Robert Zemeckis s’entoure de Guillermo Del Toro et d’Alfonso Cuarón pour adapter l’une des plus terrifiantes œuvres du génial Roald Dahl. Pour une sacrée déception.
Robert Zemeckis n’avait plus montré ses talents d’enchanteur pour toute la famille depuis maintenant plusieurs années, lui préférant plusieurs films en prises de vues réelles qui n’ont malheureusement pas su rencontrer leur public, d’Alliés à The Walk en passant par Flight et son récent Bienvenue à Marwen qui possédait pourtant de superbes séquences en performance capture qui n’aidaient pourtant pas ce film touchant mais très fragile à véritablement être la réussite escomptée. Quel plaisir donc de voir le réalisateur revenir sur le terrain du divertissement familial entouré des deux prodiges mexicains Guillermo Del Toro au scénario et Alfonso Cuarón à la production pour adapter le génie de Roald Dahl au détour de l’une de ses œuvres les plus joyeusement terrifiantes qui avait déjà été formidablement adapté au cinéma par Nicholas Roeg et rencontré en début d’année le talent d’auteure de Pénélope Bagieu pour une superbe bande-dessinée.
Mauvais sort
Malheureusement, Sacrées Sorcières s’avère être une sacrée déception. Parce que la fantaisie de Roald Dahl se trouve rapidement passée à la moulinette d’un divertissement bien trop calibré pour la folie de son auteur, le film de Robert Zemeckis, ici pourtant royalement entouré, s’échigne ainsi à suivre une route trop peu enchantée pour divertir plutôt qu’ensorceler son jeune auditoire. Si dans ses premiers instants, Sacrées Sorcières applique avec efficacité le charme et la terreur du roman de Roald Dahl, le film de Robert Zemeckis semble pourtant rapidement tourner en rond lorsqu’il rencontre le lieu principal de son action, un superbe hôtel où notre jeune héros orphelin accompagné de son attachante grand-mère interprétée par Octavia Spencer se trouve confronté à une réunion de sorcières ayant pour objectif de transformer tous les enfants du monde en souris. Des petits rongeurs qui auront peu à peu raison de la magie de l’œuvre originale ici mutée en affrontement poussif aux effets spéciaux malheureusement grossiers.
Ainsi, si une certaine tension demeure lors de quelques scènes, Sacrées Sorcières semble bien trop occupé à suivre son cahier des charges de divertissement calibré pour pleinement tirer parti de ses personnages, ne se servant que de leur traits pour servir un scénario plat et expéditif, où la fantaisie de Roald Dahl se trouve transfigurée en de bien trop grosses ficelles pour susciter la moindre émotion. On pense ainsi rapidement à la vocation de relecture aux impressionnants effets spéciaux retirant toute la magie des œuvres originales de Disney à la découverte de Sacrées Sorcières, qui dézingue toute l’imagination fantasque d’un auteur pour nous servir une tambouille bien trop fade. Il ne suffit ainsi pas d’attendre l’horrible générique final du film de Robert Zemeckis pour pleinement le confirmer : Sacrées Sorcières est un divertissement tournant rapidement à vide, ayant troqué l’imagination pour l’efficacité dans une hideuse conclusion ayant fait de l’œuvre originelle un divertissement pour toute la famille aussi lisse que parfois gênant.
Que Dahl
Et c’est bien là le problème principal de Sacrées Sorcières qui s’échigne à faire tous les mauvais choix possibles alors que le film de Robert Zemeckis tirait pourtant le meilleur de sa fidélité à l’œuvre originale. La description des sorcières de Roald Dahl, prenant ainsi vie à l’écran se trouve ainsi être l’un des meilleurs moments du film, ce dernier ne prenant cependant jamais le temps de ne mettre en scène que deux d’entre elles, toutes une à une écrasées par le jeu poussif mais jamais réellement terrifiant d’Anne Hattaway. De ce complot mondial, et de cette charmante relecture de créatures fantastiques par l’un des plus brillants auteurs britanniques, il ne restera ainsi rien qu’un mix douteux entre Ratatouille et Alvin et les Chipmunks qui demeure derrière son efficacité qui tourne à vide une effarante preuve de mauvais goût et de sabotage total de l’univers à part de Roald Dahl.
Désertion totale de talents, de Roald Dahl à Guillermo Del Toro en passant par Robert Zemeckis lui-même, on se demande rapidement si les noms au générique de Sacrées Sorcières ne sont pas uniquement là pour donner un peu d’intérêt à ce divertissement calibré et sans intérêt où les maléfiques magiciennes auraient laissé place à un film fantôme.