(*Nanar Non Présent Sur Nanarland)


L'une des nombreuses raisons d'être fier d'habiter à Lyon, c'est (entre autres) la présence de l'Aquarium Ciné-Café, un lieu à mi-chemin entre un vidéo-club, un bar associatif et une salle de ciné insolite. On y projette toutes sortes de films, des grands classiques en passant par des raretés méconnues, mais ce qui m'intéresse le plus, sans surprise, ce sont les soirées nanars. Une fois tous les deux mois, l'équipe nous régale d'un nanar de derrière les fagots dans une ambiance bon enfant souvent arrosée de bière.


Cette fois-ci ce fut un nanar surprise, dont le titre ne nous fut révélé qu'au dernier moment : С ума сойти, S uma soyti en alphabet latin, ce qui signifie apparemment "sans queue ni tête". Il est l'œuvre de Sergey Kuchkov, déjà réalisateur du fabuleux Les Monstres , dont on aura l'occasion de reparler. Comme pour ce dernier, c'est un membre de l'équipe de l'Aquarium, Ilya, qui est, comme son nom l'indique, Russe, qui a fait lui-même les sous titres de ce film qui n'est jamais sorti de Russie. Grâce à son travail on a enfin pu découvrir "Une drôle d'histoire", puisque que c'est ainsi qu'il a décidé de traduire le titre.


Effectivement l'histoire est loin d'être conventionnelle : une jeune et jolie extra-terrestre débarque dans un lycée sous forme d'une grosse boule d'aluminium rebondissant dans tous les sens. Après avoir effrayé une femme de ménage qui surjoue beaucoup trop, elle tombe sur le principal, le prof de chimie (un sosie de Tarkovski, déjà aperçu dans Les Monstres) et la prof d'histoire, qui a eu une histoire d'amour passionnée avec le principal par le passé. L'alien leur annonce qu'elle a besoin de pierres précieuses cachées à plusieurs périodes de l'histoire pour sauver sa planète. Pourquoi ne peut-elle pas y aller elle même, mystère, mais nos trois héros décident du tac au tac d'entreprendre cette mission. Les voilà donc transformés en boules d'aluminium à leur tour pour voyager dans le temps.


Ils visiteront donc trois périodes :



  • la préhistoire, où des mecs déguisés et maquillés approximativement feront de leur mieux pour nous convaincre qu'ils ne sont pas russes, tandis que tous les animaux sauvages proviennent de stock shots très discrets et pas du tout abusifs. La palme revient ainsi à cette scène où le chef de la tribu qu'ils rencontrent les condamne à être jetés au "tigre sacré" qui n'est un tigre que le temps d'un seul plan,e t selon les stocks shots devient un puma ou une panthère. D'ailleurs la prof d'histoire ne sait même pas reconnaître un tapir, paye ta prof. Suffit de lire Le temple du soleil.


  • l'apogée de l'Empire Ottoman, où ils se retrouvent dans le palais d'un calife. Notre Tarkovski Leader Price s'en va alors traquer de la donzelle comme si sa vie en dépendait quand il apprend l'existence du harem du calife.


  • l'Inquisition Espagnole, où on sent clairement que les scénaristes commençaient à en avoir marre : dans les deux périodes précédentes la pierre précieuse était un minimum difficile à récupérer, ici il leur suffit de se cacher sous la table des juges en plein procès pour choper la pierre au calme. Un autre grand moment.



Je vous passe les détails mais sachez que ce film comporte quand même son lot de scènes incroyables, dont une où l'alien découvre sa sensibilité au contact d'un chien ainsi qu'une utilisation, on l'imagine, tout à fait légale de Chi Mai, sans oublier un final dans le je-m'en-bat-les-couillisme le plus total.


Doté d'une qualité d'image si impressionnante qu'on le croirait tout droit sorti des années 70, cet OVNI Russe mérite le coup d'œil, ne serait-ce que pour ses tentatives pénibles de comédie et son amateurisme divertissant. En plus il dure à peine plus d'une heure, donc où est le problème ?


Le problème c'est qu'il est quasi introuvable. Il est dispo sur YouTube, mais à part si vous parlez Russe ça risque d'être compliqué. Mais ne désespérez pas, ça risque de bientôt changer (je mettrai le lien du film sous-titré dès qu'Ilya l'aura uploadé).

RonaldFrangipane
7

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le 1 juil. 2019

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