Découverte tardive de Sailor et Lula en salle obscure et grand plaisir de visionnage. J'imagine que tout a déjà été dit sur le film mais j'en retiens une volonté artistique forcenée de faire du cinéma, envers et contre toute logique formelle, quitte à ce que le montage soit déstructuré et que de nombreuses scènes discursives n'apportent rien à la trame principale, juste du kif intense et des souvenirs marquants qui justifient de voir le film (mon tiercé va à l'introduction, à l'exécution vaudou et au cousin Père Noël, mais en vrai tout est bien). J'ai parfois eu l'impression de voir du Jodorowsky punkisé. Lynch a eu raison de ne pas craindre l'excès en lâchant la bride à ses acteurs qui en font des caisses (Nicolas Cage bien entendu, mais aussi Diane Ladd en hystéro inquiétante) et qui participent ainsi de l'ambiance de conte romantique onirique shooté au magicien d'Oz.
La fougue amoureuse du couple phare est d'une puissance telle qu'elle fonce à travers la structure du film sans se soucier des conséquences, même si l'autre face de la passion qu'est la violence se matérialise régulièrement avec force (les 2 agressions sexuelles sont chacune d'un sordide mémorable). Et puis Willem Dafoe incarne Bobby Peru, point final de l'argumentaire en faveur de Sailor et Lula.