Les deux grandes Catherine (Deneuve et Frot) face à face pour la première fois, dirigées par un spécialiste des portraits de femmes (Violette, Séraphine), le discret Martin Provost, bien sûr que l'on prend. Avec une certaine appréhension : que l'histoire de ces deux caractères opposées soit un fleuve plus ou moins tranquille vers une prévisible complicité. Il y aura des écueils, il y aura la vie et la menace de la mort, mais globalement, Sage femme est sans trop de surprises le film attendu, un brin convenu, un tantinet sentimental mélodramatique. Un accouchement sans couleur marqué par la confrontation de deux vies aux antipodes, quoique régies par le même désir de liberté, sans compromis ni compromissions. Le film vaut surtout par le jeu des deux actrices, Catherine Frot dans la raideur et Catherine Deneuve dans la flamboyance, deux partitions qu'elles maîtrisent à la perfection, la deuxième parvenant encore une fois à étonner par sa capacité à se régénérer et à se remettre en question. Olivier Gourmet, dans un rôle taillé sur mesure, est évidemment à l'unisson, humain comme seul un gros ours peut l'être. Sage femme, sage film, un peu terne, avec quelques lueurs parfois qui viennent briser la grisaille.