie à laquelle elle n'était pas conviée.
Il y a également ces images d'ombres fuyantes dans lesquelles on peut apercevoir la silhouette d'un chat, animal mi domestique/mi sauvage qui se sauve aussitôt qu'une porte ou qu'une fenêtre s'ouvre, mais qui revient à l'heure du repas. Comme vous l'aurez remarqué, ces images symbolisent la personnalité du Frère de Rusty James.
Ce travail sur l'image, omniprésent, avec ses perspectives faussées (on pense à Orson WELLES) a pour fonction soit d'appuyer la psychologie des personnages, soit de mettre en lumière une thématique sous jacente. Ce qui en résulte c'est une impression de rêve éveillé car ce type de vision n'existe pas dans la réalité.
"Rumble Fish", contrairement à ce que pourrait suggérer le titre, n'est pas ou film dans lequel les combats font rage. En effet, les séquences de rixe, malgré la violence qui en émane, sont trop chorégraphiées pour être réalistes (on pense alors à "Orange Mécanique", même si l'effet de style n'a pas la même signification dans ce dernier).
"Rumble Fish" est un film bavard (pas dans le mauvais sens du terme) comme pouvaient l'être certains films américains des années 50, notamment les films de KAZAN ou MANKIEWICK. En effet, la structure théâtrale est très claire; je m'attarderais surtout sur le dénouement dans lequel apparaissent tous les personnages aperçus tout au long du film (référence à la Comédie Classique). Cette importance donnée au texte se sent également dans les références faites à la "Politique" de PLATON que cite parfois MotorcycleBoy.
A sa sortie, le film n'aura pas rencontré le publique pour lequel il était destiné, simplement pars qu’anachronique de par ses références, mais aussi parque trop référencé justement ce qui créa je pense une distance avec les spectateurs non initiés.
Pamphlet esthétique; assurément car la virtuosité de la mise en scène explose à chaque seconde. Mais cet excès de zèle fera selon moi l'échec artistique de "Dracula" !