Fuck les haters, vive Ghostbusters !

Quand il a décidé d'assumer la responsabilité d'un remake au film culte d'Ivan Reitman de 1984, Paul Feig (Bridesmaids, Spy) devait s'attendre à ne pas se faire que des copains, à être attendu au tournant par une bande de fans de la première heure, couteau entre les dents et armes à protons braquées sur lui. Mais à ce point...
Dés l'annonce de ce remake, le film a condensé la haine sur internet car, oh mon dieu sacrilège ! ils ont osé faire un casting entièrement féminin. Sapristi, pour du drame, ça c'est du drame !
Alors certes, faire un remake d'un objet cinématographique culte pose toujours la question du "est-ce que c'est bien la peine de faire un remake alors que le premier est bon ?" ou encore "en a-t-on quelque chose à foutre d'un Ghostbusters 3 en 2016 ?" (la réponse étant fondamentalement dans les deux cas "bwof, on aurait pu s'en passer) ; et on peut donc comprendre une certaine réticence des spectateurs.
Mais, rien, jamais, n'excuse qu'un film soit descendu avec tant de violence avant même qu'on l'ait vu. C'est aussi absurde que ceux qui criaient au chef-d’œuvre après le premier trailer de Star Wars 7. Et, surtout, rien n'excuse le torrent d'âneries proférées autour du casting féminisé. Que ce soit dit une bonne fois pour toute : Ghostbusters 2016 n'est pas un film féministe, pas plus qu'il est un film masculiniste, bouddhiste, ou [insérer le mot en -iste hors-sujet qui vous convient]. Que les machos compulsifs rangent leurs claviers, non le film n'est pas nul parce que Bill Murray et Dan Akroyd ont été changé en Kristen Wiig et Melissa McCarthy. Que les féministes du dimanche ferment leur bouche et leur compte Twitter, non le film ne sera pas une merveille sous prétexte que ce sont des femmes ! Si le féminisme c'est l'égalité, alors merci de laisser le droit aux femmes de produire un immonde navet au même titre que les hommes.
Bref. Pour fermer la parenthèse d'une hystérie qui n'a pas lieu d'être, réfléchissons deux secondes à ce que tout ce bazar autour de la sortie du film illustre : alors, comme ça, féminiser un casting, c'est forcément politique ? On est tellement peu habitués à la diversité à Hollywood que mettre une femme ou un noir, ou un homosexuel, ce serait forcément politique, et pas juste normal ? Eh ben, que de chemin encore à parcourir.

Mais bon. Passons au film. Et bien préparer vous à entendre blasphémer, parce qu'il est très bon. Dans cet été franchement morne niveau blockbusters, placé sous le signe de la déception (Le BGG, Suicide Squad, Jason Bourne, X-Men), S.O.S Fantômes s'impose comme le cocktail d'action-humour rafraîchissant qu'on n'attendait plus. On y retrouve les ingrédients humoristiques qui font la force de Paul Feig, une esthétique colorée à la fois respectueuse des 80s et très moderne, mais surtout un casting au top. Voilà pourquoi voir le film permettrait à un certains nombre de trolls et de rageux écumant l'internet de fermer leur clapet : Sony n'a pas choisi des femmes, mais CES femmes. Et c'est là toute la différence. Car elles assurent, et si le film fonctionne, c'est en grande partie grâce à l'alchimie de ces purs produits du Saturday Night Live (usine à talent dont proviennent Jim Carrey, Will Ferrell, Ben Stiller, j'en passe), qui s'imposent comme les actrices les plus drôles sur le marché hollywoodien. J'irai même jusqu'au plus haut blasphème, à la haute trahison : ce casting là fonctionne mieux que le casting original (vous savez celui avec Bill Murray, et... c'était qui les autres déjà ?), et pour cause, si sympathique soit-il, le film de 1984 a pris un sacré coup de vieux, et son esthétique est tout au plus, aujourd'hui, kitsch.
En tout cas, le film de 2016 est divertissant et amusant, d'autant plus qu'il arrive assez bien à rebondir sur la polémique (de nombreuses blagues assez métas tournent autour tantôt des commentaires Youtube, tantôt de la perception des chasseuses de fantômes par le public). A l'image du plan final, proclamant "I love Ghostbusters", doigt d'honneur soft à une post-production et à une promo chaotiques.
Vous avez bien raison les filles, we love Ghostbusters !