Durant la seconde guerre mondiale, des familles aisées anglaises décident d'éloigner leurs jeunes garçons de la menace des bombes allemandes en les envoyant en Australie. L'avion qui les emporte s'écrase sur une île déserte sans qu'aucun adulte ne survive.



Complètement livrés à eux-mêmes, ils essaient de s'organiser pour survivre, désignant un chef démocratiquement. Mais bien vite, la nature humaine prend le dessus et leurs mœurs policées laissent la place à une organisation tribale régie par la loi du plus fort. Menés par un chef charismatique, ils retombent à l'état sauvage.

Ralph, le chef à la conque, celui qui a été élu, représente les restes de la société. Il n'est pas la justice ni la gentillesse même, mais il fait tout pour ne laisser personne de côté. Jack, le chasseur meurtrier, réussi par son charisme, sa violence et par la peur à s'approprier le pouvoir et à gagner l'adhésion du groupe. Obtenir le pouvoir en suscitant la peur dans le groupe, par le charisme, cela ne sera pas sans évoquer de nombreux épisodes de notre histoire récente. Les victimes en seront la vérité, la mesure, la sagesse et l'innocence, incarnées par Piggy, le jeune garçon trop gros, portant des lunettes, autrement dit, la représentation de la différence, différence que la cruauté inhérente à l'homme ne peut tolérer.

Peter Brook, avec un très petit budget réussit ici à faire un film mythique au sens littéral du terme. Le sujet est extrêmement riche et intéressant. Ce film fait écho, bien sûr, au mythe de Robinson Crusoé, mais aussi à celui du retour à l'état sauvage et au rôle de la société face à l'homme. Faisant écho à Hobbes, on peut en faire cette lecture, que l'homme reste un loup pour l'homme, animal mesquin et cruel qui, sans la supervision de la société, succombe immanquablement à la loi du plus fort et à la barbarie.

Un film court, à petit budget, pas très impressionnant techniquement, mais qui dépasse largement le cadre du conte pour enfants pour prendre une dimension universelle. La force qui se dégage du dernier tiers du film pour finir en apothéose occupera sans nul doute l'esprit du spectateur encore plusieurs jours après la vision.
MisterPH
8
Écrit par

Créée

le 14 sept. 2012

Critique lue 414 fois

2 j'aime

MisterPH

Écrit par

Critique lue 414 fois

2

D'autres avis sur Sa Majesté des mouches

Sa Majesté des mouches
Gand-Alf
8

Devenir la bête.

Nominé pour la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1963, "Sa majesté des mouches" est l'adaptation par Peter Brook du roman éponyme de William Golding, récit que j'avais découvert en classe de...

le 22 nov. 2014

22 j'aime

2

Sa Majesté des mouches
JZD
7

Sa majesté des mioches !

Adaptation un peu ratée d'un livre bien plus intéressant dans la forme. Le fond est le même, ceci dit. Après une introduction un peu lourde et une première partie baclée on se trouve enfin plongée...

le 11 avr. 2011

9 j'aime

2

Sa Majesté des mouches
monDmonium
5

Moucham

Bon soyons clair, je n'ai jamais lu le livre en entier, mais d'après ce que j'ai pu entendre l'adaptation serait plus que correcte. Au niveau du film qui date de 1965, et ça se voit, j'étais...

le 20 oct. 2013

8 j'aime

Du même critique

Empire Records
MisterPH
7

Critique de Empire Records par MisterPH

A remettre dans son contexte et à regarder avec l'oeil bienveillant et nostalgique des années 90. Avec ce prisme là, un bon moment léger et un retour à l'âge ado. A ne pas regarder après avoir lu les...

le 25 août 2014

5 j'aime

La Faute à Fidel !
MisterPH
6

Critique de La Faute à Fidel ! par MisterPH

La faute à Fidel est le premier film de Julie Gavras, la fille de Costa, la soeur de Romain. C'est une adaptation du roman de Domitilla Calamai intitué Tutta colpa di Fidel. Ce film est vu du point...

le 14 sept. 2012

3 j'aime

Sa Majesté des mouches
MisterPH
8

Critique de Sa Majesté des mouches par MisterPH

Durant la seconde guerre mondiale, des familles aisées anglaises décident d'éloigner leurs jeunes garçons de la menace des bombes allemandes en les envoyant en Australie. L'avion qui les emporte...

le 14 sept. 2012

2 j'aime