J'étais persuadée que je l'avais déjà vu, mais rien ne m'est revenu en mémoire du tout... il semblerait que ce soit donc une découverte. Je l'espérais revigorante, mais j'en ai été pour mes frais. Il y a bien le dépaysement, géographique, temporel et culturel, puisque l'action se situe dans les années 50 aux États-Unis et que le cinéma de Billy Wilder représente toute une époque, mais tout m'a semblé tourner en rond autour de la figure fraîche et jolie, et exagérément mutine, d'Audrey Hepburn, exploitée jusqu'à l’écœurement. Visiblement, le film mise tout sur elle. Toilettes, mimiques, poses avantageuses, taille ultra-fine, sourire ultrabrite, clichés en pagaille, rien ne nous est épargné pour faire scintiller la jeune étoile au minois de porcelaine. Sortis de ça, il ne reste pas grand-chose. L'intrigue est cousue de fils blancs, Bogart semble en pilotage automatique, à peine si on profite d'une scène de bureau pour nous justifier un capitalisme paternaliste à la naphtaline au passage... Pourtant, on sent un sous-texte de lutte des classes, mais amené avec tant de résignation par le personnage du chauffeur que l'ascension sociale finale, à laquelle aspirait la jeune écervelée, ne parvient pas à dissiper le malaise produit par les spectacle de cette haute société new yorkaise hypnotisée par sa propre réussite sociale, confite dans ses rites creux et vains et peuplée de playboys à la petite semaine, de millionnaires bornés et de godiches ricassantes. Il y avait de quoi mener une critique autrement plus acide, mais le film fait le choix du consensus et semble préférer laisser espérer aux jeunes filles une ascension sociale de conte de fée en cas de mariage chanceux. Un peu désespérant, donc. Cela dit, l'époque n'était pas du tout à l'émancipation féminine, et cette Sabrina semble résolument en rater le coche, par une sorte d'entêtement romantique à se subordonner à cette famille caricaturale qu'elle a toujours regardé vivre depuis l'ombre du jardin voisin. Une histoire gentillette, donc, de bout en bout, qui peine à trouver son souffle à l'époque de MeToo...

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le 20 janv. 2020

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