Bourrin des années 80 et bourrin jusqu'au bout des seins !

Sabotage s’adresse directement aux nostalgiques des années 80, ces années où Stallone et Schwarzenegger se tiraient la bourre à grands renforts de pectoraux aux amphétamines et de coups de fusils à pompe. Des films assez bas de plafond mais, jouissifs dans leur bêtise simpliste, quand les seuls moments de réflexion revenaient à se demander si le héros allait mettre ou non la langue en embrassant la blonde à forte poitrine de service. Bref, une période d’insouciance et de films d’actions tous plus bêtes (mais si bons) et abusés les uns que les autres, Stallone enchainant les Rambo, Schwarzy les Terminator et Van Damme (ne l’oublions pas…), les navets…

L’avantage de Sabotage, outre le fait que Schwarzy vieillit plutôt pas mal, c’est qu’en quelques répliques on est au parfum, c’est le cas de le dire. Une des toutes premières (qui deviendra culte c’est sûr) est à écouter dans un véhicule blindé, quand l’un des « héros » demande qui a pété. S’étalent sous vos yeux des gros muscles, des grosses armes, des gros tatouages et des gros bourrins. On ne voit à peu près que ça d’ailleurs, des armes, des tripes et des paires de seins de qualité tout à fait honorable. Autant dire qu’on n’est pas vraiment en présence de Sissi Impératrice, ici c’est un film de mâles, pour les mâles et qui fait mal. Le résultat est plutôt agréable d’ailleurs, sans être un chef-d’œuvre, Sabotage est plutôt décomplexé et revendique l’héritage d’une époque glorieuse de l’action movie. Schwarzy n’est plus gouverneur et c’est tant mieux, il peut du coup refaire la course avec Stallone et ses Expandables.

Dans le respect des traditions, le scénario est presque invisible et comporte à peu près autant de lignes qu’il n’y a de neurones dans le crâne de celui qui en est l’auteur…si auteur il y a. Tout est fait pour ménager l’adolescent pré-pubère trop occupé a faire travailler sa tête en cours de physique/chimie. On a donc un cartel qui torture, une bande de flics des stups qui arnaque le cartel et qui se retrouve prise pour cible, jusqu’à la révélation finale qui parait un tantinet tirée par la racine des cheveux. C’est à peu près tout et, sauf si le scénariste a couché sur le papier les : bangs ! pan ! et autres boum !, il n’a pas dû écrire plus de mots que n’en comporte ce texte.

La réalisation n’a rien d’extraordinaire, on est loin des génies du genre que sont McTiernan ou Tony Scott, mais l’essentiel est là : ça défouraille dans tous les sens, on a notre dose d’hémoglobine et de héros badass plus sûrs d’eux qu’un représentant en encyclopédies dans une cité ouvrière du Nord. David Ayer fait le job sans inspiration, mais en connaisseur qui récite sa leçon avec conviction. Ce qui lui manque sincèrement, c’est une sacré bonne dose de culot quitte à se casser la gueule quand il tente quelque chose. Par contre, il aurait dû faire un effort sur la bande originale, pas assez présente dans les moments de « gloire » et franchement passe-partout quand on l’entend. Pourtant, la musique dans ce genre de film, apporte beaucoup au panache que peuvent avoir les scènes d’action pure.

Quant à Schwarzy, qu’on nomme désormais « Schwarz Le Vieux », il démontre encore une fois son absence absolue de talent d’acteur lorsqu’il s’essaie à la composition. Il fait très bien le regard d’acier qui glacerait le cœur d’une Clara Morgane en chaleur. Par moments, il ferait même terriblement penser au Eastwood de la trilogie du dollar. Mais dès qu’il sort de ce personnage, son jeu devient maladroit, forcé et terriblement surjoué. Le reste du casting, sans être forcément au top, est tout de même un léger ton au-dessus, rappelant que si Schwarzy a un jour fait du cinéma, c’est avant tout pour son physique. Stallone lui, a eu Copland pour démontrer qu’il pouvait réellement être rangé dans la catégorie « acteurs », Schwarzy attend toujours…

Sabotage ne ravira peut-être que les nostalgiques et les ados attardés, de ceux qui se contentent de sang et de chair fraiche pour passer une excellente soirée. Sabotage est un film violent et régressif qui insiste lourdement sur le côté gore des meurtres qu’il met en scène, probablement par exorcisme. La recette est simple : trouvez-vous une bande de potes, un gros pack de bières et n’oubliez pas la cartouche de cigarettes, n’oubliez non plus pas les pizzas et les pieds posés sur la table su salon. Vous êtes dans les années 80, Jeanne Mas a les cheveux droits sur la tête et Schwarzy des bras gros comme ses cuisses. Vous êtes dans les années 80 : savourez Sabotage...
Jambalaya
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films vus en 2014

Créée

le 27 juil. 2014

Critique lue 1.1K fois

11 j'aime

10 commentaires

Jambalaya

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

11
10

D'autres avis sur Sabotage

Sabotage
Voracinéphile
2

Quand les chasseurs deviennent des proies... c'est le monde à l'envers.

Le temps des héros est mort. Il n’y a plus rien, plus personne en qui on puisse croire, en qui on puisse se fier. Il n’y a plus que des intérêts personnels et des coups dans le dos, et quand ils...

le 7 mai 2014

12 j'aime

18

Sabotage
Gand-Alf
6

La bande à Schwarzy.

Ecrit par Skip Woods, scénariste du premier "Wolverine" et du dernier "Die Hard" (un cador de la bouse, quoi) et envisagé dans un premier temps pour Patrick Alessandrin (what the flupke ?) avec Bruce...

le 4 oct. 2014

12 j'aime

Sabotage
Buddy_Noone
3

Bande de sauvages

Sorti en 2014, Sabotage peut être aujourd’hui considéré comme le brouillon gore et pseudo-réaliste du Suicide Squad du même auteur. Un Schwarzy de 70 piges y dirige un escadron d’agents badass,...

le 8 oct. 2021

11 j'aime

5

Du même critique

The Truman Show
Jambalaya
9

Quand la vie de Truman capote...

The Truman Show, un film touché par la grâce, de son réalisateur Peter Weir d'abord, qui a rarement été autant au sommet de son talent depuis, de Jim Carrey ensuite, qui a fait taire avec ce film,...

le 10 déc. 2013

154 j'aime

17

True Detective
Jambalaya
9

Les Enfants Du Marais

True Detective est un générique, probablement le plus stupéfiant qu’il m’a été donné d’admirer. Stupéfiant par les images qu’il égraine patiemment, images d’une beauté graphique rare, images sombres...

le 12 mars 2014

152 j'aime

15

Le Monde de Charlie
Jambalaya
10

Charlie's Angel

Voici une œuvre miraculeuse, d’une justesse dans les sentiments et les émotions adolescentes qui m’a ramené vingt-cinq ans en arrière. A cette époque, se trouver une identité revenait à les essayer...

le 5 janv. 2014

152 j'aime

26