Ruth & Alex par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le 3 juillet 2016

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Alex et Ruth sont unis depuis une quarantaine d'année et habitent depuis leur mariage dans un appartement sympa du East Village à New York. La situation de leur "refuge" les oblige à déménager car à leur âge les cinq étages sans ascenseur deviennent pénibles à monter. La vente doit se faire aux enchères, rien de plus commun, sauf que ce jour là un camion suspect est accidenté sous le tunnel de Midtown et le chauffeur a disparu dans la nature. La tentative d'attentat est privilégiée par la police et accentuée par les médias. Devant cette inquiétante situation les prix des enchères fluctuent et le couple se retrouve devant une situation difficile à gérer...

La vieillesse oblige souvent à remettre en cause bien à regret une situation établie. C'est le cas de ce couple encore très actif qui se plaît à ce dernier étage d'un petit immeuble situé au cœur d'un quartier modeste. C'est là que les époux Carver vivent heureux, en parfaite osmose et profitent de la sympathie des habitants et des commerçants. C'est aussi là qu'ils ont emmagasiné leurs nombreux souvenirs mais la situation devient pénible, même pour leur adorable petit chien qui lui aussi sent la vieillesse arriver. La décision est prise à regret, le déracinement aura lieu. Ce déménagement va devoir s'effectuer... Malheureusement la date de la vente est maudite à cause de ce satané camion qui tient en émoi les habitants de la ville et les médias. Les agents immobiliers, véritables "requins", sont à leur affaire car à cette occasion les prix s'affolent. Alex et Ruth sont dépassés par les événements d'autant que leur petit chien considéré comme leur enfant se retrouve dans une clinique vétérinaire pour subir une intervention.
La vieillesse rend perfectible bien souvent aux choses les plus intimes de la vie. Elle a de bon moment, c'est vrai mais elle a aussi ses côtés de chagrin et de désespoir. Les habitudes ont été prises et on y tient. On tente de s'accrocher aux branches pour mieux résister aux changements qu'on supporte moins bien. On a tellement peur de voir s'envoler le fruit d'une vie et ses souvenirs et voir disparaître ses derniers espoirs. C'est peut-être à ce moment qu'on a véritablement besoin de l'amour et de la compréhension de l'autre.

Ce film est tiré d'un roman de Jill Ciment : "Heroic Measures". Le réalisateur Richard Loncraine offre une œuvre dont le sujet paraît relativement simpliste mais qui peut toucher tout de même par l'étude des personnages et du contexte dans lequel se déroule l'histoire. L'attachement, malgré les petits désaccords journaliers entre Alex et Ruth, est fort bien analysé. Il s'agit d'un couple "mixte" et cette situation choquante pour certains est dépeinte avec finesse au même titre que les différences de caractère de chacun d'eux. Alex est interprété par Morgan Freeman, personnage bougon mais infiniment sensible et sympathique et Ruth, Diane Keaton, est une épouse débordante d'énergie, d'initiative et de tendresse.
L'analyse de l'Amérique sous le choc d'une présumée tentative d'attentat terroriste est bien menée et on ressent vraiment l'avidité des médias et des autorités pour le "sensationnel", inventant, comme sur nos chaînes d'infos", des scénarios improbables aux multiples rebondissements.
L'économie n'est pas insensible à ces informations "catastrophes" et les "requins" flairant la bonne affaire sont de sortie et tentent de s'arracher entre eux leur proie. Ceci donne d'ailleurs lieu à des scènes assez cocasses avec notamment l'excellente interprétation de Carrie Preston, une femme investie dans les transactions immobilières aussi efficace et surbookée que manipulatrice.

Lorsque j'ai vu ce film, je vous avoue l'avoir quelque peu sous-estimé. Puis en écrivant la critique, je ne peux m'empêcher de me remémorer certains détails assez véridiques qui m'ont fait apprécié cette réalisation de Richard Loncraine qui aborde avec beaucoup de sobriété les sujets dont je fais mention ici.
Ce film n'est pas très connu, c'est dommage, et je tiens à le mettre en valeur, tout comme certains autres, même si mes goûts ne viennent pas forcément vers eux..

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Ma note: 8/10

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